18 novembre 2025

AFIF INFOS Novembre (1/2) 2025

Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE

Depuis janvier 2025, 51 femmes ont été pendues en Iran, 
un chiffre sans précédent
Le pays détient le triste record du plus grand nombre de femmes exécutées dans le monde. Beaucoup de ces femmes étaient elles-mêmes victimes de violences domestiques ou de lois familiales profondément discriminatoires, et certaines n’avaient agi que pour se défendre.
Le silence de la communauté internationale ne fait qu’alimenter la répression, le terrorisme d’État et les violations massives des droits humains en Iran. Il est plus que jamais nécessaire de dénoncer ces crimes et de soutenir celles et ceux qui se battent pour la justice et la liberté.

Ces femmes viennent allonger la longue liste des victimes du régime iranien :
Dima Faramarzi pendue à la prison de Mahabad le 30 septembre ;
Zahra Khan Babaii exécutée à la prison de Bandar Abbas le 15 octobre ;
Katayoun Shamsi exécutée à la prison de Vakilabad à Machhad le 29 octobre ;
Mitra Zamani pendue à la prison centrale de Khorramabad le 1er novembre ;
Kobra Rezaei exécutée à la prison de Yazd le 4 novembre ;
Zahra Mir-Ghaffari, 43 ans, pendue à la prison centrale de Tabriz, 8 novembre ; 
Shokat Veissi pendue à la prison de Damghan le 15 novembre 2025.


Mariée à 12 ans, Goli Kouhkan risque l’exécution en Iran si elle ne paie pas 80 000 £ "prix du sang"
The Gardian, 3 novembre 2025 
Un destin suspendu à une rançon
À seulement 25 ans, Goli Kouhkan se trouve depuis sept ans dans le couloir de la mort de la prison centrale de Gorgan (nord de l’Iran).
Son crime est avoir été mêlée à la mort de son mari, un homme violent qu’elle avait été forcée d’épouser alors qu’elle n’était qu’une enfant.
Condamnée à la qisas, elle pourrait échapper à la pendaison si elle parvient à réunir 10 milliards de tomans (environ 80 000 £) à verser à la famille de la victime avant décembre.
La situation de Goli Kouhkan incarne les inégalités structurelles en Iran : des femmes mineures mariées de force, privées d’accès à la justice, et souvent condamnées à mort pour avoir tenté d’échapper à la violence.
Sa survie dépend désormais d’une somme d’argent qu’elle n’a aucun moyen de réunir - et du regard du monde extérieur, capable peut-être de briser le silence avant qu’il ne soit trop tard…

Une enseignante condamnée à 15 ans de prison
HRANA, 3 novembre 2025 
Forough Khosravi, institutrice et docteure en sciences de l'éducation, résidant à Behbahan, a été condamnée le 2 novembre 2025 à 15 ans de prison par un tribunal révolutionnaire iranien pour plusieurs accusations politiques, dont propagande contre l’État, insultes à Khamenei et Khomeini, insultes aux valeurs sacrées et communication avec des médias liés à Israël.
Selon la loi iranienne d’agrégation des peines, seule la peine la plus lourde, soit 5 ans, sera finalement appliquée. Les accusations reposent sur des messages privés et d’anciennes publications Instagram exprimant sa dissidence.
Arrêtée le 29 juillet 2025, elle a été détenue et interrogée 11 jours à la prison de Sepidar avant d’être libérée sous caution. Son domicile avait déjà été perquisitionné à deux reprises par les agents du CGRI, qui ont saisi des effets personnels et des téléphones.
Elle avait déjà été expulsée de l’université Payam Nour après les manifestations de 2009, dans le cadre de la répression des enseignants contestataires.

Disparition forcée de deux chercheuses
wncri.org, 5 novembre 2025 
Shirin Karimi, écrivaine et traductrice née en 1983, diplômée en sociologie de l’université de Téhéran, a été arrêtée à son domicile après une fouille au cours de laquelle ses appareils électroniques et plusieurs livres ont été saisis. Elle est connue pour ses travaux sur la critique de l’économie politique et ses traductions d’auteurs comme Judith Butler.
Mahsa Assadollahnejad, 35 ans, sociologue titulaire d’un doctorat en sociologie politique de l’université Tarbiat Modares, a été arrêtée le même jour chez ses parents. Spécialiste de l’histoire politique du régime iranien, elle animait plusieurs groupes d’étude et cercles académiques.
À ce stade, aucune information officielle n’a été fournie sur les charges, le lieu de détention ou le statut juridique des deux chercheuses.

Emmanuel Macron annonce la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran depuis mai 2022
AFP, 4 novembre 2025
Le président français a annoncé sur X ce 4 novembre au soir la libération des deux Français, qui étaient inculpés par le pouvoir judiciaire iranien notamment pour espionnage au profit des services de renseignement français et israélien.
Après trois ans et demi de détention, les deux Français ont été transféré de la prison d’Evin à la résidence de l’ambassadeur de France à Téhéran, où ils ont reçu un appel téléphonique d’Emmanuel Macron.

Pezeshkian : "Téhéran pourrait être évacuée en raison de la sécheresse"
AFP/Divers médias, 7 novembre 2025
La capitale iranienne Téhéran pourrait devoir être évacuée en raison des pénuries d'eau s'il ne pleut pas d'ici la fin de l'année, a averti vendredi 7 novembre Massoud Pezeshkian. 
L'Iran est confronté cette année 2025 à sa pire sécheresse depuis des décennies…
. Selon les experts, la crise de l’eau en Iran reflète des années de mauvaise gestion, de politiques incohérentes, et l’incapacité du régime à réformer les structures clés de la gestion des ressources hydriques.
. Un religieux du régime iranien accuse les "femmes non voilées" d’être responsables de la sécheresse en Iran.

Zeinab Jalalian dans un état critique après une opération à la prison de Yazd
Infos femmes, 8 novembre 2025 
Zeinab Jalalian, prisonnière politique kurde et seule femme en Iran condamnée à perpétuité pour des raisons politiques, serait actuellement dans un état de santé critique à la prison centrale de Yazd.
Récemment opérée de fibromes utérins, elle a été renvoyée en détention seulement 24 heures après l’intervention, sans convalescence, en dépit des avis médicaux. Déjà atteinte depuis des années d’hémorragies internes, de problèmes rénaux et de douleurs chroniques, son état s’est aggravé en raison du manque de soins, de la malnutrition et des conditions d’hygiène déplorables.
Les demandes de la famille pour un transfert urgent à l'hôpital restent ignorées, tandis que le personnel médical avertit d’un risque d’insuffisance rénale et de dommages irréversibles.
En parallèle, Zeinab Jalalian subit des pressions des services de renseignement, qui conditionnent l’accès aux soins à une "lettre de repentir", pratique qu’elle qualifie de torture psychologique. Ce chantage fait suite à d’autres menaces similaires en 2023.
Arrêtée en 2007, elle avait été condamnée à mort pour "inimitié à l’égard de Dieu" et appartenance présumée à un groupe kurde, peine ensuite commuée en prison à vie. Elle a rapporté avoir été torturée à plusieurs reprises en détention.

La campagne "des mardis contre les exécutions" en Iran entame sa 94e semaine
Iran Focus, 11 novembre 2025
Lancée il y a près de deux ans pour mettre fin aux vagues massives d’exécutions en Iran, cette campagne se poursuit sans interruption et prend de l’ampleur dans 54 prisons à travers le pays. Dans un communiqué, elle souligne qu’aucun gouvernement ne peut faire taire les voix puissantes de la vérité, de la justice et de la liberté par la peine de mort, et appelle toutes les personnes de conscience à transformer le cri "Non aux exécutions" en un puissant mouvement dans chaque ville et chaque rue, car l’inaction et le silence signifient la perte de vies innocentes et sans défense dans les prisons du régime tyrannique et sanguinaire du Guide suprême.
Le quartier des hommes de la prison de Zahedan a également rejoint la campagne en entamant une grève de la faim ce mardi.

Iran : L’étudiant Ahmad Baledi meurt après s’être immolé par le feu
fr.ncr-iran.org, 11 novembre 2025
Ahmad Baladi, un étudiant de 20 ans originaire d’Ahvaz, est décédé après s’être immolé par le feu pour protester contre la destruction du petit kiosque alimentaire de sa famille par des agents municipaux et les forces de sécurité. 
Le père d’Ahmad, Mojahed Baladi, a déclaré avoir été arrêté par des agents municipaux ce matin-là afin de l’empêcher de s’opposer à la démolition. Lorsqu’Ahmad est passé par hasard devant le restaurant après l’annulation de ses cours universitaires en raison de la pollution atmosphérique, il a vu les fonctionnaires démolir le bâtiment. Ils ont coupé l’électricité, le piégeant à l’intérieur, et ont ignoré ses supplications.
Sa mort est une terrible illustration de la répression et de l’indifférence de la dictature cléricale face à la misère qu’elle inflige aux plus pauvres.
La mort d’Ahmad Baladi est bien plus qu’une simple tragédie personnelle : c’est un avertissement. Son immolation par le feu, comme celle de Kourosh Kheiri avant lui, révèle une nation écrasée par la pauvreté et l’humiliation, où chaque acte de désespoir risque d’embraser une société déjà au bord de l’explosion après des années d’injustice et de répression.

Mort suspecte d’une autre prisonnière en Iran
CSDHI, 13 novembre 2025 
Négligence médicale délibérée dans les prisons pour femmes en Iran
La mort de Sahar Shahbazian, 26 ans, survenue le 12 novembre 2025 à la prison de Fardis (Kachui), révèle une nouvelle fois la négligence médicale systémique dans les prisons iraniennes pour femmes.
Selon des témoins, elle est décédée d’un arrêt cardiaque provoqué par un transfert médical retardé, contredisant la version officielle d’une "overdose". Bien qu’innocentée dans une affaire d’homicide, elle restait incarcérée au moment de sa mort.
Sa mort s’ajoute à d’autres décès récents dénonçant les mêmes pratiques. Deux mois plus tôt, Maryam Shahraki, 40 ans, est morte dans la même prison après que le médecin lui a diagnostiqué à tort des douleurs cardiaques comme un simple mal d’estomac. Un transfert rapide à l’hôpital aurait pu la sauver.
A la prison de Qarchak, la prisonnière politique Somayeh Rashidi, atteinte d’épilepsie, est décédée après un long refus de soins, qualifié d’"exécution silencieuse".
Ces cas illustrent une politique délibérée de privation de soins médicaux, particulièrement envers les femmes détenues et les prisonnières politiques, en violation grave des articles 6 et 10 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et des Règles Nelson Mandela.
Les prisons de Fardis et Qarchak deviennent ainsi des symboles de cruauté institutionnalisée, où l’absence de mécanismes de contrôle permet la répétition de ces morts évitables.

Zeinab Mousavi condamnée à six mois de prison
HRANA,  14 novembre 2025
Zeinab Mousavi, humoriste iranienne, a été condamnée par une autorité judiciaire à six mois de prison avec sursis et à la rédaction d'un mémoire de recherche sous la supervision de la Fondation Ferdowsi, pour une vidéo qu'elle a publiée en ligne contenant des propos sur le poète iranien Ferdowsi.
Zeinab Mousavi, l'une des premières humoristes iraniennes et créatrice du personnage de "l'empereur Kuzco", a été arrêtée en octobre 2023 puis relâchée quelques jours plus tard. Son dossier a été renvoyé devant le tribunal révolutionnaire et le tribunal pénal de Téhéran pour deux chefs d'accusation.
Elle avait également été arrêtée à Qom en octobre 2022 et libérée sous caution fin novembre de la même année, dans l'attente de son procès. Mousavi a déclaré avoir été détenue à l'isolement pendant 25 jours et condamnée à deux ans de prison.

6ème anniversaire des manifestations de novembre 2019
Le leadership et l'organisation des femmes dans ces manifestations 
iranhrs.org/AFIF, 15 novembre 2025
Les manifestations de novembre 2019, reconnues comme un tournant crucial dans l'histoire de la résistance sociale en Iran moderne. 
Le 15 novembre 2019, des manifestations ont éclaté en Iran après que le gouvernement a annoncé une forte hausse du prix du carburant. Au cours des cinq jours de manifestations qui ont suivi, les forces de sécurité ont tué au moins 1500 hommes, femmes et enfants. Les autorités ont volontairement bloqué l’accès à Internet à l’intérieur du pays, dissimulant la véritable ampleur des violations des droits humains dont elles se rendaient responsables à travers l’Iran.
La participation active des femmes à ce soulèvement national a eu une importance capitale et un impact social considérable.
Le rôle pionnier des femmes lors des manifestations, la présence active et efficace des Iraniennes de tous âges dans différentes villes, leur soutien aux jeunes manifestants, la gestion et la direction des manifestations… ont été l'une des caractéristiques les plus marquantes des manifestations de novembre 2019.
Les médias officiels et affiliés au régime ont également été contraints de reconnaître ce rôle. L'agence de presse Fars a rapporté le 19 novembre 2019 que des femmes âgées de 30 à 35 ans ont joué un rôle clé dans l'organisation des manifestations. 
Le nombre significatif de femmes qui ont perdu la vie pendant ces cinq jours témoigne de leur participation massive et courageuse à la lutte contre le régime en place. 

L'augmentation du nombre de femmes détenues endettées surtout à Téhéran
iranhrs.org, 16 novembre 2025
Ces dernières années, le nombre de femmes incarcérées pour dettes dans les prisons du pays a augmenté de façon alarmante ; reflet de la crise économique et de la corruption structurelle qui sévissent dans le pays.
Ces femmes sont emprisonnées non pas pour avoir commis un crime, mais en raison des pressions économiques, d'une inflation sans précédent, de l'instabilité financière et du pillage généralisé des ressources nationales par les dirigeants et leurs associés. Elles sont victimes de politiques économiques destructrices, d'une mauvaise gestion chronique et d'une corruption structurelle qui détruisent les moyens de subsistance des familles iraniennes.
Les statistiques montrent que Téhéran abrite le plus grand nombre de femmes prisonnières financières du pays. La forte hausse du coût de la vie, la crise de l'emploi et les petits dettes à taux d'intérêt élevés ont plongé de nombreuses femmes dans la précarité financière et, finalement, dans l'incarcération.
73 % des femmes endettées sont mères ; nombre d'entre elles ont plus de trois enfants. Pilier de leur famille; leur absence forcée détruit non seulement leur vie, mais aussi l'avenir de leurs enfants. Beaucoup de ces enfants se retrouvent désormais sans tuteur, sans ressources et exposés à de graves difficultés sociales.




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