26 avril 2016

7000 agents « secrets » contre les « mal-voilées » à Téhéran

Comme s’il n’y avait pas suffisamment d’organes de répression créés et financés depuis 37 ans par le régime khomeyniste au pouvoir en Iran, Hossein Sadjedinia, chef des forces de l’ordre de grand Téhéran, a annoncé le dimanche 17 avril, que 7000 agents « non perceptibles » seront lâchés dans la capitale pour surveiller l’apparence des femmes et des jeunes filles. Ils seront chargés de veiller sur la « sécurité morale » de la société, a-t-il expliqué.
Quelques voix discordantes se sont levées même de l’intérieur du régime, craignant encore plus de mécontentement chez la population.

Dans un texte publié par les médias officiels, Shahindokht Mollahverdi, ajointe de Rohani pour les affaires de femmes et familles, a écrit : « Le comment de la mise en œuvre de ce plan et ses conséquences paraissent ambigus aux yeux des gens. Une vague d’inquiétude et d’insécurité a envahi la société et les familles… On craint que des avertissements sur les tenues [des femmes], amèneraient plus de problèmes». L’inquiétude du gouvernement se limite donc aux conséquences sécuritaires des interpellations. Ces derniers temps les affrontements entre citoyens d’un côté et policiers et miliciens de l’autre se sont multipliés au moment des interpellations d’Iraniennes sur les voie publiques.

Mais lors des prières de vendredi 22 avril à Téhéran et à Machhad, les mollahs Ali Movahedi-Kermani et Ahmad Alamolhoda (représentant d’Ali Khamnei à Machhad) ont loué l’initiative des forces de l’ordre de Téhéran rappelant que : « la sécurité de la société repose sur le hijab ».
C’est quand même hallucinant de voir qu’après près de 37 ans de règne absolue des religieux intégristes et, malgré de châtiments divers et variés contre les « mal-voilées », ce régime se voit toujours obligé d’avoir recours à tant d’agents pour espionner les femmes et imposer le code vestimentaire .
Une grande majorité de ces femmes et jeunes filles sont nées et ont été éduquées dans des écoles et universités de ce régime. Mais, elles rejettent le code vestimentaire imposé et manifestent leurs immense désir de liberté en s’habillant « hors normes des mollahs ».
A celles et ceux qui, pour blanchir les mollahs, affirment que les femmes d’Iran « souhaitent » porter ce code vestimentaire, il faut leur demander pourquoi les autorités dépensent tellement d’argents et d’énergie pour contrôler les femmes ?

Les théocrates intégristes de l’Iran prennent ainsi le risque de la confrontation avec une population qui, outre le chômage, la pauvreté, la fracture sociale, la corruption, la toxicomanie et la prostitution, voit son espace vital se rétrécir de jour en jour.
Attention ! La confrontation finale peut bruler le code vestimentaire des mollahs : la robe et le turban.

Paris, le 26 avril 2016