03 novembre 2025

AFIF INFOS Octobre (2/2) 2025

Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE


Record d'exécutions en Iran
La peine de mort n'est plus une réponse judiciaire, mais un mécanisme d'élimination
En octobre 2025, 279 personnes dont huit femmes et un mineur  ont été pendues en Iran
Plus de 1 300 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année 2025, un chiffre sans précédent, un record absolu depuis plus de 30 ans. Des milliers d’autres sont menacées dans les couloirs de la mort, les autorités iraniennes continuant d’instrumentaliser la peine de mort. Derrière ces statistiques effroyables se cachent des drames humains : des procès expéditifs, des aveux extorqués sous la torture, et l’absence quasi totale de garanties juridiques.


Journée internationale des femmes rurales 
Iran HRM, 15 octobre 2025 
Résumé d’un rapport analytique 
En Iran, plus de 11 millions de femmes rurales et nomades soutiennent l’économie agricole tout en vivant dans la pauvreté, la discrimination, l’injustice, sans droits fonciers, ni protection sociale, ni accès équitable à l’éducation et à la santé . 
Bien qu’elles assurent la majorité du travail agricole, seules 6 % possèdent des terres. Privées de droits, d’assurance et de revenus, elles sont victimes de lois patriarcales, notamment l’article 948 qui les exclut de l’héritage foncier.
Leur vie est marquée par la misère, les mariages précoces, l’analphabétisme et le manque d’accès à l’eau et à internet.
Du travail aux prisons, des champs jusqu’à l’échafaud
En 2025, au moins 40 femmes issues de zones rurales ont été exécutées, souvent pour des crimes liés à la survie ou à la défense face à des violences. Les femmes baloutches, kurdes et nomades subissent une triple oppression : économique, ethnique et de genre. 
l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, un appel est lancé à la communauté internationale à agir pour abolir les lois discriminatoires et protéger ces femmes essentielles mais invisibles, celles qui nourrissent l’Iran.
Malgré les condamnations répétées des organisations internationales face à la montée des exécutions et à la discrimination ethnique, le sort des femmes rurales d’Iran demeure largement ignoré par le monde.

Déploiement de 80 000 "agents de la vertu" et création d'une "cellule de la chasteté" à Téhéran
Sharghdaily.ir /AFIF, 17 octobre 2025
Rohollah Momen-Nasab, secrétaire du Siège pour la promotion de la vertu et la prévention du vice de la province de Téhéran, a exposé lors d’une conférence de presse, l’objectif global de cette organisation qu'est "de lutter de manière intelligente contre le sécularisme et l’indifférence sociale".
Il a déclaré que la priorité principale du Siège réside dans "la formation, l’organisation et la mobilisation de plus de 80 000 promoteurs du bien et de 4 575 instructeurs et agents judiciaires".
Il a également annoncé la création d’une "salle de situation pour la vertu et le hijab", en coopération avec des institutions culturelles et exécutives, et a invité l’ensemble de la population à rejoindre le "QG des observateurs citoyens ".
Les autorités visent également à renforcer la surveillance du cyberespace, en coopération avec la police du cyberespace et le parquet, pour identifier et poursuivre les "contrevenantes", avec l’aide de signalements d’informateurs publics.
Dans un contexte de crises sociales et économiques croissantes, plutôt que d’apaiser les tensions, ces projets aggravent la colère des femmes et des jeunes. 

Solidarité des prisonnières politiques d’Evin avec Qezel Hesar en grève
CSDHI/AFIF, 18 octobre  2025 
À la suite des manifestations massives et de la grève de la faim menée par des prisonniers condamnés à mort dans la prison de Qezel Hesar, un groupe de prisonnières politiques détenues à la prison d’Evin, a publié une déclaration exprimant son soutien à ce mouvement et appelant à l’abolition nationale de la peine de mort.
Dans leur déclaration, récemment diffusée depuis la section des prisonnières politiques d’Evin, les prisonnières soulignent que "la propagation de la pauvreté, de la corruption et des inégalités ne fait pas seulement croître la criminalité, mais sert également de prétexte au régime pour perpétuer le cycle des exécutions et de la répression sociale"... 
"La section des femmes d’Evin honore le courage des détenus de Qezel Hesar et se tient aux côtés de celles et ceux condamnés à mort ainsi que de leurs familles, jusqu’à l’abolition complète de la peine capitale".
"Comme les prisonniers de Qezel Hesar l’ont demandé, nous espérons que l’opposition aux exécutions devienne une cause nationale et collective". 

Hoda Mehreganfar en danger de mort à la prison d’Adelabad 
wncri.org, 19 octobre 2025
La prisonnière politique Hoda Mehreganfar, ingénieure en électronique âgée de 38 ans, se trouve dans un état critique à la prison d’Adelabad à Chiraz. Son kyste endométriosique s’est reformé, présentant un risque sérieux de rupture et d’infection interne. Malgré la gravité de sa situation, les services de sécurité continuent d’empêcher son transfert à l’hôpital et mettent sa vie en grand danger.
Elle souffre actuellement de douleurs chroniques, de forte fièvre et d’une grande faiblesse, tout en étant privée des médicaments prescrits pour soulager son état. D’après sa famille, "Hoda est détenue dans des conditions qui ne lui permettent ni de se reposer, ni de se nourrir correctement. Son état physique se détériore de jour en jour".
Privée de visites familiales, sous pression psychologique constante.

La "torture blanche" continue contre les femmes dans la prison d’Evin
Une prisonnière politique gravement malade privée délibérément de soins médicaux, son fils porté disparu
La persécution collective d’une famille entière
CSDHI, 20 octobre 2025
Shiva Esmaeili, prisonnière politique détenue à Evin depuis 2020, souffre de douleurs chroniques et de difficultés respiratoires, mais les autorités lui refusent tout soin médical et bloquent son transfert à l’hôpital. 
Condamnée à 10 ans pour activisme pacifique lors d’un procès à huis clos, elle est privée de communication familiale et subit des abus psychologiques.
Pendant que Shiva Esmaeili souffre dans sa cellule d’Evin, son fils de 37 ans, Mehdi Vafaei Sani, est porté disparu depuis le 8 octobre 2025. Également prisonnier politique, technicien de formation, il purgeait une peine de 6 ans de prison pour prétendue appartenance à l’OMPI.
Son frère, Seyed Ali Vafaei Sani, purge actuellement 5 ans de prison à Evin, tandis que leur cousin, Mohammad Javad Vafaei Sani, est condamné à mort à la prison de Vakilabad, à Machhad. 

Exécution d’un mineur au moment des faits à Ahvaz
HRANA/AFIF, 20 octobre 2025
Ali Aghajeri Peyvand, 22 ans, appartenant à l’ethnie lor, a été exécuté le 20 octobre 2025 à la prison de Sepidar, à Ahvaz.
Il y a 5 ans, il a été arrêté à 17 ans lors d’une altercation au sujet de terres agricoles pendant laquelle une personne a été tuée lors de la bagarre. Le tribunal pénal a condamné le mineur ali Aghajeri à mort pour meurtre avec préméditation.
À ce jour, les autorités judiciaires et les responsables de la prison de Sepidar n’ont pas officiellement confirmé l’exécution.
Le droit international interdit catégoriquement la peine de mort pour les personnes mineures au moment des faits.
L’Iran reste l’un des rares pays à exécuter des délinquants mineurs.

Saeedeh Khodadadi, 40 ans, exécutée à la prison centrale d’Ispahan
wncri, 24 octobre 2025 
À l’aube du mercredi 22 octobre 2025, la peine de mort de Saeedeh Khodadadi, une femme de 40 ans originaire d’Ispahan, a été pendue dans la prison centrale de la ville, également connue sous le nom de Dastgerd. Elle avait été arrêtée il y a 4 ans pour l’accusation de meurtre de son mari et, à l’issue d’un procès inéquitable, elle avait été condamnée à mort par les tribunaux du régime iranien.
Avec l’exécution de Saeedeh Khodadadi, le nombre de femmes exécutées en Iran depuis le début de l’année 2025 atteint 43, marquant un record sans précédent dans l’exécution de femmes en Iran.

Une professeure condamnée à un an et demi de prison
Infos Femmes, 25 octobre 2025 
La prisonnière politique Fariba Khorramabadi, professeure de théologie, a été condamnée à un an et demi de prison par le tribunal révolutionnaire de Karaj pour "propagande contre l’État" et "appartenance à des réseaux anti-gouvernementaux". Son procès s’est tenu le 7 octobre 2025, et le verdict lui a été notifié le 23 octobre dans la prison de Fardis (Karaj).
Ayant des antécédents d’infarctus, elle souffre de tics nerveux et de crises convulsives liés à un traitement médicamenteux inadapté. Lors d’une tentative de transfert à l’hôpital, les gardiens lui ont attaché les mains et les pieds, aggravant sa souffrance. Elle a refusé le transfert en signe de protestation.
Arrêtée en août 2025 sans mandat à son domicile, ses effets personnels, dont ordinateur et téléphone, ont été confisqués.
Fariba est une académicienne respectée, mère d’un enfant, sans antécédent judiciaire. Sa famille et ses collègues craignent pour sa santé et les conditions de détention.

Une ingénieure de 67 ans condamnée à mort 
Infos Femmes/ kurdistan-au-feminin.fr , 26 octobre 2025
Zahra Shahbaz Tabari, prisonnière politique âgée de 67, a été condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire de Rasht pour" collaboration avec l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI)".
L’audience de cette ingénieure, membre de l’Organisation iranienne d’ingénierie, s’est tenue, malgré le manque de preuves suffisantes pour étayer l’accusation, la semaine dernière par visioconférence et n’a duré que moins de 10 minutes. Zahra était représentée par un avocat commis d’office. Le tribunal a accordé un délai de 7 jours pour interjeter appel.
Zahra Shahbaz Tabari a été arrêtée le 16 avril 2025 lors d’un raid à son domicile par les forces de sécurité iraniennes et a ensuite été transférée à la prison de Lakan à Rasht.
Lors de l’arrestation, les agents de sécurité ont fouillé son domicile et confisqué son téléphone portable, son ordinateur et ceux d’un membre de sa famille.
Elle avait déjà été arrêtée dans une affaire distincte liée à une activité pacifique sur les réseaux sociaux et avait été libérée après trois mois sous surveillance électronique.
Elle est actuellement emprisonnée à la prison de Lakan à Racht.

Une citoyenne bahaïe, recondamnée à 8 ans de prison
HRANA, 27 octobre 2025
Anisa Fanaeian, citoyenne bahaïe, a été recondamnée à 8 ans de prison par la Cour d’appel de Semnan. La peine initiale incluait 10 ans de prison pour "formation d’un groupe visant à perturber la sécurité nationale", un an pour "propagande contre le régime", ainsi que d’autres sanctions financières et sociales.
Le 11 mars 2025, elle a été arrêtée pour purger sa peine à la prison de Semnan, puis libérée sous caution le 2 octobre 2025 après que la Cour suprême a ordonné un nouveau procès.  
Anisa Fanaeian est la nièce d’Ataollah Rezvani, un citoyen bahaïe assassiné, dont la famille s’était vue refuser le prix du sang en raison de sa foi. Sa condamnation actuelle s’inscrit dans le cadre d’une persécution juridique et religieuse des citoyens bahaïes en Iran.

Iran Libre 2025 
La jeunesse iranienne de la diaspora unie pour une République démocratique
CNRI, 29 octobre 2025
Le samedi 25 octobre 2025, un rassemblement international intitulé "Iran Libre 2025" a réuni de jeunes partisans de la Résistance iranienne venus d’Europe, des États-Unis, du Canada et d’Australie.
L’événement, organisé à la veille de l’anniversaire du soulèvement de novembre 2019 en Iran, s’est tenu en présence de Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, et a été retransmis en direct vers des assemblées de jeunes simultanément organisées à Bonn, Londres et Zurich.
Plusieurs personnalités politiques internationales ont également participé en ligne en tant qu’observateurs.
Tout au long de la journée, des représentants de 32 associations de jeunes – parmi lesquels des athlètes, ingénieurs, juristes, médecins, étudiants, chercheurs, ainsi que des familles de militants assassinés et des jeunes ayant pris part aux manifestations de 2019 et 2022 en Iran – ont pris la parole.
Dans la résolution, ils affirment que le renversement du régime iranien et l’instauration d’une démocratie populaire constituent la seule solution pour l’Iran. Ils  saluent les Unités de Résistance, qui auraient mené de nombreuses actions contre les forces répressives et contribué à diffuser une culture de résistance. Ils rejettent toute intervention étrangère ou négociation diplomatique comme voie de changement, prônant plutôt la " troisième option" de Maryam Radjavi : ni guerre, ni apaisement, mais soulèvement populaire organisé. Ils écartent toute restauration monarchique, accusant les partisans du prince Reza Pahlavi de servir les intérêts du régime. 
Les signataires, jeunes professionnels iraniens de la diaspora, s’engagent à apporter un soutien politique, pratique et financier à la Résistance (OMPI, CNRI, Ashraf 3), à défendre sa légitimité sur la scène internationale et à contribuer à la reconstruction d’un Iran libre et démocratique, sans attente personnelle.

La campagne "Non aux exécutions " entre dans sa 92e semaine et s’étend à 54 prisons en Iran
Iran HRM, 28 octobre 2025
Les prisons de Boroujerd et Ilam viennent de rejoindre le mouvement, portant à 54 le nombre total de prisons participant à cette initiative de résistance contre la peine de mort.
Dans leur déclaration hebdomadaire, le prisonniers en grève de la faim ont évoqué les 283 exécutions recensées durant le mois de Mehr (23 septembre – 22 octobre 2025), dont 7 prisonniers politiques, 7 femmes et 2 mineurs. Ce chiffre le plus sanglant depuis des décennies. Depuis une semaine, 59 autres exécutions, dont 2 femmes, ont encore été enregistrées.
Les détenus dénoncent plusieurs condamnations à mort de prisonniers politiques, parmi lesquels Kavous Abdollahzadeh, Zahra Shahbaz Tabari, Manouchehr Fallah et Ehsan Faridi,. 
Face à cette répression, la résistance s’intensifie. Les prisonniers de 54 établissements observent une grève de la faim chaque mardi, tandis que les familles de condamnés ont manifesté cette semaine devant le Parlement à Téhéran, scandant « Non à l’exécution ».
La campagne appelle à une suspension immédiate de toutes les exécutions, à l’annulation des condamnations à mort existantes et à un accès sans restriction des organisations internationales de défense des droits humains aux prisons iraniennes.

Le régime iranien condamné pour le nombre record d’exécutions de prisonniers
ONU/UE/Amnesty International, 31 octobre 2025
Fin octobre 2025, l’ONU, l’Union européenne et plusieurs ONG ont condamné le régime iranien pour un nombre record d’exécutions et une intensification de la répression depuis les attaques de juin 2025 menées par Israël et les États-Unis. 
La rapporteuse spéciale de l’ONU, Mai Sato, a dénoncé une situation où les exécutions - plus de 1 000 recensées en septembre 2025, souvent après des procès inéquitables - servent à instiller la peur plutôt qu’à rendre justice. Elle a également signalé la répression des journalistes, militantes, minorités et le durcissement des lois contre la liberté d’expression.
L’Union européenne a confirmé que l’Iran exécute en moyenne 3 à 4 personnes par jour, atteignant un niveau sans précédent, et a exigé la libération des détenus arbitraires, y compris les binationaux.
Amnesty International a réclamé la suspension immédiate des exécutions, citant des cas de prisonniers politiques condamnés à mort après des procès politiques.
Enfin, la Mission internationale d’établissement des faits sur l’Iran a estimé que ces pratiques pourraient constituer des crimes contre l’humanité, en raison des exécutions secrètes et du refus de restituer les corps aux familles.
Les experts concluent que cette vague de répression s’inscrit dans une stratégie étatique durable visant à intimider la population et à étouffer la dissidence sous couvert de sécurité nationale.