16 mai 2005

Iran: le procès Kazemi en appel bouclé en une heure

La cour d'appel téhéranaise chargée de rejuger le meurtrier présumé de la journaliste Zahra Kazemi a bouclé lundi sa première audience en une heure après avoir refusé d'entendre les avocats de la famille de la victime, a déclaré l'un de ces derniers.


Hommage à Zahra Kazemi le 8 août à Téhéran [© AFP]


TEHERAN (AFP) - Cette première audience s'est aussi tenue en l'absence de l'accusé, un agent des Renseignements, et des journalistes, expulsés du palais par les soldats. Elle pourrait être la seule si le juge décide de confirmer l'acquittement prononcé en première instance.

Les avocats de la famille ont commencé par contester la légitimité du tribunal "car les affaires de meurtres avec préméditation doivent être jugés par un tribunal à trois juges" et non pas à juge unique, a déclaré Me Mohammad Ali Dadkhah, membre de l'assocation d'avocats du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. "Nous avons demandé au juge de statuer sur la compétence de son tribunal pour que nous commencions à présenter notre plaidoirie, mais il a répondu qu'il en avait suffisamment entendu et a mis fin à l'audience", a rapporté Me Dadkhah.

"Le juge a affirmé qu'il se prononcera sur nos objections, cela pourra prendre une semaine" a déclaré l'avocat Mohammad Seifzadeh. "S'il accepte nos arguments, il y aura un nouveau procès, mais il peut aussi confirmer le jugement du premier tribunal", a-t-il ajouté. Le 24 juillet 2004, un tribunal de Téhéran a acquitté l'agent des renseignements accusé d'avoir donné un coup mortel à la tête de la journaliste alors qu'elle se trouvait à la prison d'Evine dans le nord de la capitale.

Zahra Kazemi, photojournaliste irano-canadienne arrêtée fin juin 2003 alors qu'elle prenait des photos devant la prison d'Evine, est morte en juillet de la même année d'une hémorragie cérébrale consécutive à des coups reçus en détention. La justice ultra-conservatrice et le ministère réformateur des Renseignements n'ont cessé de s'accuser mutuellement. Lors du procès de première instance, les avocats de la famille Kazemi ont pris la défense de l'accusé, mettant en cause un responsable de l'autorité judiciaire responsable selon eux d'avoir porté les coups mortels.

L'affaire a jeté une lumière crue sur certains agissements contre les prisonniers. Elle a aussi gravement détérioré les relations entre Téhéran et Ottawa, le Canada accusant l'Iran de cacher la vérité. Le 12 avril, la justice a rejeté les récentes demandes d'Ottawa pour que le corps de Zahra Kazemi soit envoyé au Canada pour de nouveaux examens médicaux.

Shirin Ebadi a demandé au chef de l'autorité judiciaire, l'ayatollah Mahmoud Hachémi Chahroudi, de "désigner un juge d'instruction spécial" pour enquêter. Elle a réclamé que ce magistrat "ne soit pas soumis à l'autorité de la justice de Téhéran", qui a fait arrêter Mme Kazemi.

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