17 mai 2025

AFIF INFOS 1ère partie de Mai 2025

Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran 
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE 


Journée internationale du Travail 
La situation des travailleurs en Iran
Iran HRM/HRANA/IHR, 1er mai 2025
En 2025, les travailleurs iraniens sont confrontés à une crise aggravée par la pauvreté, l'exploitation, les lieux de travail dangereux et l'effondrement psychologique. Alors que leurs besoins fondamentaux sont ignorés, le régime détourne la richesse nationale vers des projets nucléaires et militaires, des conflits étrangers et la répression interne.
Le CGRI contrôle une part massive de l'économie, faisant passer en contrebande quelque 20 à 30 milliards de dollars à l'étranger chaque année…
Alors que les travailleurs du monde entier célèbrent leurs droits et leur dignité, la journée de la fête du Travail en ce 1er mai en Iran a été assombrit par le deuil. Les Iranien est toujours sous le choc de la tragédie, cinq jours après l’explosion meurtrière survenue à Bandar Abbas. 
À l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, l’Iran a connu une nouvelle vague de manifestations : enseignants, étudiants, retraités, chauffeurs routiers et boulangers sont descendus dans les rues de plusieurs villes pour réclamer la justice économique, de meilleures conditions de travail et manifester leur solidarité avec les victimes de la récente explosion du port de Bandar Abbas.
Rien qu'au cours des quatre derniers mois, il y a eu au moins 44 manifestations syndicales et grèves dans 26 villes d'Iran. 
Les Nations unies, l'Organisation internationale du travail (OIT), les associations professionnelles internationales et les gouvernements du monde entier doivent appeler les autorités iraniennes à libérer immédiatement et sans condition tous les dirigeants syndicaux emprisonnés.

Exécution d'une femme accusée d'infidélité à Karaj
rokna.net/wncri, 1er et 3 mai  2025
Aux premières heures du jeudi 1er mai 2025, une femme nommée Saghar a été exécutée à la prison de Ghezel Hessar, à Karadj. Elle avait été condamnée à mort dans le cadre d’une affaire de meurtre impliquant un homme nommé Mehrdad.
Saghar et Mehrdad avaient été arrêtés il y a environ 6 ans, accusés du meurtre de Farid, le mari de Saghar. À l’issue de plusieurs audiences, le pouvoir judiciaire iranien a condamné les deux accusés à la peine capitale — un verdict ensuite confirmé par la Cour suprême. Cependant, Mehrdad a échappé à l’exécution  grâce au consentement de la famille de la victime en payant 300 millions de tomans. Mais Saghar, n’ayant pas pu obtenir un tel accord, a finalement été exécutée.
Avec l’exécution de Saghar , le nombre de femmes exécutées en Iran en 2025 est passé à 14.

471 experts et personnalités internationales demandent à l'ONU de sauver les prisonniers politiques iraniens de la vague d'exécutions
iran1988.org, 2 mai 2025
Une coalition de plus de 450 experts des Nations unies, lauréats du prix Nobel, anciens ambassadeurs, juges, spécialistes des droits de l'homme et experts juridiques, ainsi que des ONG ont signé un appel urgent à l'intervention des Nations unies pour mettre fin aux exécutions imminentes de prisonniers politiques en Iran, condamnant l'escalade de la campagne d'assassinats à motivation politique menée par Téhéran.
« Nous, experts internationaux et ONG soussignés, condamnons sans équivoque l'escalade de la campagne d'exécutions à caractère politique menée par les autorités iraniennes. Ces actes constituent une grave atteinte aux droits de l'homme et une stratégie délibérée de répression de la dissidence.
Behrouz Ehsani, 69 ans, et Mehdi Hassani, 48 ans, sont en danger imminent après que la Cour suprême a confirmé leur condamnation à mort et rejeté leur demande de révision judiciaire. Ils sont accusés d'« appartenance à l'OMPI/MEK », de « propagande » en faveur de l'organisation, de « préparation et envoi de vidéos à l'organisation », autant d'éléments qui sont définis dans le système juridique du régime comme « l'inimitié contre Dieu » et « la corruption sur terre ». Leur procès kangourou du 10 août 2024, qui n'a duré que cinq minutes, a été une parodie de justice : ils ont été privés d'avocat pendant près de deux ans, torturés et réduits au silence pendant la procédure. Les allégations de torture - y compris les passages à tabac, l'isolement prolongé et les menaces à l'encontre de leurs familles - ont été ignorées.
Nous demandons l'arrêt immédiat de leur exécution. La communauté internationale ne doit pas rester silencieuse… »

Journée mondiale de la liberté de la presse 
RSF/IHRS, 3 mai 2025
L'Iran renforce sa position parmi les pays les plus répressifs au monde en matière de liberté de la presse… Il devient même l’une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes. 
Sur la carte du Classement mondial de la liberté de la presse en 2025, Iran  est 176e sur 180 pays étudiés par RSF (https://rsf.org/fr/pays/iran), où les journalistes sont bâillonnés et toute expression critique réprimée  stagne. 
23 journalistes sont actuellement détenus en Iran
À la veille de cette journée mondial, la nécessité de résister à la répression des médias en Iran est plus évidente que jamais. Alors que le régime religieux tente de créer une atmosphère de peur pour faire taire les voix des personnes en quête de justice, il est du devoir des organisations internationales, de la société civile et de tout être humain libre de s'opposer à cette répression. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons espérer ne pas assister à d'autres morts suspectes et tragiques comme celle de la journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi.
Tant que des journalistes seront emprisonnés pour avoir exercé leur métier, on ne pourra pas parler de liberté de la presse. Soutenir les journalistes  doit devenir une responsabilité mondiale…

Iran Human Rights Monitor – Rapport mensuel des droits humains : Avril 2025
Augmentation du nombre d'exécutions : 129 cas documentés, dont des prisonniers politiques, des femmes et des mineurs
Iran HRM, 4 mai 2025
Le mois d’avril 2025 a été marqué par une escalade alarmante des exécutions et de la répression encouragées par l’État dans l’ensemble de l’Iran. Le ciblage systématique des prisonniers politiques, des minorités ethniques, des mineurs et des femmes, ainsi que la militarisation de l’éducation, soulignent l’aggravation de la crise des droits de l’homme. Iran HRM appelle la communauté internationale, les organes de l’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme à intensifier la pression sur le régime iranien pour qu’il mette fin aux exécutions, qu’il respecte les obligations juridiques internationales et qu’il protège les populations vulnérables.

Les femmes en Iran font face à plus de 120 formes de préjudice social : un membre du conseil de Téhéran appelle à une réforme urgente
CSDHI, 5 mai 2025
Un membre du conseil municipal de Téhéran a lancé un avertissement sévère au sujet de la détérioration de la condition des femmes en Iran, signalant plus de 120 formes de préjudice social auxquelles elles sont confrontées, y compris la pauvreté, la violence domestique et la discrimination fondée sur le sexe. Selon les activistes des droits des femmes, ces problèmes sont profondément enracinés dans des décennies de politiques discriminatoires mises en œuvre par la République islamique.
Dans une interview accordée à l’agence de presse officielle IRNA le samedi 3 mai, Soudeh Najafi a souligné que l’économie et les moyens de subsistance étaient des facteurs clés contribuant aux pressions exercées sur les femmes en Iran. Elle a demandé un examen complet des politiques actuelles et une protection juridique et sociale renforcée.
"Les femmes en Iran qui sont incapables de subvenir à leurs besoins fondamentaux et à ceux de leur famille en raison de la pauvreté et des possibilités d’emploi limitées sont plus susceptibles de faire face à la dépendance et à la violence cachée", a déclaré. Najafi.
Les causes de ces problèmes vont au-delà des statistiques. Ils sont ancrés dans les politiques du régime et les structures économiques et culturelles inégales de l’Iran.

Vague dévastatrice de féminicides en Iran : Au moins 21 femmes tuées en 24 Jours
wncri, 6 mai 2025
En moins d’un mois (24 jours), l’Iran est le théâtre d’une vague choquante de violences domestiques ayant entraîné la mort d’au moins 21 femmes dans plusieurs villes du pays.
Ces féminicides — souvent perpétrés avec une brutalité extrême, parfois en public ou devant des enfants — soulignent la crise alarmante des violences basées sur le genre et l’absence criante de protections juridiques et sociales efficaces pour les femmes en Iran.
La majorité de ces meurtres ont été qualifiés par les autorités de simples “conflits familiaux”, de “crimes d’honneur” ou de conséquences de “demandes de divorce”. Ces formulations vagues minimisent la gravité des actes, banalisent les violences faites aux femmes et renforcent l’impunité systémique dans un contexte profondément patriarcal.
Ces crimes atroces révèlent une escalade des violences genrées dans un pays où les failles légales permettent aux auteurs de rester largement impunis.
L’article 612 du Code pénal de la République islamique protège fréquemment les coupables, en particulier les pères, frères ou maris, les épargnant de sanctions sévères et entretenant un cycle d’injustice. Ce manque de réformes juridiques structurelles met en danger la vie de nombreuses femmes et alimente une culture où les crimes d’honneur et les féminicides restent tragiquement impunis.
Une institutrice, brutalement assassinée par son mari
Fatemeh Barkhordari, enseignante dans une école publique de Sabzevar, a été sauvagement tuée par son mari le mercredi 30 avril 2025. Le meurtre a eu lieu en plein jour, dans une rue publique, où elle a été attaquée à la machette.
Fatemeh Barkhordari sortait d’un véhicule accompagnée d’une amie lorsque son mari l’a attaquée par-derrière, la frappant à plusieurs reprises à la machette, la tuant sur le coup. L’attaque, d’une violence extrême, s’est déroulée sous les yeux de passants impuissants.

Verisheh Moradi, condamnée à mort, continue de se voir refuser l'accès aux soins médicaux
kurdistanhumanrights.org, 7 mai 2025
Verisheh Moradi, prisonnière politique kurde condamnée à mort qui souffre de multiples maladies, notamment d'une rupture du disque cervical et d'une sténose du canal rachidien, se voit toujours refuser l'accès aux services médicaux.
Ce prisonnier politique a été examiné par un spécialiste en neurologie en mars 2024. Malgré la recommandation du médecin et l'insistance du personnel médical de la prison d'Evin pour qu'elle subisse une intervention chirurgicale, les autorités pénitentiaires ont jusqu'à présent refusé de la transférer dans un établissement médical. Ces derniers mois, son état s'est aggravé, entraînant un engourdissement et des douleurs constantes dans sa main droite.
En outre, à la suite d'une grève de la faim de 20 jours, elle a développé des problèmes gastro-intestinaux et a été privée de soins médicaux pendant plusieurs mois. Ce n'est que sous la pression des organisations internationales qu'elle a été transférée dans un centre médical à l'extérieur de la prison il y a deux mois, où le processus de traitement a enfin commencé... 

Manque de soins médicaux ; nouveau rapport sur l'état d'Ahmadreza Jalali à la prison d'Evin
HRANA, 10 mai 2025
Ahmadreza Jalali, prisonnier politique binational condamné à mort et détenu à la prison d'Evin, a été victime d'une crise cardiaque et se voit refuser des soins médicaux appropriés.
Vida Mehrannia, l'épouse de M. Jalali, a partagé cette nouvelle et a écrit que dans la soirée du jeudi 8 mai 2025, M. Jalali a souffert d'une crise cardiaque et a été emmené à l'infirmerie de la prison d'Evin. Malgré son état critique et son besoin urgent de soins médicaux, son rendez-vous avec un cardiologue a été reporté au 11 mai.
Dans sa déclaration, Mme Mehrannia a appelé deux responsables politiques en Suède à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir la libération immédiate de M. Jalali.
M. Jalali a été arrêté par les forces de sécurité en mai 2016 et condamné à mort pour espionnage. Sa peine a été confirmée par la Cour suprême en décembre 2017...

Privation de soins : la torture silencieuse des prisonniers politiques en Iran
wncri, 10 mai 2025
Le régime iranien continue de refuser aux prisonniers politiques malades l’accès à des soins médicaux appropriés, en leur interdisant délibérément les transferts à l’hôpital et les permissions médicales.
Cette torture lente et systématique est devenue une tactique reconnue du régime.
Maryam Akbari Monfared, actuellement emprisonnée à Qarchak, a purgé 15 ans sans avoir bénéficié d’un seul jour de congé médical et souffre de graves lésions aux disques et à la colonne vertébrale. Elle risque la paralysie et a un besoin urgent de soins spécialisés. Son "crime" ? Avoir demandé justice pour sa sœur et ses trois frères, tous exécutés dans les années 1980 et lors du massacre de 1988.
Azar Korvandi, 63 ans, détenue à la prison d’Evin, souffre d’une maladie cardiaque nécessitant une angiographie, d’une déchirure du tendon de l’épaule et de douleurs osseuses et articulaires aiguës. Les médecins ont recommandé une opération immédiate. Ayant également des antécédents de cancer, elle a besoin d’un suivi régulier, qui lui est refusé. Rescapée de la répression des années 1980, elle a aujourd’hui été condamnée à cinq ans de prison pour prétendue "collaboration avec l’OMPI".
Marzieh Farsi, 56 ans, également détenue à Evin, a des antécédents de cancer et souffre de vertiges chroniques. Arrêtée en juillet 2023, elle avait auparavant purgé trois ans de prison. Son frère, Hassan Farsi, a été exécuté lors du massacre de 1988.
Leur souffrance est un appel à l’action. Le silence est une forme de complicité.

Une femme et deux hommes pendus à Gorgan
IHR, 12 mai 2025
Une femme et deux hommes ont été pendus à la prison centrale de Gorgan le 12 mai 2025. Leurs identités ont été établies comme étant Mahboubeh Khosronejad, Firouz Aliari, 28 ans, et Safa Gharehdashi, 26 ans. 
Ils ont tous été condamnés par la Cour pénale au qesas (châtiment en nature) pour des meurtres dans trois affaires distinctes.
Mahboubeh Khosronejad a été arrêtée pour le meurtre de son cousin (paternel masculin) il y a cinq ans. 

Manifestation à Paris : NON aux exécutions en Iran !
AFIF, 13 mai 2025 
Un appel urgent à l’action
Le 13 mai 2025, à 17h30, l’Esplanade des Invalides a accueilli un rassemblement  organisé par le Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI) pour protester contre les exécutions en Iran, dénoncer la dictature des mollahs et du chah, et soutenir prisonniers politiques condamnés à mort, dont neuf risquent une pendaison imminente. 
Dans un contexte où le régime clérical intensifie sa répression, ce rassemblement est un appel à la solidarité internationale pour défendre les droits humains. Plusieurs personnalités et élus français ont apporté leur soutien aux résistants iraniens. 

Une autre femme pendue pour meurtre à Chiraz
CSDHI, 14 mai 2025
Une femme a été exécutée à la prison le 7 mai. Son identité a été établie comme étant celle de Mahtab Amiri, originaire de Chiraz, qui avait été arrêtée pour le meurtre de son fiancé il y a trois ans.
Mahtab Amiri est la 16ème femme exécutée en 2025 et la 10ème  à être pendue pour meurtre. 
L’Iran est le pays qui exécute le plus grand nombre de femmes dans le monde. En 2024, au moins 34 femmes ont été exécutées pour des motifs liés à la drogue, au meurtre et à la sécurité en Iran, ce qui représente le nombre le plus élevé d’exécutions de femmes enregistré depuis plus de 15 ans.

Aggravation de la crise juridique pour les avocats iraniens en difficulté
CHRI, 14 mai 2025
Des défenseurs en voie de disparition : Il reste moins  de 12 avocats pour représenter des milliers de personnes dans les tribunaux iraniens
L'Iran est l'un des pays les plus périlleux au monde pour les avocats, où le simple fait de respecter l'état de droit peut conduire à l'arrestation, à l'emprisonnement et à la ruine professionnelle. Les avocats qui osent défendre les droits garantis par le droit iranien et le droit international font l'objet d'une persécution incessante de la part de l'État, et leur nombre diminue rapidement. Aujourd'hui, il reste moins d'une douzaine de ces courageux avocats pour défendre les dizaines de milliers de personnes illégalement poursuivies en Iran.

Français détenus en Iran : la France annonce porter plainte auprès de la CIJ
AFP, 16 mai 2025
La France dépose plainte ce vendredi contre l’Iran devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour "violation de son obligation de donner droit à la protection consulaire" concernant ses deux ressortissants français encore détenus dans ce pays, a annoncé ce 16 mai le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot.