15 juillet 2005

Séminaire parisien sur les élections en Iran

Ciret-Avt, Paris, 13 juillet
Une conférence-débat intitulée « Les élections en Iran et leurs conséquences dans le monde » a été organisée ce mardi 12 juillet 2005 à Paris, à l’initiative du « Centre International de Recherches et d’Etudes sur le Terrorisme & l’Aide aux Victimes du Terrorisme CIRET-AVT. »

Sous la présidence du préfet Yves Bonnet, ancien directeur de la DST et président du CIRET-AVT, des personnalités politiques, experts, parlementaires et représentants d’ONG sont intervenus pour débattre sur les différentes répercussions de l’arrivée au pouvoir d’un ultra conservateur à la tête de l’exécutif iranien.

Yves Bonnet a ouvert le débat en posant la question : « Est-ce que l’Iran en 26 ans a connu une évolution libérale ? » Après un rappel de la situation et de la politique suivie jusqu’à présent en Europe, il s’interroge sur la réalité au regard des faits et des chiffres. Selon lui, « au regard de la construction d’armes de destruction massive, de la violence intérieure, et de l’aide au terrorisme international, le gouvernement iranien n’a modifié ni la politique ni la méthode. » Il a ensuite présenté un sombre bilan des violations des droits de l’homme en Iran. Evoquant l’ingérence du régime de Téhéran en Irak, il estime que « l’Iran en matière de terrorisme n’a pas infléchi sa ligne de conduite. »

Il a notamment donné lecture d’un message de Maryam Radjavi, présidente de la République élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), soulignant que « l’arrivée au pouvoir d’un terroriste à Téhéran et les récents attentats criminels et terroristes à Londres signalent clairement que la menace principale pour le monde, comme l’affirme la Résistance iranienne depuis les années 1990, est bel et bien l’intégrisme islamiste et le terrorisme qui en découle. Le foyer de ce phénomène néfaste est le seul gouvernement qui le protège, c’est l’Iran des mollahs. … La solution n’est ni la complaisance, ni une intervention étrangère, le dilemme iranien ne peut se régler aujourd’hui que par un changement démocratique par les Iraniens et leur Résistance organisée. Ce changement pourra fermement contraindre l’intégrisme et le terrorisme au recul ».

Pour Edith Cresson, ancien Premier ministre français, « nous assistons aujourd’hui à la mainmise totale des extrémistes sur l’ensemble des leviers du pouvoir en Iran. Je pense que le moment est venu d’adopter une politique de fermeté à l’égard des ayatollahs dans ce pays. Il faut considérer que l’arrêt total du programme d’enrichissement d’uranium est une ligne rouge dans les négociations avec Téhéran qu’il ne faut pas transgresser. Toute concession dans ce domaine aura des conséquences catastrophiques.
La politique de l’Union européenne n’a abouti à aucun des objectifs souhaités. Il est temps pour l’UE d’adopter une politique plus ferme vis-à-vis de l’Iran.
J’ai rencontré Maryam Radjavi. J’estime que ses efforts et ceux du CNRI méritent notre soutien. Nous devons écouter avec attention ce qui est dit par cette résistance. La France devrait se placer aux côtés des Iraniens et soutenir un changement démocratique en Iran.»

Le Sénateur Jean-Pierre Michel a estimé que « la France devrait saisir le conseil de sécurité de l’ONU car l’Iran des mollahs constitue une menace sérieuse pour l’ensemble du monde. Les gouvernements devraient enfin entendre la voix de la raison et de la sagesse en cessant la politique de complaisance. Notre devoir de parlementaire, c’est de faire pression sur notre gouvernement pour changer de cap sur le plan européen et international en saisissant le conseil de sécurité et ceci va de pair avec le soutien à ceux qui résistent. Pour le peuple iranien, nous devons nous battre pour qu’il y ait enfin un régime de paix et de démocratie en Iran. »

Mogens Camre, eurodéputé danois, a comparé l’engagement de l’Union européenne vis-à-vis de l’Iran pour maintenir l’étiquette de terroriste contre les Moudjahidine du peuple pour obtenir la coopération nucléaire de Téhéran, avec l’initiative de Chamberlain en 1938 pour apaiser Hitler. Il a notamment appelé l’Union européenne à changer de politique vis-à-vis de l’Iran et à rayer le nom de l’OMPI de la liste noire de l’UE, car cette désignation n’a aucun fondement légal.

Le Dr. Saleh Radjavi, représentant du CNRI en France, a souligné que ce qui s’est passé en Iran était une mise en scène électorale organisée pour parachever la mainmise des tendances les plus extrémistes du régime sur l’ensemble des leviers du pouvoir. Bien que l’existence d’une autre faction au sein de ce régime lui était bénéfique sur le plan international, Khameneï s’est trouvé obligé d’effectuer cette opération chirurgicale, compte tenu de l’impasse politique de la théocratie. Le soutien total de Khameneï à Ahmadinejad appuyé par les pasdaran et la milice du Bassidj est un choix stratégique pour faire barrage à tout processus d’ouverture. Le régime en sortira naturellement plus replié sur lui-même, il accentuera la répression intérieure et son soutien aux groupes intégristes du Moyen-Orient. De même, il augmentera son ingérence en Irak et redoublera d’efforts pour acquérir l’arme atomique.

Le Pr. Ali-Reza Assar, ancien chercheur du projet nucléaire au ministère iranien de la défense, a déclaré : « Au cours des années 1985-88, j’entretenais des contacts étroits, en tant que conseiller scientifique, avec des établissements militaires en Iran et en particulier avec le haut commandement des gardiens de la révolution. Au moins à deux occasions j’ai rencontré secrètement les plus hautes autorités militaires et nous avons discuté d’un projet nucléaire secret. Le coût initial d’un tel projet, selon nos estimations, se montait à 800 millions de dollars. »

Les députés Gérard Charasse et Marc Reymann, des personnalités comme François Colcombet, ancien député, Yves-Jean Gallas, vice-président du mouvement de la Paix, M. Manouchehr Fakhimi, expert iranien en géophysique, Ali Safavi, de la commission des affaires étrangères du CNRI ont également pris la parole durant cette conférence.

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