15 avril 2020

Coronavirus en Iran : fanatisme et mensonges d’Etat


Alors que la censure, les mensonges et l’incompétence des responsables sont décriés sur les réseaux sociaux en Iran, des journalistes et internautes ont été arrêtés et inculpés pour"diffusion des rumeurs sur la propagation de l’épidémie".

Les dirigeants du régime iranien continuent à priver la population de leur droit à l’information et cela ne date pas de l’émergence de l’épidémie du coronavirus. Depuis un an, l’Iran est frappé par plusieurs catastrophes naturelles ainsi que des manifestations populaires provoquant une crise de légitimité sans précédent pour les gouvernants, toutes factions confondues : séismes meurtriers en 2018 et 2019 (des centaines de morts), inondations particulièrement dévastatrices et meurtrières de mars-avril 2019, répression sanglante du soulèvement populaire de novembre 2019 après avoir instauré un blackout total sur les réseaux Internet (1500 morts au moins), la destruction d’un avion de ligne ukrainien par un missile sol-air iranien près de Téhéran tuant les 176 passagers et membres d’équipage, la plupart des ressortissants iraniens et la répression des manifestations spontanées qui ont suivi ce désastre, très hostiles au régime, visant notamment le « guide suprême » Ali Khamenei en personne. Ces événements ont mis en lumière deux réalités indéniables : la colère de la population contre l’incurie, la corruption et la cruauté des dirigeants, et les mensonges d’Etat qui ont accompagné toutes ces tragédies*.  

Aujourd’hui, la crise sanitaire du coronavirus dont l’Iran est devenu le foyer principal au Moyen-Orient est une nouvelle illustration des inepties et de négligence criminelle d’un pouvoir pour qui les considérations de politique intérieure et son aventurisme extérieure teintés d’un aveuglement idéologique priment sur l’intérêt général, à commencer par le respect de la vie humaine et le devoir de la protection de la population qui incombe à tout gouvernement digne de ce nom. 

Aveuglement des fanatiques
Dans sa chronique "Ma vie », l’éminent historien iranien Ahmad Kasravi (1890-1946) raconte que pour lutter contre le choléra qui dévastait la province d’Azerbaïdjan iranien en 1904, mollah Mir Fatah, mufti de Tabriz, recommande à la population de prier sous des corans suspendus et donner l’aumône et apporter des offrandes à sa propre maison. Allant encore plus loin, il assoit son propre fils sur un âne et le fait circuler dans la ville pour que les gens le touchent et guérissent. Pas de chance, son fils meurt du choléra !

Plus d’un siècle plus tard, Ali Khamenei, le numéro un du régime des mollahs au pouvoir en Iran depuis quatre décennies, conseille aux Iraniens de prier pour éloigner la maladie. Sans mentionner le virus, il le qualifie de "pas un si grand fléau". Le Guide suprême a accusé des ennemis de la République islamique d’avoir déclenché "une attaque biologique" contre celle-ci. Or d’après de nombreuses sources médicales et même gouvernementales du pays, les autorités politiques étaient parfaitement au courant de l’apparition de plusieurs cas de contamination au coronavirus et sa dangerosité mortelle dès le début de février. Cependant, pour que l’annonce de l’entrée du virus sur le territoire national depuis la Chine, grand partenaire commercial et allié politique de la théocratie iranienne, ne perturbe les cérémonies de l’anniversaire de « la révolution islamique » ou encore suscite un faible taux de participation aux élections législatives du 21 février sensées donner au « guide suprême » et sa faction une mainmise absolue sur le pouvoir, les autorités ont décidé de dissimuler la réalité de la situation, montrant ainsi qu’ils faisaient peu de cas de la santé publique.

Bilan officiel vivement contesté
Les premiers cas d’infection au Covid-19 en Iran n’ont été officiellement annoncés que deux jours avant les élections législatives du 21 février. Le 24 février, un député de Qom a déclaré aux médias avoir communiqué la liste d’une cinquantaine de personnes décédées  une semaine avant les élections, au ministre de la Santé.
Premier foyer de l’épidémie au Moyen Orient et le troisième pays touché après la Chine et l’Italie, l’Etat iranien a délibérément retardé la fermeture du mausolée à Qom, visité chaque jour par des centaines voire des milliers de pèlerins. Entre 700 à 900 étudiants chinois suivent des séminaires religieux chiites à Qom. Aller et venus entre l’Iran et la Chine n’a pas cessé.  Le bilan officiel des décès et des personnes atteintes est fortement contesté par le personnel soignants et des sources diverses convergentes. Le manque de transparence et la réticence du régime à adopter des mesures fortes de quarantaine ont provoqué la propagation rapide et étendue du coronavirus dans une trentaine des provinces du pays **.

Alors que la censure, les mensonges et l’incompétence des responsables sont décriés sur les réseaux sociaux en Iran, des journalistes et internautes ont été arrêtés et inculpés pour"diffusion des rumeurs sur la propagation de l’épidémie".

Prisonniers politiques en danger de mort
L’éclosion du coronavirus dans les prisons surpeuplées de l’Iran où les conditions de détention étaient déjà préoccupantes, est une grande source d’inquiétude. Le pouvoir judiciaire s’est vu contraint de libérer provisoirement quelques 70.000 détenus (Quotidien Hamshahri, 9 mars 2020). Ces mesures sont jugées insuffisantes et tardives par les familles des prisonniers et par Javaid Rehman, le Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’Homme en Iran, qui le 10 mars devant les médias à Genève, a critiqué la gestion de l’épidémie par les autorités iraniennes. Des craintes demeurent sur le sort de très nombreux détenus (es) politiques et prisonniers (ères) d’opinion qui sont en réel danger aggravé par l’absence quasi-totale d'hygiène dans les prisons. Malgré les déclarations des autorités sur la libération d’un certain nombre de prisonniers politiques et alors que le coronavirus se propage dans les geôles des mollahs, selon des sources concordantes, les détenus politiques iraniens ne font pas partie des prisonniers libérés.

Par Simin Nouri

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* Voir  l’article éclairant de Jean-Pierre Filiu, lemonde.fr, 22 mars 2020

** Voir également 

02 avril 2020

AFIF INFOS - Mars 2020

Bulletin mensuel d’informations sur les droits de l’Homme en Iran  

ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE 


Coronavirus en Iran
OMS/RFI/CNRI, 31 mars 2020
Alors que les autorités iraniennes continuent à minimiser le bilan de l’épidémie de corona, les derniers chiffres indiquent 44.606 personnes affectées et 2.898 décès dus au coronavirus à la fin du mois de mars.  Mais la Résistance iranienne se basant sur des rapports des médecins et sources hospitalières à travers le pays a dans l’après-midi du 31 mars 2020, annoncé que le nombre de décès dus au COVID-19 a dépassé le chiffre de 14.700 dans 237 villes.
Le Dr Rick Brennan, directeur des opérations d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait affirmé le 17 mars 2020 que le nombre de décès dus au coronavirus en Iran est sous-déclaré car les tests sont limités aux cas graves et le nombre de décès peut être potentiellement cinq fois plus élevé.
Le système politique compliqué et la multiplicité des organes de décision en Iran ont donné lieu à de nombreuses remarques et décisions contradictoires de la part des responsables. Des mesures sont annoncées mais ne sont pas appliquées en raison de la résistance des centres de pouvoir politiques, religieux et militaires influents. 
Le public et les médias iraniens sont très critiques à l'égard de la réponse du pays à l'épidémie de coronavirus. Beaucoup prétendent que le gouvernement était au courant des cas de coronavirus bien plus tôt que lorsqu'il a informé le public le 19 février, puis qu'il n'a pas fait appliquer l'interdiction des vols vers la Chine sur une compagnie aérienne contrôlée par les gardiens de la révolution.
Ils critiquent également le gouvernement pour ne pas avoir imposé de quarantaine à Qom, l'épicentre de l'épidémie, en raison de considérations religieuses et politiques qui ont permis au virus de se propager dans tout le pays.

La télévision iranienne au fil des jours, un bilan enjolivé et l’Occident en crise
Le Monde, 31 mars 2020         Par Ghazal Golshiri
La seule chaîne d’information en continu, Shabaké Khabar, insiste aussi sur le dévouement des gardiens de la révolution et des membres du clergé. 
«Depuis l’aveu tardif des autorités iraniennes, le 19 février, sur l’arrivée du nouveau coronavirus dans le pays, le bulletin d’information de 14h est devenu pour la population un rendez-vous macabre. C’est à cette heure que les différentes chaînes de la télévision publique iranienne interrompent leurs programmes et diffusent en direct le point presse du porte-parole du ministère  de la santé, Kianoush Jahanpour, pour le bilan du jour.
De nombreux médecins, consultés par Le Monde au cours des dernières semaines, jugent les chiffres annoncés falsifiés car trop ba
La stratégie des autorités dans le contexte de l’épidémie en cours est de maintenir artificiellement le bilan le plus bas possible, lui consacrer une couverture médiatique minimale et, surtout, mettre l’accent sur la gravité de la crise en Occident… Les informations nationales font la part belle à des reportages rejetant la responsabilité de la crise sur les Iraniens ordinaires... 
Clips musicaux, documentaires et flashs d’infos rendent constamment hommage aux gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime, et aux membres du clergé, "en première ligne de la lutte", selon la propagande officielle… » 

Rohani juge "acceptable" le nombre de morts dus au COVID-19 en Iran
Iran News Wire, 29 mars 2020             Par Adena Nima
«Le président iranien vient de déclarer lors d'une réunion avec les membres de son cabinet, que le nombre de décès est "acceptable" en ce qui concerne l'épidémie de COVID -19 et que les conditions de vie des dans certaines provinces étaient "bonnes". Alors que les Iraniens et de nombreux responsables pensent que les chiffres officiels du régime sont bien inférieurs que les chiffres réels. 
Le ministère iranien de la Santé a annoncé 2 640 décès dus au COVID -19 aujourd'hui, mais selon le Conseil national de la Résistance iranienne, au moins 13 000 personnes sont décédées du virus dans 231 villes... »

Iran : Des prisonniers risquent de contracter le coronavirus
Amnesty International, 26 mars 2020
«Les autorités iraniennes doivent libérer immédiatement et sans condition des centaines de prisonniers de conscience, alors que de graves craintes pèsent sur la propagation du coronavirus (COVID-19) dans les prisons iraniennes. Elles doivent prendre des mesures en vue de protéger la santé de toutes les personnes placées en détention et envisager de toute urgence de libérer celles et ceux qui sont en attente de leur jugement ou qui qui risquent particulièrement de développer une forme sévère de la maladie ou de mourir. »

Trois écoliers victimes du coronavirus en Iran
Agence de presse officielle IRNA, 25 mars 2020
Javad Hosseini, chef du département des surdoués du ministère de l'Education, a annoncé qu'en raison de la propagation du coronavirus, trois écoliers surdoués ont perdu la vie jusqu'à présent. 

Sous-équipé, le personnel de la santé victime du Covid-19 en Iran
Irannewswire.org, 24 mars 2020
Des dizaines de médecins et d’infirmières en première ligne de la lutte contre le coronavirus dans des hôpitaux sous-équipés à travers le pays ont perdu la vie, faute d'équipements de protection de base.
Selon le chef de l'Organisation de l'industrie et des mines à Kerman (sud), 41 % des personnes infectées par COVID-19 dans la province du sud-est sont des travailleurs de la santé. Il a déclaré que la raison du taux élevé d'infection était un problème de "fourniture de masques, d'alcool et de gants" aux travailleurs de la santé lors de l'épidémie de COVID-19 en Iran.
Les travailleurs de la santé dans la province de Guilan (nord), qui a l'un des taux de mortalité du COVID-19 les plus élevés du pays, sont également confrontés à une grave pénurie d'équipements et de matériel de protection.
Mohammad Mohammadi, médecin d’expérience a décédé dans la soirée de 7 mars à Rasht
Mohammad-Ali Rabii, qui exerçait dans la ville de Shaft ; un autre médecin est décédé à Rasht ; Farid Nirouii, médecin généraliste à Babol ; Siamak Diosheli, médecin pratiquant à l'hôpital Bandar Anzali ; Hamid Lotfi, chirurgien à Someh-Sara ; Mostafa Samadi, médecin généraliste à Babol ; Reza Koucheki-nia, directeur du Centre médical n ° 1 à Astaneh et Ardeshir Shiran, médecin à Ispahan.

70 médecins et membres de la communauté médicale en Europe et aux États-Unis ont écrit dans une lettre au directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) que, jusqu'à présent, plus de 100 médecins et infirmières et membres de la communauté médicale en Iran sont morts dans leurs efforts pour combattre le coronavirus.

Médecins Sans Frontières perplexe par la décision de l'Iran d'annuler la mission sur les coronavirus
Reuters- Paris, 24 mars 2020 
L'ONG médicale française Médecins Sans Frontières (MSF) a déclaré mardi qu'elle ne comprenait pas la décision des autorités iraniennes d'annuler une mission qu'elle avait organisée au préalable pour mettre en place une installation de lutte contre les coronavirus à Ispahan. 
"Nous sommes surpris d'apprendre que le déploiement de notre unité de traitement est annulé", a déclaré Michel-Olivier Lacharite, responsable de l'équipe de réponse aux crises de Médecins Sans Frontières, dans un communiqué. Il a indiqué que le groupe avait reçu une autorisation préalable et qu'il était prêt à mettre en place l'unité de 50 lits à la fin de la semaine. Il a ajouté qu'ils étaient toujours prêts à se déployer en Iran ou ailleurs dans la région.
Alireza Wahabzadeh, conseiller du ministre de la santé à Téhéran, a déclaré qu'il n'y a pas besoin de lits d'hôpitaux apportés par les étrangers et que la présence de MSF en Iran est annulée. Cette déclaration fait suite à l'annonce par l'ambassadeur d'Iran en France que le deuxième envoi de Médecins sans frontières a été expédié en Iran et qu'un hôpital mobile sera mise en place à Ispahan. 
Wahabzadeh a par ailleurs twitté : "Nous adressons notre gratitude à Médecins sans frontières, mais grâce à la mise en œuvre de la campagne nationale de lutte contre le coronavirus et à l'utilisation de toutes les capacités médicales des forces armées, nous n'avons actuellement pas besoin de forces étrangères pour installer des lits d'hôpitaux en Iran et leur présence dans le pays n'est pas nécessaire". 

Une avocate des droits humains condamnée à 18 ans de prison en Iran
Hengaw/women.ncr-iran.org, 20 et 24 mars 2020
Soheila Hejab, 30 ans, avocate et militante civile à Kermanchah, a été condamnée le 18 mars 2020, par la branche 28 du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidé par le juge Moghiseh, à 18 ans de prison.
Elle est accusée de "propagande contre l'’Etat", "rassemblement et collusion", "perturbation de l'ordre public dans l'intention de provoquer une émeute", "formation d'un groupe de défense des droits des femmes" et "demande de référendum et de modification de la constitution".

Le régime iranien survivra-t-il au coronavirus ?
Le Monde, 22 mars 2020 Par Jean-Pierre Filiu
La population iranienne condamne la gestion calamiteuse de la pandémie par la République islamique, qui tente d’échapper à ce désaveu en relançant l’escalade avec les Etats-Unis en Irak.
«…La République islamique voulait en effet occulter sa gestion désastreuse de la crise, quitte à exposer le personnel soignant, voire à le transformer, en l’absence de toute mesure de protection, en relais majeur de diffusion du virus. Les ayatollahs au pouvoir s’accrochaient en outre à la fiction d’une immunité divine accordée aux centres de pèlerinage chiite qui, demeurés ouverts jusqu’à ces derniers jours, sont devenus de redoutables foyers (clusters) de contamination. C’est ainsi la légitimité à la fois politique et religieuse du régime qui est atteinte, peut-être de manière irréversible… »

21 lauréats du prix Nobel condamnent la dissimulation par le régime iranien de l'épidémie de coronavirus, la qualifiant de crime contre l'humanité
ncr-iran.org, 22 mars 2020
21 prix Nobel des États-Unis, du Canada, de l'Allemagne et de la Norvège dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, tout en condamnant la dissimulation catastrophique par le régime iranien de l'épidémie de coronavirus qui a entraîné la mort de milliers d'Iraniens et en la qualifiant de crime contre ce pays et en la condamnant fermement. Les personnalités scientifiques les plus éminentes du monde ont annoncé que, selon l'opposition iranienne, l'Organisation des Moudjahidines du peuple d'Iran (OMPI), le coronavirus a jusqu'à présent coûté la vie à plus de 6 500 personnes (9 600 victimes à la date du dimanche). Ils ont appelé le Secrétaire général des Nations unies à intervenir d'urgence pour prévenir une catastrophe beaucoup plus vaste et ont demandé à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et aux autorités internationales de se rendre dans les prisons iraniennes pour sauver des vies et améliorer la santé des prisonniers et pour prévenir d'autres décès.

Iran : le chercheur Roland Marchal libéré au terme d’un triple deal
Le Figaro, 21 mars 2020
Le Français est arrivé en France ce samedi. Sa libération a été annoncée samedi matin par Emmanuel Macron. Elle intervient au lendemain de celle d’un Iranien détenu en France et 48 heures après celle d’un Américain emprisonné à Téhéran…
«Il s’agit probablement d’un grand deal, commente un expert de la relation franco-iranienne. Confrontés au virus, les Iraniens sont en train de vider les prisons. C’est une manœuvre habile pour mobiliser les opinions en Occident en vue d’espérer une levée des sanctions contre un pays qui vit une véritable tragédie humaine…, explique cet expert.

Malgré l'amnistie, beaucoup de prisonniers politiques restent en prison
csdhi.org, 20 mars 220
Le 18 mars 2020, un jour avant le nouvel an iranien, et au milieu des appels à la libération des prisonniers en raison d'une grave épidémie du coronavirus dans les prisons iraniennes - le Centre des médias judiciaires d'Iran a annoncé l'amnistie par le Guide suprême, Ali Khamenei, d'un certain nombre de condamnés.
Gholamhossein Esmaili, porte-parole du pouvoir judiciaire, a déclaré le 17 mars qu’ « environ 85 000 prisonniers » avaient obtenu une permission. Asghar Jahangir, chef de l’Organisation des prisons iraniennes, avait précédemment affirmé le 9 mars que des milliers de prisonniers avaient été temporairement libérés pour limiter la propagation de l’épidémie du coronavirus dans le système carcéral.
De nombreux prisonniers de conscience et prisonniers politiques restent dans les prisons iraniennes ; les familles de ces personnes disent qu'elles n'ont pas été autorisées à sortir, ni graciées... Du quartier des femmes de la prison d'Evin, qui compterait 43 détenues, près de 20 sont en congé depuis début mars. Des prisonnières telles que Nasrin Sotoudeh, avocate, Athena Daemi, militante civile, Monireh Arabshahi, Saba Kordafshari, militantes des droits des femmes et de la lutte contre le voile obligatoire, Maryam Akbari Monfared, prisonnière politique de longue date, Aras Amiri, accusée d'espionnage pour le British Council, Niloufar Bayani et Sepideh Kashani, militantes écologistes, sont toujours en prison.

En Iran, les prisonniers politiques seuls face au coronavirus
Marianne,10 mars 2020          Par Behrooz Assadian
Alors que le nombre des décès liés au coronavirus ne cesse d’augmenter, les autorités iraniennes refusent d’accorder des permissions de sortie aux prisonniers politiques. Leurs familles craignent "une catastrophe humaine".
L'épidémie de coronavirus se propage désormais à la quasi-totalité des provinces de l’Iran, et les autorités multiplient les mesures pour freiner sa diffusion. Parmi elles, libération conditionnelle et provisoire des prisonniers. Ainsi, à deux semaines des vacances du Nouvel An iranien, près de 70.000 prisonniers, soit 30 % de la population carcérale, rejoignent leurs familles.
Une mesure exceptionnelle qui exclut pourtant « les condamnés à plus de cinq ans de prison», criminels jugés dangereux. Discriminatoire au regard du droit international, cette mesure est d’autant plus choquante que parmi ces « criminels dangereux », il y a ceux qui ont été accusés de porter atteinte à « la sécurité nationale et d’espionnage. » En d’autres termes, les prisonniers politiques, un concept que l’Etat ne reconnaît pas.
"Plus de 20 cas suspects en quarantaine"
Comme en témoigne l’ordonnance du chef du pouvoir judiciaire Ebrahim Raïssi, la mesure est bien destinée à enrayer la propagation du virus dans les prisons, preuve que le Covid-19 y sévit. Pourtant, les autorités restent silencieuses sur le nombre de cas concernés. D’après le dernier rapport de l’ONG Center for human rights in Iran, basée à New York, pour la seule prison de Fashafouyeh, province de Téhéran, « plus de 20 cas suspects ont été mis en quarantaine. » Un chiffre qui « ne cesse d'augmenter dans d’autres prisons du pays », s’alarme l'agence HRANA. Les familles des prisonniers s’inquiètent. 
                                               20 mars
Belle Année 1399 aux Iraniens 
Bon Norouz




Vice-ministre iranien de la santé :
"Toutes les heures, 43 Iraniens contractent un coronavirus et 3 en meurent"
Agence de presse officielle IRNA, 18 mars 2020
Iraj Harrirchi, vice-ministre de la santé, des traitements et de l'enseignement médical a déclaré : "Chaque heure, 43 Iraniens contractent le coronavirus, ce qui montre la puissance de l'aspect épidémique de ce virus" Il a ajouté : "En outre, la surveillance montre que malheureusement trois personnes meurent chaque heure dans le pays de ce virus, ce qui est très inquiétant". "Les infirmières et les médecins des centres médicaux sont malheureusement eux aussi touchés par ce virus, car les gens ne se soucient pas des mesures de prévention. Dans certains cas, ils ont perdu la vie, ce qui est inacceptable", a-t-il déclaré. 

A Téhéran, Nazanin Zaghari-Ratcliffe libérée de prison temporairement
Libération,17 mars 2020
L'Irano-Britannique condamnée à cinq ans de prison pour espionnage, ce qu'elle a toujours nié, a été libérée provisoirement, pour quinze jours, en partie grâce à la crise du coronavirus.
Une lueur, un début d’espoir, une petite bonne nouvelle au milieu d’un océan de mauvaises. Le coronavirus a permis la libération, provisoire pour le moment, de l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe. La jeune femme de 41 ans est sortie mardi après-midi de la prison d’Evin, à Téhéran. Elle est assignée à domicile chez ses parents, à l’ouest de Téhéran, d’où elle ne doit pas s’éloigner de plus de 300 mètres et doit porter à la cheville un bracelet électronique. Son père a dû payer pour la "location" du bracelet électronique, l’équivalent de la moitié de sa retraite mensuelle.
Mardi, les autorités iraniennes ont libéré 85 000 prisonniers testés négatifs au coronavirus et libérables sous caution. 

L’Iran s'oppose à la visite des prisons par l'OMS
Radio Zamaneh, 16 mars 2020
Alors que la propagation de la maladie corona est désormais un fait dans la plupart des prisons en Iran et que certaines organisations de défense des droits de l'homme ont demandé la libération des prisonniers politiques, les autorités judiciaires ont écarté une demande de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de visiter notamment la sinistre prison d'Evin.
Bien qu'au moins le test de la couronne d'un prisonnier de la prison de Qarchak à Varamin ait été positif ces derniers jours, de nombreuses prisonnières politiques de cette prison ne se voient pas accorder de congés car les autorités judiciaires s'y opposent.
Golrokh Ibrahimi Iraee, Marjan Davari, Maryam Ali Shahi, Raha Ahmadi, Leila Mir Qafari, Maryam Ibrahimvand, Mojgan Eskandari, Samira Hadian, Gita Hor, Maryam Gavshahian et Zohreh Sarv font partie des femmes détenues dans cette prison et accusées d'infractions politiques et de sécurité. Ces prisonnières politiques, bien que remplissant les critères fixés pour une permission de sortie, sont toujours détenues à la prison.
Par ailleurs, la prisonnière politique Narges Mohammadi, transférée de force d’Evin à la prison de Zanjan en décembre 2019, est souffrante  et menacée de mort et de violence sexuelle de la part d'un autre détenu.
Zeinab Jalalian, qui purge une peine d'emprisonnement à perpétuité à Khoy, diagnostiquée de diverses maladies et 
Parvin Advaii, détenue au Centre de réadaptation de Sanandaj, souffre d'un dysfonctionnement thyroïdien ne peuvent pas avoir de congé.

En pleine crise sanitaire en Iran, dizaines de bahaïs convoqués au tribunal et plusieurs artistes à la prison
hra-news.org /CSDHI, 14 et 16 mars 2020
Plus de trente citoyens bahaïs ont été convoqués le 14 mars à la branche 10 du tribunal révolutionnaire de Chiraz. Leur convocation était liée à une affaire ouverte dès 2016 par le ministère des renseignements. Ils sont accusés d'"appartenance à un groupe d'opposition" et de "propagande contre l'État". 

Outre le célèbre cinéaste Mohammad Rasoulof, dont le film "There is No Evil", sur la peine de mort en Iran a récemment remporté le premier prix au Festival du film de Berlin (AP, 4 mars 2020), trois membres de l'Association des écrivains iraniens (IWA) - Baktash Abtin, Reza Khandan Mahabadi et Keyvan Bajan - ont été convoqués le 11 mars en prison alors que d'autres détenus auraient été libérés pour limiter la propagation du COVID-19. Ils sont inculpés pour "propagande contre l'Etat" et "rassemblement et collusion contre la sécurité nationale" et condamnés d'un et cinq ans de prison.

En Albanie, la ville où des opposants iraniens font de la résistance
AFP, 13 mars 2020
Sur une colline albanaise, dans une ville flambant neuve créée ex-nihilo, des milliers d'opposants iraniens déterminés dédient toute leur vie au combat contre le régime de Téhéran. Et ils veulent croire que la fin de l'exil est "proche".
A quelque 3.000 kilomètres de la capitale iranienne, les habitants de la cité Ashraf 3 n'attendent qu'une chose: la chute des autorités au pouvoir en Iran, engagé dans un bras de fer acrimonieux avec Washington, plongé dans une crise économique provoquée par les sanctions, secoué en novembre par une vague de contestation et aujourd'hui frappé par le nouveau coronavirus.

Les fosses funéraires des coronavirus sont si vastes qu'elles sont visibles depuis l'espace
Washington Post, 12 mars 2020
Les autorités iraniennes ont commencé à creuser des tranchées pour les victimes du coronavirus, quelques jours seulement après que le gouvernement ait révélé l'épidémie initiale. Les dimensions de ce terrain sont celles d'un terrain de football.
Deux jours après que l'Iran ait déclaré officiellement ses premiers cas du coronavirus, les images satellite haute résolution prises du 1er et du 8 mars montrent une activité accrue à l'intérieur du cimetière de Behesht-e Masoumeh à Qom, à 120km au sud de Téhéran avec l'extension du site des tombes dans l’intervalle et plus d'une douzaine de véhicules près de la zone des tranchées.

Iran : Le Conseil des droits humains adopte le document final de l’EPU
Amnesty International, 12 mars 2020
Le Conseil des droits humains des Nations Unies a adopté le document final de l'Examen Périodique Universel (EPU) portant sur la République islamique d'Iran le 12 mars 2020 lors de sa 43ème session.
Ce qui suit est la déclaration d'Amnesty International sur les résultats avant l'adoption du rapport d'examen. La déclaration n'a pas été prononcée au cours de la session, car l'organisation a pris la décision de protéger son personnel contre la pandémie de COVID-19 et de veiller à ce qu'il contribue activement à minimiser la propagation du virus. Amnesty International a également contribué à la base d'information de l'examen de l'EPU par sa communication sur l'Iran :
« L'Iran continue d’interdire fortement les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion. En novembre 2019, une semaine après la tenue de la session d'EPU de l'Iran devant ce Conseil, les forces de sécurité iraniennes ont eu recours à un usage illégal de la force pour tuer plus de 300 manifestants et passants, dont des enfants, selon des informations crédibles reçues par Amnesty International.
Ils ont également blessé et arrêté arbitrairement des milliers d'autres.
Nous exhortons donc l'Iran à reconsidérer son rejet des recommandations visant à garantir les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion et à prendre des mesures immédiates pour protéger ces droits.
La torture et les autres mauvais traitements, notamment par le refus d’accorder des soins médicaux, sont répandus et commis en toute impunité. Nous nous félicitons que l'Iran ait accepté certaines recommandations visant à garantir aux prisonniers le droit de ne pas être soumis à la torture et l'accès à des soins médicaux adéquats et nous demandons instamment qu'elles soient rapidement mises en œuvre. Nous regrettons toutefois que l'Iran ait rejeté des recommandations concrètes visant à mettre fin à l'usage de la torture et à ratifier la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Étant donné la discrimination bien établie dont souffrent les femmes et les filles iraniennes, nous sommes également consternés par le rejet par l'Iran des recommandations de ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Il y a des violations systématiques du droit à un procès équitable. Nous exhortons l'Iran à prendre des mesures immédiates pour mettre en œuvre les recommandations qu'il a acceptées afin de garantir le droit à un procès équitable, y compris l'accès à un conseil juridique librement choisi.
Les autorités continuent d'exécuter des individus âgés de moins de 18 ans au moment du crime. Nous exhortons l'Iran à reconsidérer son rejet des recommandations visant à abolir la peine de mort pour ces personnes.
Enfin, nous regrettons que les États n'aient pas recommandé de lutter contre les crimes contre l'humanité résultant des disparitions forcées actuelles résultant des exécutions extrajudiciaires secrètes de masse de 1988.
Nous rappelons avec une vive inquiétude que la dissimulation systématique du sort des victimes et du lieu où elles se trouvent, ainsi que+ la destruction des fosses communes censées contenir les restes des victimes, causent des douleurs et des souffrances aux familles des victimes.»

Iran : Dissimulation de la propagation du coronavirus et répression de l’information indépendante
RSF, 11 mars 2020
Selon les rapports officiels publiés le 25 février, l’épidémie de coronavirus a tué 15 personnes et en a infecté 95 en Iran.
Suivant l’exemple de la Chine, l’Iran semble dissimuler les informations sur la propagation réelle de la maladie. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement la répression des médias et des journalistes publiant des informations indépendantes.
« Depuis un an, la République islamique dissimule les informations sur les crises et les catastrophes  - inondations, mouvement de protestation populaire, destruction en vol du Boeing ukrainien , le respect du droit du public à une information de qualité, complète, indépendante et pluraliste, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, est la meilleurs façon de protéger la population et de lutter contre les rumeurs. La rétention d’information peut tuer. », a déclaré RSF.

L'ONU exhorte l'Iran à libérer temporairement les prisonniers politiques 
Reuters - Genève, 10 mars 2020
Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme en Iran, a déclaré mardi qu'il avait demandé à l'Iran de libérer temporairement tous les prisonniers politiques de ses prisons surpeuplées et pleines de maladies afin d'aider à endiguer la propagation du coronavirus.
Il y a eu plus de 6 500 cas confirmés de coronavirus en Iran, ce qui en fait le quatrième pays le plus touché après la Chine, la Corée du Sud et l'Italie, selon les données de l'Organisation mondiale de la santé. En date du 9 mars, 194 personnes étaient décédées en Iran…
Rehman a également décrit le rythme de propagation du virus en Iran comme étant « très inquiétant » et a critiqué les mesures de confinement mises en œuvre par les autorités.
L'IRAN A FAIT " TROP PEU, TROP TARD" (Reuters)

ONU- 43e session du Conseil des droits de l’homme 
Genève, le 9 mars 2020 
Dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran

Déclaration de la France
«...La France demeure préoccupée par la situation des droits de l'homme en Iran en particulier dans le contexte de la répression par le gouvernement iranien des manifestations de novembre 2019 dont vous rappelez le bilan humain extrêmement lourd.
La France appelle l'Iran à garantir le droit à la liberté d'opinion et d'expression et à la liberté de manifestation pacifique ainsi qu'à veiller à ce que les défenseurs des droits et notamment les femmes défenseures mais aussi les avocats, journalistes et défenseurs de l'environnement ne soient pas inquiétés, ne soient pas arrêtés arbitrairement, ne soient pas soumis à des traitements inhumains ou dégradants, en raison de leur action.
Nous sommes préoccupés par les violations graves que vous décrivez, s'agissant tout particulièrement des détentions arbitraires, du non-respect au droit à u procès équitable, y compris le libre choix à l'accès à un avocat.
Nous sommes préoccupés par l'obtention d'aveux par la torture, par la subordination de traitements médicaux à des aveux. Cette situation concerne de nombreux citoyens iraniens et aussi binationaux et étrangers.
L'exclusion récente de centaines de milliers d'Iraniens appartenant à des minorités religieuses non reconnues mais aussi athées pour l'accès à de nouvelles cartes d'identités pour l'ensemble des services associés, constitue une discrimination supplémentaire fondée sur la religion ou la conviction particulièrement grave, une violation des droits fondamentaux.
Nous appelons l'Iran à revenir sur cette mesure.
Nous rappelons aussi notre position sur la peine de mort et appelons l'Iran à cesser les exécutions de mineurs ou de personnes mineures au moment des faits conformément à ses engagements internationaux.
Nous l'invitons à coopérer pleinement avec le rapporteur spécial. »

Déclaration de la Suisse
«La situation des droits de l'homme en Iran reste très préoccupante. Mon pays reconnaît, à l’instar du Rapporteur, les difficultés économiques persistantes impactant la population et apprécie son analyse sur l’impact des sanctions.
La Suisse a suivi avec inquiétude l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité dans le cadre des manifestations contre l’augmentation du prix de l’essence en novembre 2019. Elle appelle les autorités iraniennes à publier les chiffres des personnes arrêtées, tuées et blessées et à investiguer tous les actes de violence, y compris les décès de manifestants, les allégations de mauvais traitements, et de demander aux responsables de rendre des comptes. 
Elle appelle à ce que toutes les personnes arrêtées pour l'exercice de leurs droits aux libertés d'expression et de réunion pacifique, y compris les défenseurs des droits de l’homme, soient libérées.
…Le rapport fait état de 100 individus condamnés à mort de moins de 18 ans au moment du crime. La Suisse appelle les autorités iraniennes à installer immédiatement un moratoire officiel. 
Monsieur le Rapporteur spécial, 
Comment assurer le suivi de vos recommandations sur les droits des prisonniers et détenus, y inclus pour leur protection contre toute forme de torture, ou sur les droits des accusés, notamment pour la garantie de procédure équitable ? 
Et comment jugez-vous que le congé médical dû au COVID-19 ne soit pas appliqué à tous les prisonniers ? »

                                        8 mars
Journée internationale de la Femme
Le combat de courageuses femmes d’Iran ne se limite pas à affronter au quotidien la misogynie institutionnalisée en vigueur par la théocratie au pouvoir et à leur propre émancipation, mais une lutte acharnée pour la liberté et la démocratie pour le peuple iranien.


Flambée du coronavirus en Iran
80% des habitants du Sistan-Baloutchistan peuvent attraper le coronavirus
Site officiel eghtesadonline.com, 7 mars 2020
C'est Aliyar Mohammadi, le représentant de la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui a soulevé la question au parlement iranien : "Nous ne devons pas oublier que 80% de nos habitants dans cette région vivent sous le seuil de pauvreté et sont susceptibles d'être infectés par le coronavirus. D'autre part, la rareté de l'eau les empêche de se laver fréquemment les mains", a déclaré Mohammadi, ajoutant : "La plupart d'entre eux souffrent également de diabète ou de problèmes coronariens ou pulmonaires causés par les tempêtes de sable. Tous ces facteurs sont propices à une épidémie rapide dans cette province".
"La plupart des gens dans cette région sont des ouvriers et doivent aller travailler pour gagner assez d'argent pour acheter un morceau de pain qui les expose à son tour au virus", a-t-il stipulé. 

Les prisonniers politiques exclus de libération massive en raison de l’épidémie
iranhumanrights.org, 6 mars 2020
Les autorités iraniennes ont exclu les prisonniers politiques pacifiques de la libération massive de prisonniers annoncée par le chef du pouvoir judiciaire Ebrahim Raisi fin février 2020 pour contrôler l'épidémie croissante de COVID-19 dans le pays.
Les prisonniers politiques ont été contraints de rester dans les prisons surpeuplées du pays alors même que les détenus de leur entourage ont été transférés en raison de suspicions d'infections à coronavirus ou en ont présenté les symptômes.
Au moins huit prisonniers ont contracté le coronavirus dans les prisons d'Evin à Téhéran, de Qouchan et d'Oroumieh.

Les familles demandent au chef du pouvoir judiciaire d'inclure les défenseurs des droits de l'homme dans la libération massive des prisonniers
iranhumanrights.org, 5 mars 2020
56.000 détenus ont temporairement été libérés des prisons surpeuplées d'Iran en raison de l’épidémie de coronavirus.
Les familles de huit écologistes emprisonnés en Iran sur la base de fausses accusations ont demandé au chef du pouvoir judiciaire iranien, Ebrahim Raisi, de les mettre en liberté provisoire.

Iran : le coronavirus s’est propagé dans les prisons, la vie des journalistes détenus est en danger
RSF,  4 mars 2020
«Reporters sans frontières (RSF) exprime sa plus grande inquiétude face à la situation des journalistes emprisonnés en Iran. Déjà privés de soins médicaux en temps normal, ils sont en danger de mort depuis que le coronavirus s’est propagé dans les prisons.
En dehors de la Chine, l’Iran est l’un des pays comptant le plus grand nombre de décès dus au coronavirus. En ce qui concerne les détenus, il n’y a pas de chiffre officiel, mais selon leurs familles, il y a de nombreux cas de contamination. La république islamique imite la Chine à la fois dans la dissimulation d’informations sur la propagation du virus et dans la maltraitance des prisonniers politiques.
Les condamnés à plus de cinq ans de prison pour "action contre la sécurité nationale" sont exclus de la mesure de clémence. C’est le cas de la plupart des 24 journalistes actuellement détenus, qui vont donc rester en prison alors que le coronavirus y fait chaque jour de nouvelles victimes. Les familles de plusieurs prisonniers politiques ont publié une lettre ouverte demandant aux autorités leur libération, ou au moins des permissions de sortie provisoires, jusqu’à la fin de l’épidémie…»

Iran : Au moins 23 enfants tués par les forces de sécurité lors des manifestations de novembre 
 Amnesty International, 4 mars 2020
Une enquête menée par Amnesty International a permis de découvrir des preuves qu'au moins 23 enfants ont été tués par les forces de sécurité iraniennes lors des manifestations nationales de novembre dernier.
Au moins 22 de ces enfants ont été abattus par les forces de sécurité iraniennes, qui ont tiré illégalement à balles réelles sur des manifestants et des passants non armés, selon les conclusions de l'enquête.
Parmi les enfants tués figurent 22 garçons, âgés de 12 à 17 ans, et une fille qui aurait eu entre 8 et 12 ans. Les détails de leur mort figurent dans un nouveau rapport d'Amnesty International intitulé "They shot our children" - Killings of minors in Iran's November 2019 protestations…

Iran : face au Coronavirus, le régime se verrouille à double tour
Marianne, 3 mars 2020      Par Behrooz Assadian
Deux semaines après l’annonce officielle des premiers cas de contamination, le pays vit au rythme de la méfiance et de l’opacité.
Le bilan officiel est terrifiant et interroge : il s'agit de l'un des taux de mortalité les plus importants au monde. Parce que le régime iranien refuse de publier le nombre exact des personnes infectées, comme l’estime Reporters sans Frontières ? Ou parce qu’il est le résultat d’une gestion chaotique de la crise ?
Qualifiant le coronavirus de "complot des Etats-Unis", et sa propagation de "psychose alimentée par les réseaux sociaux", le général Jalili, chef de la Défense passive de l’armée iranienne, admet pourtant à demi-mot que les autorités ont intentionnellement attendu la fin des élections législatives pour reconnaître l’ampleur de l'épidémie : "Maintenant que les élections sont finies, il faudra mieux informer la population".

Prison de Qarchak : liste des prisonnières politiques et conditions de détention
HRANA, 2 mars, 2020 
La prison pour femmes de Qarchak ou Shahre Rey, située à Varamin compte 11 quartiers. Chaque quartier accueille plusieurs détenues, sans tenir compte des règles de séparation par âge et par crime.
Les prisonnières politiques sont transférées dans cette prison pour les mettre sous pression. Le manque de soins médicaux et dentaires et d'examens réguliers, le manque d'hygiène et le grand nombre de détenues sont à l'origine de plusieurs pathologies. La mauvaise qualité de la nourriture, la consommation de drogues et de stupéfiants facilement accessibles, le fait de ne pas isoler des autres les prisonnières atteintes d'une maladie contagieuse, le viol et la négligence des autorités pénitentiaires sont quelques-uns des problèmes de cette prison.
Un rapport sur les conditions de détention de neuf prisonnières politiques à Qarchak est publié par HRANA basé sur les informations recueillies auprès des sources à l'intérieur de la prison ou auprès des anciennes détenues après leur libération :
Elnaz Pakravan, Maryam Ebrahimvand, Zahra Zare Seraji, Zahra Sadeghi, Fatemeh (Mary) Mohammadi, Leila Mirghafari, Raha Ahmadi, Marjan Davari, Golrokh Ebrahim Iraee.

Trois jeunes manifestants de novembre 2019 condamnés à mort
IRAN HRM/ CSDHI, 1er mars 2020
Trois jeunes, Amir Hossein Moradi, Saeed Tamjidi et Mohammad Rajabi, arrêtés lors des manifestations nationales anti-régime, en novembre 2019, ont été condamnés à mort, à 38 ans de prison et 222 coups de fouet par le tribunal révolutionnaire de Téhéran. 
Accusés entre autres de "participer à des actes de dégradations et d'incendies dans l'intention de combattre la République islamique d'Iran", les manifestants sont actuellement détenus dans le Grand pénitencier de Téhéran (Fashafuyeh).