29 juin 2005

Défaite des réformateurs en Iran

la Voix du Nord, 28 juin 2005
Depuis le QG du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) et des moudjahidines du peuple à Auvers-sur-Oise, Maryam Radjavi, «présidente de la république élue par la résistance iranienne» commente à sa façon les élections présidentielles dans son pays.

L’épouse de Massoud Radjavi, fondateur du CNRI, espère que le nouveau durcissement du régime en précipitera la chute, avec ou sans l’aide des Occidentaux…

– Comment expliquer cette défaite des réformateurs?
«Ce qu’on a appelé les réformes n’était qu’un cheminement de huit années faisant passer d’un fascisme religieux à un autre. Ceux qui ont soutenu Khatami lui ont donné à tort le nom de démocrate religieux. Vendredi, il y a eu un boycott massif des élections par la population iranienne. Des fraudes massives ont été rapportées par nombre de journalistes étrangers sur place. Le boycott est un «non» historique au régime des mollahs et un «oui » à des changements démocratiques en Iran. Les Iraniens ont démontré que rien ne les satisferait plus qu’un renversement de la dictature religieuse et le retour de la souveraineté populaire et de la liberté.»

– L’élection d’un «ultra» peut-elle accélérer ce renversement?
– «Nous pensons que cela va accélérer le processus. C’est un tournant incontestable et irréversible.»

– Avec l’aide des États-Unis?
– « Le mécontentement populaire et l’accentuation de la répression vont donner cette accélération. Bien sûr, les États-Unis et l’Europe pourraient, avec une politique de fermeté, aider le peuple iranien. Malheureusement, jusqu’à présent, par une politique de complaisance, ils n’ont fait que freiner et même faire obstacle. La domination totale que l’on observe aujourd’hui des clans les plus enragés du régime des mollahs est un résultat de cette politique de complaisance des Occidentaux à l’égard du régime. Cette politique était censée promouvoir les réformistes en Iran et elle a eu un résultat exactement contraire. Aujourd’hui, nous avons un membre des pasdarans (gardiens de la révolution) à la tête de l’exécutif. Voilà le résultat de cette politique dont la France a été un des meneurs. Aujourd’hui, la complaisance doit arrêter.»

–Faut-il craindre une escalade dans le programme nucléaire?
–«Comme le régime l’a déjà annoncé, ses activités nucléaires vont augmenter, ainsi que la répression à l’intérieur et l’exportation du terrorisme. Dimanche, Mahmoud Ahmadinejad a alerté les Européens en leur disant de «sortir de leur tour d’Ivoire» et de s’adapter à sa politique. Cela signifie qu’il attend davantage de concessions de ses interlocuteurs européens.»

–On accuse votre mouvement de dérive sectaire et de culte de la personnalité…
–«Là où l’étiquette de terrorisme accolée par les mollahs à notre mouvement s’est trouvée dans une impasse, faute de preuves, la campagne de diffamation s’est tournée vers le sectarisme. Pour quiconque connaît la définition d’une secte, les activités de notre mouvement n’ont rien à voir avec cela. D’abord parce que nous luttons pour une cause sociale. Ensuite parce qu’avec nos deux cents bureaux de représentation dans le monde, nous sommes un mouvement toujours ouvert aux journalistes, aux personnalités politiques, aux parlementaires. À notre rassemblement du 18 juin à Cergy, qui a réuni 20 000 Iraniens et leurs amis français, il y avait de nombreuses personnalités politiques parmi lesquelles Alain Vivien, qui a présidé la commission interministérielle de lutte contre les sectes. Son soutien sans équivoque était très significatif pour démonter que cette étiquette sectaire ne correspond pas du tout à notre mouvement.»–
Propos recueillispar Hervé FAVRE

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