24 janvier 2005

Une guerre n’est pas nécessaire pour renverser les mollahs en Iran

Daily Telegraph
22 janvier 2005 - Editorial

Il peut y avoir un certain flou dans notre manière de traiter les affaires étrangères. A cause de leur proximité géographique et orthographique, nous avons tendance à amalgamer l’Iran et l’Irak.
Vous entendrez même dans la bouche des politiciens et des présentateurs de télévision le solécisme qualifiant les Iraniens d’Arabes. Ce sont des imprécisions de ce genre qui assombrissent le débat sur la réponse adéquate à apporter aux mollahs.
Il existe une ressemblance superficielle entre le duo de l'axe du mal. L'Iran de l'ayatollah Ali Khameneï, comme l'Irak de Saddam, est une tyrannie, qui réduit au silence son opposition et l'emprisonne.
Il a été lié à de nombreux attentats terroristes, aussi loin que Londres et Buenos Aires. Il a ordonné de monstrueuses violations des droits de l’homme dans le pays, y compris l’exécution d'adolescentes et des procès à grand spectacle de juifs.
Alors que ce que nous savions du programme d’armement irakien reposait sur des suppositions, nous avons des preuves concrètes comme quoi l’Iran se dote de la capacité nucléaire.

Il y a deux ans, l’Iran avait déployé des missiles balistiques Chahab 3, d'une portée de 1300 km. On a découvert en même temps qu’il enrichissait de l’uranium.

A ce rythme, l’Iran aura la bombe en 2008. Pourquoi, alors, le président Bush ne suit-il pas la même politique qu’il a menée avec l’Irak ? Parce que, au-dessus de ces simples ressemblances, les deux Etats sont très différents.

L’Irak était une création arbitraire, liant trois provinces ottomanes disparates. Tout au long de son histoire, il a perdu le sens de l’identité commune qui sous-tend le patriotisme civique. Ressentant peu de loyauté envers leur nation, les dirigeants irakiens successifs détenaient le pouvoir en récompensant des hommes de leur propre clan.

Les Iraniens, par contraste, ont une histoire qui remonte d'un trait aux Immortels qui suivirent le Grand Roi à Thermopyles. Ils ont une société pleinement évoluée, avec une classe moyenne éduquée.

Alors qu’il n’existe aucune chance de créer une démocratie qui fonctionne en Irak sans intervention directe, il y a des raisons d’espérer que, si l'occasion se présente, les Iraniens se débarrasseront de leur théocratie et rejoindront le monde moderne.

Comment peut-on catalyser une telle révolution ? De trois manières.

Premièrement, nous devons cesser nos négociations avec les mollahs. Les pays de l’UE, contrairement aux Américains ont suivi la politique de « l’engagement constructif » avec Téhéran, échangeant des visites d’Etat et y envoyant Jack Straw à plusieurs reprises. (Les Iraniens prennent la Grande-Bretagne très au sérieux, ils s’imaginent peut-être que nous sommes toujours la puissance que nous étions quand nous avons occupé leur pays en 1941.)

Cette politique est aujourd’hui en lambeaux, alors que les Iraniens sont en passe de terminer leur programme nucléaire.

Deuxièmement, nous devrions donner une assistance politique et financière aux dissidents à l’intérieur du pays.

Troisièmement, nous devrions soutenir le principal groupe d’opposition, les Modjahedines du peuple, que jusqu'à ces derniers temps, nous traitions d’organisation terroriste pour plaire à Khameneï.

Comme nous le rappelle leur prétendant en exil, l’héritier du chah Reza Pahlavi, les Iraniens ne nous demandent pas de soldats, simplement une sympathie active.

Donnez-leur les moyens, ils termineront le travail.

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