28 mai 2016

L'Iran d'Hassan Rohani, cet Etat qui exécute ses citoyennes

Par :Simin Nouri
Architecte franco-iranienne, présidente de l'Association des Femmes Iraniennes en France

LE HUFFINGTON POST, 27 mai 2016 : La photo inédite de l'Iranienne Zeinab Tchamani parue récemment sur Facebook ravive la colère des défenseurs des droits. Contrainte d'avouer, sous la torture, le meurtre "prémédité" de son conjoint, la jeune femme de 27 ans a été pendue le 25 avril en Iran.

L'autre suppliciée, Ameneh Rezaian, 43 ans, accusée d'un délit relatif aux drogues, a été exécutée dans la matinée du 14 avril à Kashmar. Le même jour, deux autres femmes étaient livrées à la potence à Birjand au nord-est de l'Iran.

Le silence de hauts responsables politiques européens en visite diplomatique

Ces actes inhumains ont eu lieu lors des visites éclairs et "diplomatiques" en Iran de hauts responsables politiques européens, le premier ministre italien Mateo Renzi, Federica Mogherini chef de la diplomatie européenne et Christine Defraigne présidente du Sénat belge. Aucun de ces éminents visiteurs n'a jugé bon de dire ne serait-ce que quelques mots sur cette barbarie. En regardant les photos de ces deux femmes politiques européennes voilées et main sur la poitrine à l'occasion de leur rencontre avec le président enturbanné du régime islamiste de l'Iran, on comprend mieux pourquoi "l'Europe est en train de perdre son âme". C'est idem quand aucun dignitaire européen ne juge utile de dénoncer les conditions des femmes dans cette théocratie misogyne face à son représentant Djavad Zarif qui a pour tâche ignoble de mener une diplomatie d'anesthésie des consciences.

En ce qui concerne les identités des personnes exécutées et les circonstances de leurs condamnations, les médias de l'Etat iranien sont très avares.

Le mérite va aux militants des droits humains aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Iran. C'est grâce à celles et à ceux qui collectent des renseignements, piochent dans les médias locaux, s'informent auprès des prisonniers et des familles des victimes, vérifient les sources et réactivent leurs contacts à l'intérieur du pays malgré les risques évidents encourus dans une dictature religieuse, qu'on peut trouver des informations fiables.

Aucun autre état au monde n'exécute autant ses citoyennes

Selon ces renseignements vérifiables, parmi près de 2500 exécutions en Iran sous la présidence du "modéré" Hassan Rohani, 68 femmes ont été mises à mort pour des chefs d'accusation allant de la détention et du trafic de stupéfiants à la complicité d'homicide en passant par l'adultère et la prostitution. Sous les mollahs, des dizaines de milliers de femmes et de jeunes filles ont été exécutés pour des motifs politiques. Aucun autre Etat au monde n'exécute autant ses citoyennes.

La dictature religieuse exerce une "parité" exemplaire dans le domaine pénal. Cela a donné lieu le 27 avril dernier à une scène inouïe sous un régime théocratique qui fait tout pour camoufler la gent féminine: une détenue, incarcérée depuis plus de 4 ans, a reçu 100 coups de fouet en public à Golpaygan, non loin d'Ispahan, destination touristique par excellence de l'Iran.

La misogynie domine le régime du guide suprême à l'ère d'Hassan Rohani, comme avant lui, et les Iraniennes savent très bien de quelle manière elles obtiendront tôt ou tard leurs droits fondamentaux.