04 mars 2016

Elections 2016 en Iran : ouverture vers le monde ?

Qui va ouvrir l’Iran vers le monde ?

Simin NOURI de l’ Association des femmes iraniennes en France nous dévoile les coulisses d’une dictature misogyne. Exclusivité pour le magazine Women Side.

« L’ouverture de l’Iran vers le monde » entend-t-on dans les médias à cette période d’une double élection.
Près de 54 millions d’électeurs ont été appelés le vendredi 26 février à élire les 290 députés du parlement et en même temps les 88 membres de l’Assemblée des Experts, chargée de désigner le successeur du tout puissant Guide suprême du pays après sa mort. L’âge élevé et la maladie de l’actuel Guide, Ali Khamenei, 76 ans, rend cette dernière élection encore plus importante.
Loin d’être des élections démocratiques à l’occidentale, il s’agit de sélectionner des candidats les plus fidèles à la théocratie qui prêtent allégeance au principe de la suprématie du Guide, un religieux au-dessus de tout et qui décide pour tout. Il s’agit en effet d’un pseudo-scrutin pour permettre au régime mal aimée et contestée des mollahs de continuer à vanter sa« légitimité ».
Sept ans après et la répression sanglante qui a suivi une élection présidentielle frauduleuse en 2009, les quelques 12000 dépôts de candidatures à ces élections ont été filtrés massivement en amont par, le Conseil des Gardiens, composé de 6 religieux et 6 juristes tous désignés directement ou indirectement par le Guide, ce Conseil a omis d’un revers de main toutes les femmes candidates à l’Assemblée des Expert. De ce fait, parmi près de 40 millions Iraniennes qui compose la moitié de la population du pays, aucune ne participera à la désignation du futur Guide suprême qui règnera sur le destin du pays.

C’est cette vision horror feminae de la théocratie au pouvoir depuis 37 ans qui a dépourvue l’Iranienne de ses droits fondamentaux et continue à la considérer comme une citoyenne du second rang.
Rappelons que la femme en Iran des mollahs ne peut : être élue présidente de la République, être juge, travailler ou voyager sans autorisation du père ou du mari, pratiquer certains sports en public, assister à des compétitions sportives dans des stades, chanter en solo, chanter devant un public mixte, étudier 70 matières à l’université,…
Elle est soumise à un code vestimentaire strict et contrôlée dans la rue, en voiture et au travail pour son apparence.Toutes les contrevenantes subissent des châtiments, amendes et privations.

Tant que cet arsenal législatif misogyne et liberticide reste en place, la société iranienne ne peut s’ouvrir. La moindre réforme dans ces lois en vigueur va ébranler les fondements du régime islamiste des mollahs.
Résumer la scène politique de l’Iran en un simple affrontement entre les conservateurs et réformateurs est une analyse erronée. L’apparition occasionnelle de tel ou tel personnage « modéré » issu du système ou la présence de quelques femmes au parlement ne peuvent plus duper la population désillusionnée depuis longtemps. Dans le cas très peu probable où ces « politiciens pragmatiques » oseraient réformer ou toucher aux lois de la charia, ils seront balayés en même temps que ce premier vrai « Etat islamiste » de l’histoire contemporaine.
Le chômage de masse, en particulier chez les femmes – mêmes les plus diplômées des domaines scientifiques-, la pauvreté grandissante de la population dans ce grand et riche pays et l’absence de liberté menacent la théocratie extrêmement répressive au pouvoir en Iran. Une grande partie d’immenses recettes pétrolières du pays a été durant les quinze dernières années dépensée pour son programme nucléaire et son soutien aux régimes irakien et syrien en crise, ainsi qu’aux groupes terroristes et miliciens chiites un peu partout dans la région.

L’ouverture de l’Iran vers le monde ne se fera qu’en ouvrant la société, en mettant surtout fin à la violation quotidienne des droits humains les plus élémentaires et en acceptant les règles du jeu internationalement reconnues et non en opposant les lois éternelles de la charia à toute contestation. Signataire de nombreuses conventions des Nations Unies, le régime iranien continue à exécuter des femmes et des mineurs, emprisonner et torturer des opposants, réprimer la liberté d’expression, censurer des artistes,…

L’expérience historique l’a montré : dans de telles impasses, le changement viendra des forces vives de la société, des femmes et de la jeunesse soutenues par la Résistance iranienne dirigée par une femme, Maryam Radjavi dont le programme politique et sociale en 10 points* pourra façonner les fondements d’une vraie démocratie pour l’Iran de demain. »