02 octobre 2025

AFIF INFOS Septembre (2/2) 2025

  Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran 

Trois ans après le soulèvement de 2022 en Iran
Le 16 septembre, nous commémorons le troisième anniversaire du soulèvement historique de 2022, déclenché par le décès tragique de Jina Mahsa Amini en détention. Ce jour-là, des millions de voix se sont unies à travers l’Iran autour d’un même cri : " Femme, Vie, Liberté". Aujourd’hui, ce cri s’élève encore, plus puissant, transformé en " Femme, Résistance, Liberté ".
Ce mouvement, réprimé avec une violence extrême par les autorités, a coûté la vie à plus de 750 Iraniens, dont plus de 70 enfants. Trois ans plus tard, le souvenir de ces victimes continue d’incarner la quête de justice et de liberté du peuple iranien, au-delà des frontières du pays.


La Rapporteuse Spéciale de l’ONU dénonce les violations persistantes des droits humains en Iran à l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini 
@dmaisato, 16 septembre 2025 
«Aujourd’hui, nous rendons hommage à Jina Mahsa Amini, une Kurde iranienne, dont la mort il y a trois ans et le courage dont elle a fait preuve ont captivé l’imagination de millions de personnes et déclenché un mouvement pour les droits et la liberté des femmes. Comme sa famille l’avait pressenti, par les mots inscrits sur sa tombe le jour de ses funérailles, son nom est devenu un symbole.
Trois ans plus tard, il reste encore beaucoup à faire pour les droits des femmes en République islamique d’Iran. Comme je l’ai souligné dans mon rapport au Conseil des droits de l’homme cette année, les femmes iraniennes continuent de subir de graves restrictions à leurs libertés fondamentales. https://tinyurl.com/53j69xwu
La loi sur le hijab a été adoptée, mais elle n’a pas été appliquée, ce qui témoigne d’une réflexion prudente au sein de l’État. Cependant, le port du hijab reste obligatoire en vertu du Code pénal. Au-delà des codes vestimentaires, les femmes sont confrontées à d'importantes restrictions et discriminations en matière de santé, de mariage, d'héritage, de voyages et de nombreux autres aspects de leur vie.
En 2025, les hommes ayant participé aux manifestations de 2022 continuent d'être exécutés.
Trois ans plus tard, les droits des femmes et des filles iraniennes et de leurs alliés exigent notre attention et notre action continues.»

Le décès en prison de Maryam Shahraki 
Iran HRM, 16 septembre 2025 
Maryam Shahraki, 40 ans, mère de deux jeunes enfants est décédée dans la prison de Fardis, à Karaj. Son seul “crime” : ne pas avoir pu régler une dette de 300 millions de tomans. Elle a perdu la vie en détention, victime d’une négligence médicale flagrante.
Le jeudi 11 septembre 2025 au soir, Maryam Shahraki a été transférée à l’infirmerie de la prison avec de vives douleurs à la poitrine, elle présentait des signes clairs de problème cardiaque. Pourtant, le médecin de garde a attribué la douleur à un trouble gastrique. Sans procéder à aucun examen ni l’adresser à un centre médical spécialisé, il s’est contenté de lui prescrire quelques comprimés.
Quelques heures plus tard, à l’aube du vendredi 12 septembre 2025, Maryam Shahraki a subi une chute brutale de tension artérielle. Avant même qu’un transfert à l’hôpital ne soit organisé, elle a succombé. 

Zahra Fotouhi, 52 ans, pendue à Tabriz 
wncri, 19 septembre 2025
Le pouvoir judiciaire iranien a fait exécuter à l’aube du mercredi 17 septembre 2025, une femme de 52 ans nommée Zahra Fotouhi dans la prison centrale de Tabriz.
Zahra avait été arrêtée il y a cinq ans pour avoir tué son ex-mari et détenue sous le coup d’une condamnation à mort. Elle était victime de violences domestiques et de harcèlement de la part de son ex-mari.

Mort suspecte d’une détenue à la prison de Qarchak
kurdistan-au-feminin/wncri, 20 septembre 2025 
Jamileh Azizi, une détenue incarcérée à la prison de Qarchak, est décédée dans des circonstances suspectes à la suite d’une négligence médicale et du refus de soins appropriés.
Selon les informations Jamileh Azizi souffrait depuis longtemps d’une grave maladie et d’un important gonflement du corps. Cependant, pendant plus de 10 jours, les autorités pénitentiaires ont empêché son transfert à l’infirmerie, et elle est décédée faute de soins médicaux.
Cela s’est produit alors que sa libération sous caution avait déjà été obtenue et qu’elle devait être libérée prochainement. Sa famille et ses proches ont tenu les autorités pénitentiaires directement responsables de sa mort.

Après Bruxelles, un autre grand rassemblement des Iraniens à New York pour réclamer un changement démocratique en Iran
New York, le 23 et 24 septembre 2025 
Après l’immense rassemblement de la diaspora iranienne en Europe le 6 septembre à Bruxelles, des Iraniens d’Amérique, sympathisants de la Résistance iranienne et de dignitaires internationaux se sont réunis les 23 et 24 septembre ont manifesté devant le siège de l’ONU à New York, appelant à des changements démocratiques en Iran et rejetant la légitimité de Massoud Pezeshkian condamnant sa présence à l’Assemblée générale de l’ONU.
Ils ont déclaré que l’ère de la dictature en Iran, que ce soit le Chah ou sous le mollah était révolue. 
Les intervenants ont dénoncé, l’un après l’autre, l’escalade des exécutions, l’agression régionale et la tromperie nucléaire du régime, tout en affirmant leur soutien à la Résistance organisée menée par la présidente élue du CNRI,  Maryam Radjavi, et à son Plan en dix points pour une république laïque, démocratique et non nucléaire. 
Les participants ont appelé la communauté internationale à faire respecter les résolutions de l’ONU, à reconnaître le droit du peuple iranien de choisir son gouvernement et à rejeter toute politique d’apaisement tout en soutenant l’alternative démocratique proposée par le CNRI.

Mahnaz Dehghani parmi 13 femmes exécutées en 56 jours
wncri, 24 septembre 2025
Le mercredi matin 24 septembre 2025, Mahnaz Dehghani, détenue condamnée pour meurtre, a été exécutée à la prison d’Adelabad à Chiraz.
Ni les autorités de la prison d’Adelabad ni les institutions judiciaires du régime iranien n’ont publié de déclaration officielle concernant cette affaire.
Avec la pendaison de Mahnaz Dehghani, le nombre de femmes exécutées en Iran depuis le début de l’année 2025 atteint 37.

Mort de Somayeh Rashidi : la négligence carcérale fait une nouvelle victime en Iran
IranHRS/AFP/CSDHI, 25 septembre 2025 
Somayeh Rashidi, 42 ans, est décédée après 10 jours de coma consécutifs à des crises d’épilepsie à la prison de Qarchak à la sinistre réputation. Le personnel pénitentiaire a qualifié son état de simulation, retardant les soins. 
Née en 1983 à Téhéran, Somayeh Rashidi a attiré l’attention des autorités par ses actes de contestation. Le 24 avril 2025, elle a été arrêtée pour avoir inscrit des slogans dans le quartier de Javadieh. Elle a été interrogée au poste Aghahi 15 Khordad avant d’être envoyée dans l’aile des femmes de la prison d’Evin, son chef d’accusation : "propagande contre le régime". Peu après, la frappe israélienne contre Evin, Somayeh Rashidi a été transférée avec des centaines de détenues vers la redoutable prison de Qarchak dans des conditions insalubres : surpopulation, manque d’hygiène et pénurie de médicaments. Pour une personne épileptique, cet environnement était mortel.
Selon la justice iranienne, Somayeh Rashidi, qui avait déjà été arrêtée en 2022 puis en 2023, était accusée d'appartenir au mouvement d'opposition en exil des Moudjahidines du peuple (OMPI) - interdit en Iran.

Décès d’une autre détenue à Qarchak , 3ème cas de négligence médicale en septembre
Kurdistan au féminin, 26 septembre 2025 
Soudabeh Asadi, détenue à la prison de Qarchak Varamin, est décédée après être tombée malade et s’être vu refuser un transfert rapide vers un établissement médical. Elle est la troisième femme à décéder dans cette prison en septembre seulement, faute de soins médicaux adéquats.
L’administration pénitentiaire et les autorités judiciaires sont restées jusqu’à présent silencieuses sur les circonstances de son décès.
Des sources proches du dossier ont indiqué qu’elle purgeait une peine pour des infractions financières.
Les décès de trois prisonnières dans la prison de Qarchak Varamin dans des circonstances similaires en septembre mettant en évidence une tendance à la négligence médicale systématique.

Des experts de l'ONU consternés par la vague d'exécutions sans précédent en Iran, qui a fait plus de 1 000 morts en 9 mois
OHCHR, 29 septembre 2025
«…Au moins 1 000 exécutions ont été recensées depuis le 1er  janvier 2025. En raison du manque de transparence de l’Iran, le nombre réel est probablement bien plus élevé.
La plupart des exécutions connues concernaient des infractions liées à la drogue et des meurtres, suivis par des infractions liées à la sécurité et des viols…
Le droit international limite la peine capitale aux seuls "crimes les plus graves", interprétés comme le meurtre intentionnel. "Les infractions liées aux stupéfiants n'atteignent pas ce seuil ".
L'Iran a également exécuté 10 personnes accusées d'espionnage, dont 8 après le 13 juin, suite à l'agression militaire israélienne.
Un nouveau projet de loi sur l'espionnage, introduit après l'escalade militaire, élargit considérablement le champ des comportements considérés comme de l'espionnage pour inclure les activités liées à la diffusion d'informations et au travail médiatique, comme les contacts avec les médias étrangers et de la diaspora.
"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à de telles violations systématiques du droit à la vie". "Les États doivent prendre des mesures diplomatiques concrètes pour faire pression sur l'Iran afin qu'il mette fin à cette vague d'exécutions". »

88ème semaine de la campagne "Non aux mardis des exécutions" dans 52 prisons iraniennes
IranHRS/AFIF, mardi 30 septembre 2025
Des prisonniers issus de 52 prisons iraniennes observent ce mardi 30 septembre une grève de la faim hebdomadaire afin de briser le silence face à la vague d’exécutions massives imposée par le régime. Leur action symbolise la détermination de milliers de détenus à dire non à la peine de mort et à affirmer que chaque geste de résistance rapproche l’Iran de l’abolition de la machine de mort.
Dans leur déclaration, les grévistes ont également condamné avec force la négligence médicale qui a récemment coûté la vie à trois prisonnières dans la prison de Qarchak. Ils soulignent que cette politique délibérée d’abandon médical s’ajoute à la brutalité des exécutions et démontre la volonté du régime de transformer les prisons en lieux de mort lente.
En cette 88e semaine de la campagne “Non aux mardis des exécutions”, les familles courageuses et les proches des condamnés se dressent une fois de plus pour exiger l’arrêt immédiat de toutes les exécutions et l’annulation des condamnations capitales.