03 juillet 2025

AFIF INFOS Juin (1/2) 2025

Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran 
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE 


Répression accrue sous l'ombre de la guerre
Le 17 juin 2025, le Parlement iranien a approuvé une motion prévoyant l'adoption accélérée d'un projet de loi permettant un plus grand recours à la peine capitale pour les accusations d’"espionnage" ou de "coopération avec des gouvernements hostiles", notamment Israël et les États-Unis.


ONU-Iran
Rapport du Secrétaire général sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran 
OHCHR, 18 juin 2025
Le rapport du Secrétaire général (A/HRC/59/22) a été présenté par Nada Al-Nashif, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme lors de la 59e session du Conseil des droits de l'homme, doublement préoccupé par la guerre Israël-Iran. 
Le rapport note avec une vive préoccupation le nombre élevé d'exécutions survenues au cours de la période couvrant du 1er août 2024 au 31 janvier 2025, avec au moins 975 personnes exécutées dont au moins 31 femmes en 2024, nombre d'exécutions signalées le plus élevé depuis 2015… 
L’ONU appelle à une désescalade immédiate et un retour au dialogue
Alors que les craintes d’un embrasement régional s’intensifient, l’ONU tire la sonnette d’alarme.
"Toute intervention militaire supplémentaire pourrait avoir des conséquences dramatiques, non seulement pour les parties concernées, mais pour l’ensemble de la région", a averti le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans une déclaration lue par son porte-parole, à New York. 
À Genève, Nada Al-Nashif a fait écho à l’appel à la retenue et s’est dite "profondément préoccupée" par le fait que "certaines attaques ont lieu dans des zones peuplées". Elle a rappelé que les deux parties sont tenues de respecter pleinement le droit international humanitaire, notamment la protection des populations et infrastructures civiles : "Nous suivons de près la situation et sommes informés des informations selon lesquelles des milliers d'habitants fuient certains quartiers de la capitale, Téhéran, suite aux avertissements lancés sur de vastes zones"… 

Vives craintes que des personnes accusées d’"espionnage" pour le compte d’Israël soient victimes d’actes de torture et d’exécutions arbitraires
Amnesty International, 20 juin 2025
«Les autorités iraniennes doivent renoncer à tout projet de procéder à des exécutions arbitraires et protéger des disparitions forcées, de la torture et des autres formes de mauvais traitements toutes les personnes arrêtées pour des accusations d’espionnage pour le compte d’Israël. Depuis le début des attaques menées par Israël contre l’Iran le 13 juin, les autorités iraniennes ont arrêté des dizaines de personnes pour des accusations de "collaboration" avec Israël, formulé des appels inquiétants à des procès et des exécutions accélérés et exécuté un homme le 16 juin.
La peine capitale est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, et elle ne devrait jamais être infligée, quelles que soient les circonstances. Le recours à ce châtiment pour des infractions d’espionnage ou d’autres infractions connexes n’impliquant pas d’homicide volontaire est spécifiquement interdit au titre du droit international…»

40 années de résistance pour la liberté par la génération égalité en Iran
wncri, 19 juin 2025 
Jamais auparavant dans l'histoire, un dictateur n'avait déclenché un génocide en publiant les photos de jeunes femmes non identifiées qu'il avait exécutées.
Le 20 juin marque le déclenchement de la résistance pour la liberté et la démocratie en 1981 en Iran. Dès le départ, les femmes se sont placées aux avant-postes du mouvement populaire contre la dictature religieuse.
La ‘génération égalité’ a joué un rôle important dans la résistance pour la liberté depuis l’époque du chah jusqu’à aujourd’hui. Des femmes qui ont sacrifié leur vie et leur liberté dans les années 1970 et qui ont ouvert la voie à une participation à grande échelle des femmes au mouvement. Puis, dans les années 1980, une autre génération de femmes est arrivée, dont les sacrifices et la lutte insoumise ont ébranlé les fondations du régime misogyne des mollahs.
Et puis, le monde a vu les générations suivantes de courageuses femmes et filles iraniennes qui ont poursuivi cette voie tortueuse et sanglante lors des soulèvements de 1999, 2009, 2017, 2018, 2019, 2020, 2022 et 2023. L’égalité des générations continuera à s’inscrire dans cette voie jusqu’au renversement du régime misogyne des mollahs et l’aube d’une véritable liberté en Iran.
C’est pourquoi nous célébrons cet anniversaire et saluons la mémoire de dizaines de milliers de femmes qui ont donné leur vie pour la liberté et persisté à vouloir instaurer la démocratie. Elles ont choisi de résister dans l’honneur à n’importe quel prix, à ne pas plier devant la tyrannie et à devenir des étoiles brillantes qui illuminent la nuit obscurantiste que traverse cette nation…

Des milliers d’Iraniens en Europe optent pour la "Troisième Option"
CSDHI/AFIF, 22 juin 2025 
Le samedi  21 juin 2025, des milliers d’Iraniens ont défilé et manifesté en Allemagne et en Suède pour exprimer leur soutien à la "Troisième Option" proposée par le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). 
En célébrant l’anniversaire de la grande manifestation de juin 1981 à Téhéran, ils ont réclamé la liberté, la démocratie et la laïcité pour l’Iran. 
Au moins trois générations d’Iraniens de la diaspora rassemblées à Berlin et à Stockholm, ont rejeté toute intervention militaire contre le régime en place, ainsi que l’apaisement, la complaisance et/ou les concessions diplomatiques envers le régime des mollahs. Ils appellent à un changement de régime par le peuple iranien et sa Résistance organisée avec son vaste réseau à l’intérieur du pays. 
Dans un message adressé à ces rassemblements, Maryam Radjavi présidente élue du CNRI, s’est adressée aux manifestants : 
" Notre message est clair, il faut reconnaitre la Résistance du peuple iranien pour la liberté. Nous disons non à la complaisance et au maintien du régime des mollahs, et non à la guerre. Nous prônons plutôt 
la troisième voie : le changement de régime par le peuple iranien et sa Résistance.
Le changement démocratique est la volonté du peuple iranien et le verdict de l’histoire". 

Deux autres hommes exécutés pour espionnage pour Israël
IHRNGO /Iran HRM, 16 et 23 juin 2025
Selon l'agence de presse judiciaire Mizan, Esmail Fekri a été exécuté pour espionnage au profit d'Israël via "des contacts avec deux officiers du Mossad"le 16 juin 2025. Le lieu de l'exécution n'a pas été précisé mais il semble qu'Esmail ait été exécuté dans la prison de Ghezelhesar où il était détenu. 
Arrêté il y a deux ans, Esmail a été  le transféré de la prison d'Evin à la prison de Ghezelhesar avec Mohsen Langarneshin le 15 février 2025. Mohsen a été exécuté par pendaison collective de sept personnes à la prison le 30 avril. 
Le matin du dimanche 22 juin 2025, le pouvoir judiciaire de la République islamique a annoncé l’exécution de Majid Mosayebi, accusé d" espionnage pour Israël" – un événement qui suscite une fois de plus l’inquiétude face aux procédures judiciaires injustes et aux violations généralisées des droits de l’homme en Iran.
Selon un communiqué officiel publié par l' agence de presse Mizan , Majid Mosayebi était accusé d'avoir "transmis des informations classifiées aux services de renseignement israéliens" et d'avoir "reçu des récompenses financières via des cryptomonnaies". Après confirmation de cette sentence par la Cour suprême, l'exécution a eu lieu immédiatement.

Frappes sur la prison d’Evin à Téhéran
Des prisonniers politiques, des opposants au régime ou encore des prisonniers étrangers sont détenus à Evin, dont les Français Cécile Kohler et Jacques Paris.
Le Parisien/wncri,23 juin 2025 
Selon une source à l’intérieur d’Evin, "le plafond de la section réservée aux prisonnières politiques s’est effondré. Il est question qu’une sortie temporaire soit accordée à certaines d’entre elles. Plusieurs ont été blessées. L’infirmerie a également été partiellement endommagée".
D’après des témoins oculaires, l’explosion a provoqué des incendies et une destruction massive dans plusieurs sections de la prison, notamment le quartier des femmes, le quartier 4, les quartiers 7 et 8, le quartier 209, le gymnase, la bibliothèque et l’infirmerie.
. Quartier des femmes : blessées, panique et absence de soins médicaux
Plusieurs prisonnières ont été blessées par le souffle de l’explosion et les éclats de verre. Les vitres brisées ont été projetées à l’intérieur, laissant les femmes piégées dans un environnement endommagé et dangereux, sans protection ni accès à un abri.
. Transfert soudain d’un grand nombre de détenus vers la tristement célèbre prison du Grand Téhéran . Les autorités pénitentiaires n’ont pas transféré les prisonniers blessés à l’hôpital ni assuré une prise en charge médicale adéquate.

700 arrestations, 6 exécutions... Comment le régime iranien réprime "pour masquer son échec militaire" 
TV5 Monde/IHRNGO, 26 juin 2025
Alors qu'un cessez-le-feu est entré en vigueur entre l'Iran et Israël, mardi 24 juin 2025, après une guerre de 12 jours, le régime iranien semble livrer une autre guerre sur son territoire : la répression et l'arrestation de nombreux civils. Les forces paramilitaires des Gardiens de la révolution et du Basij sont en état d'alerte et la sécurité intérieure est désormais la priorité.
Si les bombes ont arrêté de pleuvoir sur l'Iran, suite au cessez-le-feu bilatéral avec Israël décrété mardi 24 juin 2025, la répression par le régime iranien elle, s'intensifie. Les médias officiels iraniens ont fait état de l'arrestation de 700 personnes accusées d'espionnage ou d'avoir collaboré avec Israël. Trois hommes, Idris Ali, Rasoul Ahmad Rasoul et Azad Shojai, ont été exécutés à Oroumieh, accusés de "coopération en faveur du régime sioniste", a annoncé le pouvoir judiciaire…

Iran : après les bombes, la répression
Amnesty International, 27juin 2025
Après l’offensive israélienne contre l’Iran, la population civile subit une autre forme de violence : la répression de la société civile s'est considérablement durcie. Depuis la mi-juin, sous prétexte d'une chasse aux espions et aux personnes accusées de "collaboration" avec Israël, les arrestations et les exécutions arbitraires et expéditives  se multiplient. Un engrenage alarmant.
Loin des regards et sous couvert de sécurité nationale, des dizaines de personnes ont été arrêtées par les autorités iraniennes depuis le déclenchement  de l’offensive israélienne Rising Lion dans la nuit du 12 au 13 juin. Toutes sont accusées de "collaboration" ou d’"espionnage" pour le compte d’Israël.  
Ces arrestations s’accompagnent d’appels officiels à des procès expéditifs et à des exécutions rapides lancé par les autorités judiciaires. Au moins cinq personnes ont d’ailleurs été exécutées en l’espace de quelques jours. Parmi elles, Esmail Fekri, sommairement pendu le 16 juin à l’issue d’un procès d’une iniquité flagrante.
Fragilisée par les frappes israéliennes et américaines, les autorités iraniennes se retournent désormais contre leur propre population, resserrant encore un peu plus leur étau contre la société civile...

Douze jours sous le feu : un rapport complet sur la guerre Iran-Israël
HRANA, 28 juin 2025
La campagne aérienne israélienne de 12 jours en Iran a fait au moins 5 665 victimes – 1 190 morts et 4 475 blessés – dans 28 provinces, paralysé des réseaux vitaux d'énergie, de soins médicaux et de communication, et déclenché la plus grande répression depuis des années, avec 1 596 arrestations. 
Notre nouveau rapport, « Douze jours sous le feu », s'appuie sur des milliers de données de terrain pour cartographier plus de 300 frappes rien qu'à Téhéran, 109 frappes vérifiées contre des installations civiles et un profil de cibles préoccupant : 62 % des sites étaient à double usage ou faisaient encore l'objet d'une enquête, 16 % probablement civils et seulement 22 % militaires – des chiffres qui soulèvent de sérieuses questions quant au respect du droit humanitaire. Au-delà des chiffres, l'étude documente l'effondrement des réseaux bancaires, les coupures de courant continues et les déplacements massifs de population, soulignant l'urgence d'enquêtes indépendantes, de réparations et d'une attention internationale soutenue…

Deux autres femmes exécutées en Iran
Hengaw, 28 et 29 juin 2025 
. Talat Sabzi, prisonnière de 47 ans, a été exécutée avec un autre prisonnier, dans la prison
centrale de Qom. Elle avait été arrêtée 5 ans auparavant pour des accusations de meurtre et, à l’issue d’une procédure judiciaire, avait été condamnée à mort. La nouvelle de cette exécution, menée à l’aube du mardi 24 juin, vient seulement d’être divulguée.
. Hafizeh Balouchzehi, 25 ans, a été exécutée en secret le 4 mai 2025, en même temps que 8 autres prisonniers, dans un lieu non révélé.
Mizan online a rapporté ces exécutions le 9 juin 2025, précisant que les victimes étaient accusées d’appartenance au groupe appelé "État islamique" . Le rapport n’a pas mentionné le lieu de leur exécution.
Avec l’exécution de ces deux prisonnières, le nombre de femmes exécutées en Iran en 2025 s’élève désormais à 23.

Féminicides en Iran
. Mahboubeh Delavari, 42 ans, assassinée par son mari
WNCRI, 29 juin 2025
Mahboubeh Delavari, enseignante de 42 ans résidant à Ilam, a été tuée par son mari le dimanche 22 juin 2025.
Le meurtre a eu lieu lors d'une dispute familiale concernant des questions financières et la décision de Delavari d'acheter une maison à Sarbandar, une idée à laquelle son mari s'opposait. Au cours de l'altercation, son mari de 47 ans l'a mortellement frappée au crâne avec un pot de fleurs, entraînant sa mort.
Après le meurtre, le corps de Mahboubeh a été enveloppé dans une couverture et laissé à l'intérieur de leur domicile pendant près de 24 heures, tandis que l'agresseur restait sur place.
. Solmaz Abbasi brutalement assassinée par son mari à Oroumieh
Hengaw, 29 juin 2025
Solmaz Abbasi, entraîneuse de volley-ball basée à Oroumieh, a été sauvagement poignardée à mort par son mari. Selon les premières informations, le motif de l’agression était sa demande de divorce.
L’incident s’est produit le samedi 28 juin, au cabinet de l’avocat d’Abbasi, où elle a été agressée et mortellement poignardée par son mari.
Des sources proches du dossier ont rapporté que l’agresseur avait tué sa femme suite à sa demande de divorce, puis avait tenté de se suicider après avoir commis le crime.

La prison d'Evin évacuée après des frappes aériennes : les détenus transférés dans des conditions inhumaines et dans le noir total pour les familles
HRANA, 29 juin 2025
Suite au transfert massif de prisonniers politiques et de prisonniers de sécurité de la prison d'Evin vers des établissements tels que Qarchak, le pénitencier du Grand Téhéran et Ghezelhesar, des rapports indiquent que ces transferts ont été effectués sans respect des normes fondamentales, notamment la séparation selon le type d'infraction, des conditions de vie décentes, l'accès aux services de base et le droit de contacter les membres de leur famille. Ces transferts brutaux et forcés ont été effectués sans communication transparente de la part des autorités compétentes, suscitant de vives inquiétudes parmi les familles des prisonniers.
Les prisonnières politiques, transférées brutalement et de force à la prison de Qarchak Varamin, ont d'abord été confinées dans une salle de quarantaine exiguë et insalubre. Elles ont ensuite été transférées dans un gymnase dépourvu des installations les plus élémentaires, notamment de lits, et doté de quelques toilettes seulement. Finalement, elles ont été renvoyées en salle de quarantaine, où elles continuent d'être détenues dans des conditions qui ne tiennent pas compte de leur classification criminelle et ne répondent pas aux normes minimales de vie.
À la prison du Grand Téhéran, les détenus des halls 3 et 4 du quartier 2 sont incarcérés dans des cellules qui dépassent largement leur capacité prévue de 20 personnes. Cette surpopulation extrême a entraîné une forte augmentation du nombre de personnes dormant à même le sol, des tensions accrues entre détenus et une grave dégradation des conditions sanitaires.