Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE
Tsunami d’exécutions en Iran
AFIF, 1er octobre 2025
Au moins 200 prisonniers, dont 6 femmes ont été pendus en septembre 2025 sur l’ordre du pouvoir judiciaire en Iran.
C’est le record du nombre le plus élevé en un mois depuis 36 ans. Ce chiffre effrayant est environ 2,5 fois supérieur à celui de septembre 2024 (84 exécutions) et 7 fois celui de septembre 2023 (29 exécutions).
. Au moins 1000 exécutions depuis le début de l'année
ONU/AFP/IHR
A trois mois de la fin de l'année, ce chiffre, le plus élevé depuis 2008, dépasse déjà le record d'au moins 975 exécutions enregistrées en 2024.
Au moins 64 exécutions ont eu lieu durant la seule semaine dernière, soit une moyenne de 9 pendaisons par jour…
La majorité des cas concernent des crimes liés à la drogue, alors que le droit international réserve la peine capitale aux meurtres intentionnels.
Par ailleurs, l’Iran a exécuté 10 personnes pour espionnage, dont 8 après le 13 juin 2025, dans un contexte de tensions militaires accrues avec Israël. À la suite de ces événements, un nouveau projet de loi a élargi la définition de l’espionnage pour inclure des activités telles que les contacts avec des médias étrangers ou de la diaspora iranienne.
L’es Nations unies exhorte l’Iran à instaurer un moratoire, à garantir des procès équitables et à avancer vers l’abolition de la peine de mort.
La rapporteuse spéciale, Mai Sato, a également exprimé son inquiétude concernant le transfert forcé de cinq prisonniers politiques condamnés à mort.
Nasimeh Islam Zehi et sa fillette de 6 mois toujours détenus à la prison d'Evin
HRANA, 4 octobre 2025
Nasimeh Islam Zehi, accusée sunnite pour des raisons de sécurité, est détenue à la prison d'Evin avec son bébé de 6 mois depuis plus d'un an sans jugement ni décision judiciaire. Les conditions de détention inadéquates pour son bébé exacerbent les inquiétudes, elles ne sont en aucun cas adaptées à l'éducation d'un enfant et constituent une menace sérieuse pour sa santé physique et mentale.
Agée d'une quarantaine d'années, Nasimeh, a donné naissance à son enfant en prison début mai de cette année à d'Evin, où elle est détenue dans l'incertitude depuis plus d'un an, sans qu'aucun procès n'ait encore eu lieu. Cette mère et sa fille nouveau-née, Tasnim, ont été détenues dans une cellule d'isolement sans ventilation adéquate ni lumière suffisante pendant environ 40 jours, puis transférées dans le service des femmes.
Une femme de 25 ans exécutée à la prison de Zanjan, 39ème femme pendue depuis le début de l’année 2025
wncri, 5 octobre 2025
Dans la matinée du mercredi 24 septembre 2025, la peine de mort de Roya Abbas-zadeh, une femme de 25 ans, a été appliquée à la prison centrale de Zanjan. Elle avait été condamnée à mort il y a 4 ans pour "meurtre prémédité", à la suite d’une plainte déposée par la famille de son fiancé.
Roya Abbas-zadeh, qui vivait dans un village situé entre Takestan et Zanjan, aurait été contrainte par sa famille à un mariage arrangé et non désiré.
Militante condamnée à l’emprisonnement et à des peines complémentaires
HRANA, 6 octobre 2025
Elham Salehi, une militante de 37 ans basée à Téhéran, avait déjà fait l'objet de poursuites judiciaires en raison de son activisme.
Actuellement détenue à la prison de Qarchak à Varamin, Elham Salehi a été condamnée suite à un jugement rendu à ce jour par la 23e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran.
Il prévoit une peine d'un an d'emprisonnement discrétionnaire et, à titre de peine complémentaire, une interdiction d'activité sur les réseaux sociaux pendant deux ans.
Elle est accusée de "propagande contre le régime", "diffusion de fausses informations" et "apparition en public sans hijab". La militante a été transférée à la prison de Qarchak le 26 août 2025, après avoir été arrêtée début août à son domicile à Téhéran par les forces de sécurité.
90 ans de prison contre 10 femmes bahaïes à Ispahan
HRANA, 6 octobre 2025
La Cour d'appel d’Ispahan confirme la peine combinée de 90 ans, contre Negin Khademi, Yeganeh Agahi, Yeganeh Roohbakhsh, Neda Badakhsh, Mojgan Shahrezaei, Shana Shoughifar, Arezoo Sobhanian, Parastoo Hakim, Bahareh Lotfi et Neda Emadi .
Selon le verdict, elles ont été reconnues coupables de « propagande contre la République islamique » et de « participation à des activités promotionnelles et éducatives déviantes contraires à la loi islamique ». Ces accusations portaient sur des activités telles que l'organisation de cours d'anglais, d'art, de musique et de yoga, ainsi que d'excursions nature pour enfants et adolescents, dont des Iraniens et des Afghans.
Ces peines sont assorties d’amendes et de peines complémentaires, 900 millions de tomans d'amende, la confiscation de leurs biens au profit de l'État et deux ans d'interdiction de voyager à l'étranger et d'utiliser les réseaux sociaux.
25 ans de prison contre une citoyenne bahaïe
HRANA, 8 octobre 2025
La peine de 25 ans de prison prononcée contre Rouya Sabet, citoyenne bahaïe résidant à Chiraz, a été confirmée dans son intégralité par la Cour d'appel de la province du Fars.
Rouya Sabet, résidant aux Émirats arabes unis, a été convoquée et arrêtée par les services de renseignement du CGRI à Chiraz le 15 février 2024, alors qu'elle était en visite dans la ville. Elle a été libérée environ 5 mois plus tard de la prison d'Adelabad, à Chiraz, après avoir versé une caution.
La cour d’appel l’a condamnée à 10 ans de prison pour chacun des chefs d'accusation suivants : "collaboration et communication avec des ressortissants et des institutions israéliens" et "formation et direction d'un groupe dans l'intention d'agir contre la sécurité nationale". Elle a également été condamnée à 5 ans de prison pour "activité de propagande religieuse contraire à la charia", à deux ans d'interdiction de voyager (y compris l'annulation de son passeport), 5 ans de privation de ses droits sociaux et une interdiction d'activité en ligne.
Féminicide
Raheleh Siavoshi, championne nationale de wushu tuée par son mari
wncri, 8 octobre 2025
Dans un nouveau cas hautement tragique de féminicide en Iran, Raheleh Siavoshi, championne nationale et entraîneuse de wushu, a été tuée par son mari dans la ville de Nahavand, province de Hamedan.
Jeudi 2 octobre 2025, l’athlète de 26 ans également mère d’un bébé de 2 mois a été attaquée violemment par son mari et cousin, Homayoun Siavoshi, à l’intérieur de leur domicile. Elle a reçu plusieurs coups de couteau à la tête et au corps et est décédée deux jours plus tard à l’hôpital.
Raheleh Siavoshi faisait partie des athlètes de wushu les plus prometteuses d’Iran, ayant remporté plusieurs titres nationaux ces dernières années, dont la troisième place aux championnats nationaux de 2021.
Le meurtre a été commis après des disputes concernant la participation de Raheleh à un stage national et la poursuite de ses activités sportives professionnelles. Après l’attaque, le coupable s’est également donné la mort.
Le corps de Raheleh Siavoshi a été inhumé le dimanche 5 octobre 2025 à Nahavand, dans une profonde émotion de la part de sa famille, de ses amis et de ses élèves.
Transfert des prisonnières politiques de la prison de Qarchak à d’Evin
wncri/AFIF, 9 octobre 2025
Aux premières heures du jeudi 9 octobre 2025, un groupe de prisonnières politiques qui avaient été transférées à la prison de Qarchak à Varamin à la suite de l’attaque contre Evin durant le conflit de 12 jours ont été renvoyées à la section 6 de la prison d’Evin à Téhéran.
Ce transfert a eu lieu avec une importante présence sécuritaire et plusieurs bus escortés par les forces de sécurité. Les gardiennes auraient effectué des fouilles corporelles et des contrôles stricts des bagages lors de l’arrivée des prisonnières.
Mais la prisonnière politique de longue date Maryam Akbari Monfared reste enfermée à Qarchak aux côtes de détenues de droit commun, en violation flagrante du principe de séparation des prisonniers.
Maryam est emprisonnée depuis 16 ans, sans un seul jour de permission, pour avoir osé réclamer justice pour ses 3 frères et sa sœur - membres martyrisés de l’OMPI - exécutés dans les années 1980.
Le transfert est intervenu après la mort de la prisonnière politique Somayeh Rashidi, détenue à la prison de Qarchak, décédée à la suite d’un refus de soins médicaux. Sa mort a suscité une vague d’indignation et de protestations, tant à l’intérieur du pays qu’à l’international.
Le 30 septembre 2025, 30 prisonnières politiques détenue à Evin ont publié une déclaration conjointe condamnant les "conditions inhumaines" auxquelles sont soumises les prisonnières politiques à Qarchak, et exigeant leur transfert immédiat de vers Evin.
Lennart Monterlos de retour en France après plusieurs mois de détention en Iran
Lennart Monterlos, le cyclotouriste franco-allemand de 19 ans qui avait été emprisonné en juin en Iran avant d'être libéré le week-end dernier, est arrivé jeudi 9 octobre dans la matinée à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.
Il est sorti de l'aéroport en toute discrétion. Interrogés par l’AFP, le ministère français des Affaires étrangères, et l’avocate de ses parents, Me Chirinne Ardakani, se sont refusés à tout commentaire.
10 octobre la Journée mondiale contre la peine de mort
Entre octobre 2024 et octobre 2025
1 537 exécutions en Iran, 8 en public, 3 mineurs délinquants, 49 femmes
+113 % par rapport à la période précédente
+48% liées à des accusations de trafic de stupéfiants
+43% prononcées pour meurtre présumé
Rassemblement citoyen à Paris contre la peine de mort en Iran
AFIF, 11 octobre 2025
À l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, des militants iraniens et français des droits humains se sont rassemblés autour de la Fontaine des Innocents, au cœur de Paris pour dénoncer la hausse alarmante des exécutions en Iran et réclamer l’abolition de la peine de mort.
Une exposition émouvante montrait les portraits des Iraniens tombés pour la liberté, assassiné par la dictature religieuse et informait sur le bilan effrayant de 1100 exécutions depuis le début de l’année 2025.
Jean-Didier Berthault, Conseiller de Paris du 17ᵉ arrondissement a rappelé que l’abolition universelle de la peine de mort doit demeurer un objectif prioritaire. Isabelle Prat, juriste et ancienne magistrate a soulevé des enjeux juridiques et souligné la dimension politique de nombreuses exécutions en Iran.
Féminicides
Membre du groupe d’études féminines de l’Université de Téhéran assassinée par son mari
fararu.com/ hra-news.org, 12 et 13 octobre 2025
Zahra Ghaemi, universitaire, défenseure des droits des femmes et membre du groupe d’études féminines de l’Université de Téhéran, a été assassinée par son mari.
Elle est devenue victime de violences domestiques après avoir demandé une séparation et un divorce. Son mari l’a tuée en l’étranglant dans son sommeil. Zahra Ghaemi était mère d’une fille de 12 ans. Employée à la faculté des sciences médicales de l’Université de Téhéran, elle avait consacré une grande partie de ses travaux universitaires et éducatifs à la lutte contre la discrimination et la violence faites aux femmes.
Deux Français condamnés à des décennies de prison en Iran
Mizan, le site web affilié au pouvoir judiciaire iranien, a rapporté que deux Français ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour "espionnage" et "coopération en matière de renseignement avec Israël".
Bien que le communiqué ne mentionne pas les noms des deux accusés, des médias indépendants et des déclarations officielles des autorités françaises indiquent que les peines concernent probablement Cécile Kohler et Jacques Paris, deux ressortissants français arrêtés en Iran en 2022. Le gouvernement français a appelé à plusieurs reprises à leur libération, et le président Emmanuel Macron aurait évoqué leur cas lors d'une récente réunion avec des responsables de la République islamique. Le ministère français des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire.
90ᵉ semaine de la campagne "Mardis contre les exécutions" dans 52 prisons en Iran
AFIF, 14 octobre 2025
La 90ᵉ semaine de cette campagne nationale a été marquée ce mardi 14 octobre, par un puissant élan de résistance dans 52 prisons à travers l’Iran. Les prisonniers ont, une fois encore, fait entendre leur refus du meurtre légalisé, dénonçant la machine infernale de la peine de mort que le régime continue d’imposer.
Dans leur déclaration cette semaine, ils ont manifesté leur reconnaissance envers les familles et les citoyens qui s’activent dans la campagne à l’extérieur des prisons…
De nombreuses familles de détenus condamnés à mort se rassemblent courageusement devant les prisons iraniennes, clamant "Non aux exécutions" (نه به اعدام), au péril de leur propre sécurité.
Iran : Les États membres de l’ONU doivent d’urgence faire pression sur les autorités pour mettre fin aux exécutions après une augmentation terrifiante
Amnesty International, 16 octobre 2025
«Les États membres de l’ONU doivent affronter la frénésie d’exécutions menée par les autorités iraniennes avec toute l’urgence qu’elle exige.
Plus de 1 000 personnes ont déjà été exécutées en Iran depuis le début de l’année 2025 – soit une moyenne de 4 par jour. Depuis le soulèvement Femme, Vie, Liberté de 2022, les autorités iraniennes ont de plus en plus instrumentalisé la peine de mort pour semer la peur au sein de la population, écraser toute dissidence et punir les communautés marginalisées. Cette année, le nombre d’exécutions a atteint un niveau inédit depuis 1989… »
Kafieh Qobadzadeh exécutée à Chiraz est la 2ème femmes pendues mercredi
wncri.org, 17 octobre 2025
La prisonnière Kafieh Qobadzadeh, originaire d’Ispahan, a été exécutée dans la matinée du mercredi 15 octobre à la prison centrale de Chiraz, après avoir passé 7 ans dans le couloir de la mort. Elle n’avait que 23 ans au moment de son arrestation, accusée d’avoir tué son mari violent et constamment soupçonneux à son égard, ce qui a finalement conduit à une confrontation se terminant par sa mort.
Ce même jour, Nahid Hemmati a été pendue à la prison de Nahavand, située dans la province de Hamedan.
Depuis le début de la semaine, trois femmes ont été exécutées en Iran. Le lundi 13 octobre, une autre femme nommée Zeinab Khodabandeh a été pendue à la prison de Dastgerd, à Ispahan.
42 femmes ont été exécutées depuis le début de l’année
2025
Iran : Grève de la faim collective de 1500 prisonniers à Qezel Hesar
AFIF, 18 octobre 2025
À la prison de Qezel Hesar, l’un des symboles de la terreur carcérale en Iran, la contestation a pris une ampleur sans précédent. Le 12 octobre, près de 1500 prisonniers du quartier 2 de cette prisons ont entamé une grève de la faim collective après le transfert de 11 condamnés à mort en isolement, signe avant-coureur de leur exécution imminente.
Malgré les répressions des autorités pénitentiaires, rien n’a pu faire taire les voix qui s’élèvent pour le 6ème jour consécutif dans les couloirs de Qezel Hesar.