12 novembre 2015

La peine de mort en Iran, rappel gênant pour les commerçants sans éthiques


Architecte franco-iranienne, présidente de l'Association des Femmes Iraniennes en France
 
LE HUFFINGTON POST - La Journée internationale contre la peine de mort, le 10 octobre, nous a rappelé en ce 21e siècle que certains pays tuent encore leurs citoyens. Parmi ces pays, le régime iranien, premier "Etat islamique" du temps moderne "brille" par son bilan accablant. Un système macabre qui continue à exécuter des milliers d'Iraniens depuis 36 ans.
 
Du massacre des prisonniers politiques en l'espace de quatre mois à l'été 1988 aux pendaisons publiques, celles des mineurs et des femmes. Avant ce régime, au fil de sa longue histoire, l'Iran avait rarement vu des femmes en tchador noir pendues en plein ville à des grues. Ces horribles images devaient et doivent révolter les consciences. Après toutes ces années, faire semblant de croire qu'il peut y avoir un zeste de modération dans ce régime, n'est que pure duperie.
 
Près de 2000 exécutions sont dénombrées depuis l'arrivée à la présidence de la république de Hassan Rohani, désigné par certains comme un "conservateur modéré". Selon un rapport du Comité de Soutien aux Droits de l'Homme en Iran, la grande majorité de ces 2000 peines capitales sont effectuées au petit matin dans l'enceinte des prisons du pays. Parmi ces mises à mort, 125 étaient en public, 17 concernaient des jeunes et mineurs au moment des faits, 37 étaient des exécutions politiques et 56 femmes pendues dont la jeune Reyhaneh Jabbari, 26 ans, pour s'être défendue contre un agent du ministère du Renseignement qui voulait la violer. La campagne internationale pour empêcher cette dernière pendaison n'a malheureusement pas dissuadé les mollahs.
 
Selon Amnesty International, 694 personnes auraient été condamnées à mort en Iran entre le 1er janvier et le 15 juillet 2015 soit trois prisonniers par jour. Amnesty International précise par ailleurs que: "Si les autorités iraniennes continuent sur leur lancée, il est probable que plus d'un millier de condamnés seront mis à mort d'ici à la fin de l'année."
 
Dans le nouveau rapport présenté en septembre au Conseil des droits de l'Homme, le secrétaire général des Nations Unies annonce que depuis le rapport précédent sur l'Iran, "l'application de la peine de mort, y compris en matière d'infractions et les exécutions liées à la drogue en public, s'est poursuivi à un rythme alarmant". Ban Ki-moon poursuit: "Les exécutions ont marqué une tendance continuelle à augmenter en nombre de 2008 à 2015, plafonnant à 750 au moins en 2014. Au moins 520 personnes ont été exécutées durant le premier semestre de 2015, dont 384 pour délit lié à la drogue."
 
La république islamique d'Iran détient ainsi le record mondial du nombre des exécutions par tête d'habitant. Plus discrète, c'est la mise à mort progressive de nombreux détenus politiques et des prisonniers d'opinion dans les sinistres geôles du pays. Les autorités les privent des soins médicaux.
 L'état de la santé physique et parfois psychique des détenues Atena Daemi, Narguess Mohammadi, Zeinab Jalalian, Atena Fargdani... est très critique et malgré l'insistance de leurs familles, elles ne reçoivent pas de soins nécessaires, ni dans la prison ni dans un hôpital à l'extérieur.
 
Shahrokh Zamani, syndicaliste emprisonné accusé "d'activités contre le régime", a été retrouvé mort le 13 septembre dans son lit par ses compagnons de cellule portant des traces de coups à la tête et du sang dans la bouche.
 
L'accord sur le nucléaire iranien est presque achevé. Si la communauté internationale et l'Occident en particulier se sentent soulagés, soit. Mais il est urgent de s'occuper des droits des Iraniens. Un appel en ce sens vient d'être lancé pour réclamer la fin des exécutions.
 
Il est grand temps que les grands de ce monde, les responsables des pays démocratiques et les diplomates exigent de la république islamique d'Iran: d'abolir à jamais la peine de mort, de libérer tous les détenus politiques et les prisonniers d'opinion, d'accorder la liberté vestimentaire, de culte et d'expression, d'abolir la censure, d'accorder l'égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines.
 
Sans ces changements, les échanges avec ce régime ne contribueront qu'à encourager les mollahs à multiplier davantage les cas de violation des droits de l'Homme au détriment de la population iranienne.