Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE
Nécessité urgente d'une action mondiale immédiate contre la peine de mort
en Iran
Plus de 100 personnes exécutées en l'espace de 3 mois pour des infractions à la législation sur les stupéfiants
CHRI, 16 avril 2025
Des centaines d'hommes et de femmes sont exécutés illégalement en Iran chaque année - secrètement, sans relâche et sans procès équitable - pour de prétendues infractions à la législation sur les stupéfiants, dans le cadre de procédures judiciaires qui violent toutes les lois et toutes les normes relatives à la peine capitale.
Au cours des trois premiers mois de 2025, au moins 106 personnes ont été exécutées pour des délits liés à la drogue, ce qui représente 46 % de l'ensemble des exécutions de cette année, qui ont connu une hausse généralisée en Iran. Les chiffres sont probablement plus élevés, car seules 11 des 230 exécutions de cette année ont été annoncées par des sources officielles. Au cours des 15 premiers jours d'avril, au moins 24 personnes ont été exécutées pour des délits liés à la drogue, soit une moyenne de près de deux exécutions par jour.
Prisonnières politiques, privées de visites et d'appels téléphoniques
iranhrs.org, 17 avril 2025
Un groupe de prisonnières politiques du quartier des femmes de la prison d'Evin, dont deux condamnées à mort, sont une fois de plus privées de leurs droits fondamentaux.
Selon des sources informées, neuf prisonnières politiques, dont Varisha Moradi et Pakhshan Azizi, n'ont pas le droit de rendre visite à leurs familles et à leurs avocats. En outre, deux autres prisonniers ont également perdu le droit de passer des appels téléphoniques à leurs familles.
Ces prisonniers avaient déjà été privés de visites au cours de l'été de cette année en raison de leurs protestations contre les condamnations à mort. Après l'annonce de la levée de cette interdiction, elles ont de nouveau été privées de visites à leurs familles à partir du 13 janvier.
Précédemment, à la suite de deux mouvements de protestation et de sit-in organisés par le quartier des femmes de la prison d'Evin les 2 et 16 août 2024 pour protester contre la condamnation à mort de Pakhshan Azizi et l'exécution de Reza Rasaei, 17 prisonnières politiques de la prison d'Evin ont été condamnées à ne plus recevoir d'appels téléphoniques ni de visites en personne pendant une période allant d'un à trois mois.
La résistance des femmes iraniennes : Un appel mondial à la solidarité
wncri.org, 17 avril 2025
Un appel mondial à la solidarité
Dans une puissante déclaration d’unité, 651 femmes éminentes, dont des anciennes chefs d’État, des ministres, des juristes et des défenseuses des droits de l’homme de plus de 80 pays, ont exprimé leur soutien indéfectible aux femmes iraniennes.
Cette déclaration, remise à Mme Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, lors d’un événement majeur organisé à l’occasion de la Journée internationale de la femme 2025, appelle à une action mondiale contre la loi oppressive du régime iranien sur la chasteté et le hijab.
Le monde entier se rallie aux courageuses femmes iraniennes qui, depuis des décennies, mènent la lutte contre la dictature, l’injustice et la répression fondée sur le sexe. Leur slogan - "Non au voile obligatoire, non à la religion obligatoire et non au gouvernement obligatoire" - résonne plus fort que jamais...
Une nouvelle fuite audio apporte des preuves supplémentaires du massacre de 1988 en Iran
IRAN HRM, 17 avril 2025
Un enregistrement audio récemment révélé par la BBC Persane le mardi 14 avril 2025, contenant une conversation entre Hossein-Ali Montazeri et des membres du groupe de décision sur les exécutions de l'été 1988, apporte de nouvelles preuves sur le massacre des prisonniers politiques cette année-là.
Cet enregistrement audio, d'une durée d'environ 27 minutes, montre la 2ème réunion entre Hossein-Ali Montazeri, alors vice-chef suprême de la République islamique, et trois membres du "Comité de la mort".
Montazeri, lors de cette séance tenue à sa résidence de Qom le 30 décembre 1988, s'entretient avec trois hauts responsables judiciaires de l'époque : Hosseinali Nayyeri (juge religieux), Morteza Eshraqi (procureur de Téhéran) et Ebrahim Raisi (procureur adjoint).
L'enregistrement nouvellement publié, qui ne comprend qu'une partie de la deuxième réunion de Montazeri avec le Comité de la mort, met en lumière d'autres aspects du génocide de l'Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI) et des exécutions d'autres groupes politiques sur ordre de Khomeini.
Dans cet enregistrement, Montazeri attribue explicitement à Ahmad Khomeini et au ministère du Renseignement la responsabilité du massacre des prisonniers politiques, rappelant à Ahmad Khomeini : "Vous m'avez dit vous-même que ces Monafeqin - 10 000 d'entre eux qui ne font que lire des tracts - devraient tous être exécutés"...
Transfert forcé de prisonniers politiques condamnés à mort en Iran
CSDHI, 17 avril 2025
Le mercredi 16 avril, les autorités pénitentiaires ont tenté de transférer des prisonniers politiques condamnés à mort de la prison d’Evin à la prison de Ghezel Hesar à Karaj. Face à l’opposition des prisonniers des tensions et des troubles ont éclaté dans le quartier 4 d’Evin, des gardiens de prison sont entrés dans le quartier et ont réprimé les manifestations en usant de la force contre les détenus.
Les cinq condamnés à mort - Akbar Daneshvarkar, Mohammad Taghavi, Babak Alipour, Pouya Ghobadi Bistouni et Vahid Bani Amerian - se sont vu refuser, depuis hier, l’accès aux appels téléphoniques avec leurs familles par ordre des autorités pénitentiaires. Ils avaient été condamnées à mort par le juge Iman Afshari pour affiliation à l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI).
Mai Sato a réagi sur X : "La communauté internationale ne doit pas rester silencieuse"
«Très préoccupé par les informations faisant état du transfert forcé de cinq prisonniers politiques du quartier 4 de la prison d'Evin vers la prison de Qezel Hesar. Tous les cinq sont dans le couloir de la mort.
Dans mon dernier rapport au CDH, j'ai tiré la sonnette d'alarme sur les conditions de détention à la prison d'Evin. Je reste préoccupé par les informations faisant état d'une situation instable dans la prison suite aux transferts de prisonniers, créant un environnement dangereux.
Le coût des exécutions va bien au-delà des personnes exécutées : il dévaste les familles, traumatise les codétenus, affecte le personnel pénitentiaire et crée des cycles d'angoisse au sein des communautés. Le coût émotionnel est incommensurable.
Ces cas mettent en lumière les préoccupations persistantes concernant le recours à la peine de mort en République islamique d'Iran. Je suivrai la situation de près.»
Une femme très pauvre pendue à la prison de Qazvin
iranhrs.org/wncri.org, 19 avril 2025
Le 15 avril 2025, Marziyeh Esmaeili, 39 ans et mère d’une petite fille, a été exécutée à la prison centrale de Qazvin sur la base d’accusations liées à la drogue.
Elle avait été condamnée pour avoir transporté 600 grammes de stupéfiants – un acte désespéré commis en échange de seulement 10 millions de tomans (environ 150 dollars).
Vivant dans une extrême pauvreté sans soutien financier ou social, elle avait accepté de transporter la drogue par extrême nécessité. Après son arrestation, elle s’est vu refuser l’accès à une représentation juridique, car elle n’avait pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat. Sans famille pour la réclamer, son corps a été remis le lendemain, 16 avril, à sa fille adoptive, Soda, la seule personne qui lui restait. Les détails concernant son enterrement et l’emplacement de sa tombe restent inconnus.
L'exécution de Marziyeh Esmaeili porte à 12 le nombre de femmes mises à mort en Iran depuis le début de l'année 2025.
Hommage à Paris aux martyrs des exécutions politiques par le régime du Chah d’Iran
AFIF, 20 avril 2025
Un rassemblement émouvant a été organisé par les sympathisants de la Résistance iranienne le samedi 19 avril place Colette en souvenir de la mémoire des membres de l’OMPI et des Fédayins du Peuple assassinés par le régime du Chah.
Cet anniversaire, connu en Iran sous le nom de "30 farvardin", commémore deux des moments les plus marquants et les plus brutaux de l’histoire politique moderne de l’Iran. Le 19 avril 1972, quatre dirigeants de l’OMP ont été fusillés après des mois de torture. Trois ans plus tard, le 18 avril 1975, neuf prisonniers politiques, dont deux dirigeants de l’OMPI et sept membres de l’Organisation des guérilleros fedaïs du peuple iranien, ont été sortis de leurs cellules et abattus sur les collines d’Evin (nord de Téhéran) lors d’une opération secrète ordonnée par la SAVAK. Le régime du Chah affirma plus tard que ces prisonniers avaient été tués en s’évadant.
Exécution secrète de Hamid Hosseinnezhad Heydaranlou à la prison d’Oroumieh
iranhrs.org/Kurdpa, 21 et 22 avril 2025
La famille du prisonnier politique exécuté, Hamid Hosseinnezhad Heydaranlou, a organisé un sit-in pendant 6 jours consécutifs devant la prison centrale d’Oroumieh pour exiger des éclaircissements sur ce qui s’est passé. Ce père de trois enfants a été pendu secrètement et sans informer la famille dans la prison d’Oroumieh. L'agence de presse officielle Fars a publié la nouvelle de cette exécution dans les dernières heures du lundi 1er avril, citant des sources fiables dans la province de l'Azerbaïdjan occidental. Fars n'a pas précisé l'heure et le lieu de l'exécution. Aucune explication n’a été donnée à sa famille...
Quatre prisonniers dont une femme, Marjan Sabzi, exécutés à Ispahan
A l’aube de ce lundi, les condamnations à mort de quatre prisonniers précédemment condamnés pour des affaires de drogue ont été exécutées dans la prison de Dastgerd à Ispahan.
L'identité de la 4ème personne exécutée est confirmée étant Marjan Sabzi.
Agée d’une cinquantaine d’années, Marjan Sabzi avait déjà été arrêtée pour des accusations liées à la drogue et avait ensuite été condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire pour les mêmes accusations.
Trois autres détenus ont été exécutés le même jour à Ahvaz.
L'exécution de Marjan Sabzi porte à 13 le nombre de femmes mises à mort en Iran depuis le début de l'année 2025.
Explosions dévastatrices à Bandar Abbas au sud de l’Iran
Agences de pesse internationales/ Sources internes, 28 et 29 avril 2025
L’ampleur des dégâts causés par 3 explosions gigantesques et meurtrières les samedi 26 et dimanche 27 avril 2025 sur le quai Rajaï à Bandar Abbas a, selon les dernières estimations, a fait au moins 70 morts, de centaines de disparus et plus de 1200 blessés parmi les ouvriers et employés avec un nombre importante de femmes parmi les victimes.
La déflagration, entendue à plusieurs dizaines de kilomètres, a provoqué une onde de choc, endommageant de nombreux bâtiments et provoquant des accidents de la route...
Les familles et collègues des victimes dénoncent le silence des autorités ainsi que la fermeture du port, qui laissent les proches dans l’angoisse et l’incertitude, cherchant désespérément leurs proches.
Le directeur général de la société Sina, spécialisée dans le développement des services maritimes et portuaires, dont le port de Rajaï, a déclaré que cet incident s’est produit à la suite d’une fausse déclaration concernant les marchandises importées. Les cargaisons "extrêmement dangereuses" qui ont explosé avaient été introduites et stockées dans le port sous l’étiquette de "marchandises ordinaires". (tabnak.ir)
Selon plusieurs rapports, notamment la société spécialisée en risques maritimes Ambrey, le port avait reçu en mars du carburant pour missiles balistiques. Deux navires en provenance de Chine auraient livré du perchlorate de sodium. Les conteneurs ayant explosé contenaient du perchlorate de sodium, une substance utilisée exclusivement à des fins militaires, notamment comme carburant solide pour les missiles balistiques.
Communiqué d’AFIF
« Nous exprimons notre profonde solidarité avec les familles des victimes de l’explosion survenue à Bandar Abbas, le principal port commercial d’Iran.
Selon plusieurs sources indépendantes et des rapports de terrain, cette tragédie a coûté la vie à bien plus de personnes que ce que les autorités annoncent officiellement. Cette dissimulation s’inscrit dans un schéma bien connu de gestion opaque des crises et de mépris pour la vie humaine. Cette tragédie est le résultat direct d’une gouvernance marquée par l’incompétence, la corruption, et une priorité constante accordée aux intérêts militaires et sécuritaires, au détriment de la sécurité des travailleurs et de la population civile. Le régime iranien porte une lourde responsabilité dans cette catastrophe, qui illustre une fois de plus son mépris pour les droits fondamentaux, notamment ceux des travailleurs.
Nous appelons la communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et les syndicats à exiger toute la lumière sur cet événement et à soutenir les victimes et leurs familles dans leur quête de vérité et de justice. »
"NON aux exécutions en Iran"
La 66e semaine de la grève de la faim des prisonniers dans 41 prisons en Iran
AFIF, 30 avril 2025
La 66e semaine de la campagne "Les mardis sans exécutions " a eu lieu le mardi 29 avril dans 41 prisons iraniennes.
Dans leur déclaration de ce mardi, les prisonniers en grève ont exprimé leur solidarité avec les victimes de l’explosion meurtrière survenue à Bandar Abbas, tout en désignant le gouvernement ainsi que le Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans) comme les principaux responsables de cette tragédie.
La déclaration affirme notamment :
« Nous espérons que les “Mardis sans exécutions” deviendront une revendication partagée par l’ensemble de la population et que, comme par le passé, le cri de “Non à l’exécution” résonnera dans toutes les manifestations.
La grève de la faim pour la 66e semaine consécutive a été respectée dans les 41 prisons suivantes :
Prison d’Evin (quartier des femmes, quartiers 4 et 8), prison de Qezel-Hesar (unités 3 et 4), prison centrale de Karaj, prison du Grand Téhéran, prison de Khorrin Varamin, prison de Choobindar Qazvin, prison d’Arak, prison de Khorramabad, prison d’Asadabad Ispahan, prison de Dastgerd Faishan, prison de Sheyban à Ahvaz, Prison de Sepidar à Ahvaz, prison de Nezam à Chiraz, prison d’Adelabad à Chiraz , prison de Zahedan (quartier des femmes), prison de Borazjan, prison de Ramhormoz, prison de Behbahan, prison de Bam, prison de Kahnooj, prison de Tabas, prison de Machhad, prison de Gonbad-e Kavus, Prison de Qaemshahr, Prison de Rasht, prison de Roodsar, Prison d’Haviq Talesh, Prison d’Azbarom Lahijan , Prison de Dizel Abad Kermanchah, Prison d’Ardabil, Prison de Tabriz, Prison d’Oroumieh, Prison de Salmas, prison de Khoy, Prison de Naqadeh, Prison de Miandoab, Prison de Saqqez, Prison de Baneh, Prison de Marivan, Prison de Kamyaran et Prison de Sanandaj.
Rapport d’Amnesty International
La situation des droits humains dans le monde- Edition avril 2025
République islamique d’Iran (pages 254 -260, version française)
« Cette année, les autorités ont réprimé encore davantage les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Les femmes et les filles, les personnes LGBTI et les membres de minorités ethniques ou religieuses étaient victimes de discrimination et de violences systémiques. Les autorités ont intensifié la répression à l’encontre des femmes qui bravaient les lois imposant le port du voile, de la communauté bahaïe et des personnes réfugiées ou migrantes d’Afghanistan. Des milliers de personnes ont été détenues arbitrairement, interrogées, harcelées et/ou injustement poursuivies en justice pour avoir exercé leurs droits humains. Les procès demeuraient invariablement inéquitables. Les disparitions forcées, la torture et les autres formes de mauvais traitements étaient généralisées et systématiques. Des châtiments cruels et inhumains, notamment des flagellations et des amputations, ont été infligés. La peine de mort était appliquée arbitrairement et visait de manière disproportionnée les minorités ethniques et les personnes migrantes. L’impunité concernant les crimes de droit international passés et présents était systémique, en particulier pour les crimes contre l’humanité relatifs aux massacres commis dans les prisons en 1988… »
Conclusion
Le comportement national et international de l’Iran en 2024 reflète un État qui approfondit sa répression, méprise le droit international en matière de droits de l’homme et utilise la violence et la surveillance pour étouffer l’opposition. En raison de l’impunité généralisée et de l’hostilité institutionnelle à l’égard des femmes, des minorités et des dissidents, la voie à suivre reste périlleuse pour les millions de personnes soumises au régime. Le rapport d’Amnesty demande à la communauté internationale de continuer à exercer des pressions et à rendre des comptes afin de mettre un terme à la crise des droits humains qui sévit en Iran.