Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE
RAPPEL
Conférence virtuelle d'AFIF au 69ème forum NGO CSW
AFIF, 17 mars 2025
"Expérience des femmes iraniennes face à la misogynie institutionnalisée" est le titre de la conférence virtuelle d’AFIF dans le cadre de la 69ème session de la Commission sur le statut des femmes de l’ONU au 30e anniversaire de la Conférence internationale de 1995 ("Pekin +30").
Avocates, juristes, ingénieurs et militantes des droits humains ont abordé l’arsenal juridique discriminatoire du régime iranien envers les femmes et les impacts de ces lois misogynes sur la vie, le sort et le quotidien des femmes et des filles en Iran :
. La hausse alarmante des sentences et des peines de mort
. Exécutions des femmes
. Mariage forcé ou précoce, souvent associé de "crimes d’honneur"
. Impact sur l’éducation et l’emploi des femmes
. Les femmes prisonnières politiques en Iran
. La situation des femmes en Iran sous le régime iranien, un rapport à Pékin +30
. La lettre de Forough Taghipour, les jeunes et les unités de résistance à l’intérieur
Maître Dominique Attias, présidente du Conseil d’Administration de la Fondation des Avocats Européens, a conclu cette conférence en exposants son regard sur la résistance des femmes iraniennes.
Vieille de 3000 ans, Norouz célèbre l'arrivée du printemps
Les Nations Unies ont reconnu le 21 mars comme la Journée internationale du Norouz, commémorant ainsi une fête pendant laquelle des millions de personnes dans le monde se réunissent pour manger, danser et procéder à un nettoyage de printemps intensif. La fête du Norouz, qui signifie "nouveau jour" en persan, a survécu aux multiples conquêtes et à l’épreuve du temps. Elle tombe le premier jour du calendrier perse (aux alentours de l’équinoxe de printemps) et célèbre le triomphe de la lumière sur l’obscurité ainsi que la renaissance de la nature.
L'année iranienne 1403 (20 mars 2024 – 20 mars 2025) expose un tableau très sombre de la violation persistante des droits humains en Iran. Elle est marquée par une augmentation significative des exécutions.
Plus de 1150 exécutions dans 94 prisons, soit une augmentation de 42% par rapport à l’an passé.
38 femmes, 7 mineurs délinquants et 7 prisonniers pendus en public.
925 exécutions (83 % du total) ont eu lieu sous le mandat de Massoud Pezeshkian, depuis le 1er août 2024.
Iran utilise des drones pour faire respecter la loi sur le hijab
ONU/HRANA/RTS, 19 et 21 mars 2025
L’enquête de l’ONU menée ces deux dernières années par la Mission internationale indépendante d'établissement des faits sur l'Iran, dénonce de graves violations des droits humains commises par les autorités iraniennes, suite aux manifestations massives qui ont suivi la mort tragique de Mahsa Jina Amini en détention (https://news.un.org/fr/story/2025/03/1153971). Les autorités iraniennes ont en effet désormais recours à la reconnaissance faciale pour effectuer leur strict contrôle. A l’aide de caméras, de drones et d’intelligence artificielle, les forces publiques identifient les femmes non voilées à distance et avisent les prévenues par voie électronique.
L’élément clé de ce contrôle est l’application Nazer, soutenue par le gouvernement, qui permet à la police et ses membres de signaler des violations présumées commises par des femmes dans des véhicules, y compris dans des ambulances, des transports en commun et des taxis. Naser permet aux utilisateurs de télécharger la plaque d’immatriculation du véhicule, le lieu et l’heure de l’infraction présumée et d’alerter ensuite la police.
. Plus de 30000 femmes ont fait l’objet de mesures punitives pour ne pas avoir respecté les règles obligatoires du régime sur le hijab
. Quelques 16 567 cas de violence domestique, 125 féminicides, 33 crimes d’honneur (dont 19 meurtres), 5 agressions à l’acide et 3 suicides au cours de l’année .
. Au moins 3702 manifestations et grèves ont eu lieu et au moins 355 citoyens iraniens ont été abattus par les forces de sécurité.
Les autorités empêchent le transfert à l’hôpital d’une prisonnière politique âgée de 60 ans
wncri.org, 22 mars 2025
Des informations font état d’une détérioration de l’état de santé de la prisonnière politique Azar Korvandi Mousazadeh, 60 ans, détenue à la prison d’Evin. Malgré son état de santé critique, elle s’est vu refuser son transfert à l’hôpital et l’accès à un traitement spécialisé.
Souffrant d’une hernie discale cervicale et de détérioration du tendon de l’épaule... Mère de deux enfants, elle a été arrêtée en été 2019 pour collaboration avec l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI) et promotion de la propagande contre le régime, après avoir organisé des séances de conseil familial dans son jardin personnel à Shahriar.
Deux militantes soumises à une pression constante à la prison centrale de Sanandaj
Hengaw, 24 mars 2025
Arrêtées lors de la cérémonie de la Journée internationale de la femme le 8 mars, Leila Pashaei et Baran Saeidi, militantes civiles kurdes ont été transférées dans des cellules de quarantaine à la prison centrale de Sanandaj et sont actuellement privées de toute forme de contact. Les deux femmes subissent des pressions pour obtenir des aveux forcés.
Douze jours après leur arrestation, les deux militantes de 45 ans sont toujours privées d’avoir l’accès à un avocat et du contact avec leurs familles.
wncri.org, 24 mars 2025
Kobra Taherkhani, directrice d’école et militante du syndicat des enseignants de Qazvin, a été condamnée à 3 ans de prison et à une interdiction de voyager pendant 3 ans par la branche 2 du tribunal révolutionnaire de Qazvin. Le verdict, rendu en mars 2025, repose sur des accusations d’"insulte à Khamenei" et de "propagande contre l’État".
Deux prisonnières politiques confrontées à de graves difficultés et à la prison d’Evin
wncri.org, 24 mars 2025
Liyan Darvish, une mère de 40 ans, est détenue à la prison d’Evin depuis mars 2024. Elle purge une peine de 5 ans pour "rassemblement et collusion contre la sécurité nationale", "insulte à Khamenei" et "propagande contre le régime". Bien qu’elle souffre d’une grave infection des reins et de la vessie et a besoin d’urgence d’un traitement médical, les autorités pénitentiaires lui ont refusé à plusieurs reprises l’accès à des soins appropriés et son transfert vers un hôpital. Sa demande de libération conditionnelle qu’a été approuvée et que le délai légal pour sa mise en œuvre soit arrivé à son terme, les autorités ont refusé de la libérer.
Farzaneh Mohammadi Parsa, une autre détenue politique demeure à Evin plus de 90 jours après son arrestation. Dentiste à Abadan, elle a été arrêtée le 25 décembre 2024 à son domicile à Téhéran, où elle aurait été battue lors de son arrestation. Après avoir passé plus de 40 jours dans le quartier 209, géré par le ministère du Renseignement, elle a été transférée dans le quartier des femmes le 11 février. Les accusations portées contre elle n’ont pas été clarifiées et elle n’a pas eu la possibilité d’être libérée sous caution.
Grève de la faim nationale dans les prisons iraniennes, 61ème mardi de la campagne "Non aux
exécutions en Iran"
AFIF, 25 mars 2025
Les prisonniers politiques de 38 prisons ont entamé une grève de la faim coordonnée le mardi 25 mars 2025, qui marque la 61ème semaine de la campagne des mardis Non aux exécutions en Iran.
Dans leur déclaration, les grévistes ont condamné la vague continue d’exécutions sous le régime de Massoud Pezeshkian, appelant à une action unie et efficace pour mettre fin à ce qu’ils décrivent comme le recours systématique aux exécutions comme outil de répression.
Varisheh Moradi se voit refuser un traitement médical malgré son état de santé critique à la prison d'Evin
hengaw.net, 29 mars 2025
Varisheh Moradi, prisonnière politique kurde, défenseur des droits des femmes et membre de la KJAR (Société des femmes libres du Kurdistan oriental), a été condamnée à mort par la justice iranienne pour "rébellion armée". Bien qu'elle ait un besoin urgent de soins médicaux, les autorités gouvernementales, en particulier les responsables de la prison d'Evin, lui ont refusé un traitement.
Elle avait été soumise à de graves tortures dans le centre de détention du ministère des renseignements à Sanandaj. Dans un cas, elle a vomi du sang et a perdu connaissance à cause de l'intensité de la torture.
Moradi souffre d'une discopathie lombaire et cervicale et a besoin d’une intervention chirurgicale urgente, vivement recommandée il y a 3 mois par un spécialiste.
Une femme de 24 ans pendue à la prison centrale d’Ispahan
HRANA/wncri.org, 30 mars 2025
Mahnaz Kakaei a été pendue le samedi 29 mars à la prison centrale d’Ispahan (Dastgerd), après avoir passé 4 ans et 7 mois en détention. Elle avait été condamnée au qesas pour le "meurtre prémédité" de son fiancé. Mahnaz, 24 ans, a été élevée par sa belle-mère et son père qui exerçaient des pressions sur elle pour qu’elle épouse l’homme de leur choix. Elle qui ne voulait pas de ce mariage, avant qu’il n’ait lieu, aurait poignardé à mort son fiancé au cours d’une altercation verbale.
Mahnaz Kakaei, est la 8ème femme exécutée en Iran en 2025
En 2024, 61 pendaisons ont eu lieu dans la prison de Dastgerd, à Ispahan, ce qui la place au 3me rang des prisons en termes de nombre d'exécutions.
wncri.org, 31 mars 2025
Née en 2000, Arghavan Fallahi a été arrêtée le 25 janvier 2025 à Parand et transférée au quartier 209 de la prison d’Evin. Deux mois et demi après son arrestation, elle est toujours détenue à Evin, soumise à des interrogatoires, mais son cas n’a pas été réexaminé. Le manque d’informations sur son état de santé suscite de vives inquiétudes.
Son père et d’autres membres de sa famille ont également été convoqués et interrogés et détenus…
HRW réclame la libération inconditionnelle de Narges Mohammadi
Et la libération tous les autres militants des droits humains détenus arbitrairement
Human Rights Watch – Beyrouth, 31 mars 2025
Les autorités iraniennes menacent de renvoyer la défenseuse des droits humains et lauréate du prix Nobel de la paix, Narges Mohammadi, en prison pour purger le reste de sa peine injuste afin de l’obliger à cesser de défendre ses droits. Les autorités devraient immédiatement mettre fin à leur harcèlement et libérer sans condition la jeune femme ainsi que tous ceux qui ont été arbitrairement détenus pour leurs activités en faveur des droits de l’homme...
Narges Mohammadi a refusé de retourner à la prison d’Evin le 25 décembre 2024, lorsque la suspension temporaire a pris fin. Le 28 décembre, son avocat a présenté une demande à l’Organisation de médecine légale, sous la juridiction de l’Iran, pour prolonger la suspension, conformément aux conseils médicaux. L’Organisation a approuvé sa demande, mais les autorités ont néanmoins fait pression sur elle pour qu’elle retourne en prison. Les médecins de Mohammadi ont déclaré qu’elle avait besoin d’au moins six mois en dehors de la prison pour avoir accès à des examens et soins médicaux complets et réguliers.