10 octobre 2004

Marche contre la peine de mort


L'actrice française Catherine Deneuve, le député européen Ari Vatanen, l'avocate Hawa Ibrahim et le chanteur Dan Bigras écoutent le discours de Bianca Jagger, au cours de la marche contre la peine de mort qui a eu lieu à Montréal hier après-midi.

Le 18 novembre, le mari de Dolores Pangilinen sera exécuté. Depuis 1994, il croupit dans une prison des Philippines. Ce père de deux enfants est accusé d'enlèvement et de rançonnement. Dolores implore le ciel que l'exécution de son mari soit reportée.

Hier après-midi, elle distribuait sans relâche des dépliants aux centaines de manifestants qui participaient à la marche clôturant le second Congrès mondial contre la peine de mort. Depuis 10 ans, elle vient en aide aux familles qui ont un proche dans les couloirs de la mort. «J'ai décidé de me battre», dit-elle avec aplomb, dans un anglais approximatif. Elle devait hausser le ton, car les cris des militants, ajoutés à la chanson The Hurricane, de Bob Dylan, projetée par des haut-parleurs, enterraient sa voix. Des manifestants traînaient des squelettes alors que d'autres avaient répondu à l'appel de se vêtir de noir. «C'est absurde de punir le meurtre par le meurtre», a indiqué Louise Fecteau, accompagnée de ses deux garçons.

Plusieurs personnalités publiques étaient présentes. L'actrice Catherine Deneuve, la militante Bianca Jagger, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, menaient la marche, ainsi que Dan Bigras, Claudette Carbonneau, de la CSN, et le sculpteur Armand Vaillancourt.

Les manifestants scandaient les noms des pays où la peine de mort est en vigueur, dont la Chine, l'Iran, le Tchad, et les États-Unis, fortement montrés du doigt par les intervenants. «La peine de mort dans un pays de vieille démocratie doit cesser», a indiqué Michel Taube, président de l'organisme Ensemble contre la peine de mort et l'un des organisateurs du congrès. «Le congrès avait lieu à Montréal, car la ville constitue une passerelle entre les États-Unis et la communauté internationale», a-t-il rappelé.

Dans son discours, Bianca Jagger a lancé un appel à nos voisins du Sud: «La peine de mort est biaisée, a-t-elle soutenu. En général, les gens qui sont dans les couloirs de la mort sont pauvres ou issus des minorités. En quoi cela peut-il être une application juste de la loi?» L'ambassadrice itinérante pour le Conseil de l'Europe a rappelé que la Cour suprême des États-Unis doit se prononcer, dans les prochains jours, sur la question de savoir si la peine de mort doit s'appliquer aux jeunes de moins de 18 ans.

De son côté, Gilles Duceppe a déploré que le Canada extrade des gens vers des pays qui imposent la peine de mort. Il compte intervenir en ce sens à la Chambre des communes, a-t-il souligné.

«Au Canada, il ne faut rien tenir pour acquis, a indiqué Me Lucie Joncas, vêtue de sa toge. Au Canada, la peine de mort n'est abolie que depuis 1976. Et en 1987, 148 députés de la Chambre des communes ont rejeté la proposition en faveur du rétablissement de la peine capitale, contre 127 députés», a signalé la vice-présidente de l'Association québécoise des avocats de la défense.

En mémoire des personnes exécutées, tous les manifestants se sont allongés sur le sol en fin de parcours, ce qui a mis fin officiellement au congrès.
La conférence préparatoire du troisième Congrès contre la peine de mort aura lieu à Istanbul, au mois de juin prochain.
La Presse

Aucun commentaire: