Bulletin bimensuel d’informations sur les droits humains en Iran
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE
Près de 170 personnes exécutées dont 8 femmes en mai, le total mensuel le plus élevé cette année
Plus de 75 arrestations, dont au moins 20 liées à la grève nationale des camionneurs qui continue
Au moins 7 féminicides, dont 2 "crimes d'honneur"
Dépôt d’une requête par la France devant la Cour internationale de Justice (CIJ) contre l’Iran
France Diplomatie, 16 mai 2025
« Deux ressortissants français, Cécile Kohler et Jacques Paris, sont retenus comme otages d’État par la République islamique d’Iran depuis 3 ans. Ils sont détenus dans des conditions indignes et n’ont pu recevoir que quatre visites consulaires, dans des conditions très restrictives.
Cette situation est inadmissible et, comme la France l’a déjà dit à plusieurs reprises, contraire au droit international. Dans ce contexte, conformément à l’annonce du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères du 2 avril 2025, la France a déposé ce jour, vendredi 16 mai 2025, une requête contre l’Iran devant la Cour internationale de Justice, à La Haye.
Dans cette requête, la France dénonce les manquements graves et répétés de l’Iran à la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963…
L’introduction de cette instance devant la Cour internationale de Justice s’inscrit plus largement dans les efforts déployés par l’État français pour obtenir la libération immédiate et sans conditions de nos deux compatriotes…»
Les boulangers protestent dans 5 provinces en Iran contre les coupures de courant et la corruption
CNRI, 18 mai 2025
Le vendredi 17 mai, les boulangers de 5 grandes provinces iraniennes ont organisé des manifestations coordonnées en réaction aux coupures de courant généralisées et à l’échec persistant du système de subventions" Nanino" mis en place par le gouvernement, enlisé dans la corruption et l’inefficacité depuis sa création.
À Qom, les boulangers se sont rassemblés devant le bureau locale du syndicat exprimant leur colère face aux coupures de courant répétées et inopinées qui ont ruiné des lots de pâte et entraîné de lourdes pertes financières. Ils ont averti que la production était devenue insoutenable sans un approvisionnement électrique fiable.
Pannes de courant imprévues : une catastrophe pour les boulangeries
Dans toutes les villes, les boulangers ont souligné que les pannes de courant imprévisibles entraînent directement :
Dans de nombreuses régions, ces conditions ont contraint des boulangeries à fermer temporairement, plongeant les familles dans une situation économique encore plus difficile.
L'Iran tente de réduire au silence les voix littéraires par des arrestations, des peines de prison et des condamnations à mort
CIHR, 20 mai 2025
Une campagne de répression s'intensifie en Iran, ciblant les poètes, les écrivains et les personnalités littéraires afin de réduire au silence les voix indépendantes. Rien qu'au cours des quatre derniers mois et demi, au moins 19 personnes ont été arrêtées, convoquées ou interrogées par les autorités. Un poète a été condamné à mort. D'autres ont été condamnés à de longues peines de prison, tandis que beaucoup subissent des interrogatoires et des détentions brutales simplement pour avoir exercé l'écriture.
En 2024, l'Iran s'est classé 2ème plus grand geôlier d'écrivains au monde, avec 43 personnes emprisonnées cette année-là, dont 13 femmes, ce qui fait de l'Iran le premier geôlier d'écrivaines au monde…
Procédure judiciaire contre une championne, médaillée mondiale de lutte féminine
HRANA, 21 mai 2025
Une procédure judiciaire a été ouverte contre Masoumeh Soleimani, médaillée mondiale de lutte féminine. Elle a été convoquée au Parquet révolutionnaire de Khorramabad dans le cadre de cette affaire.
Soleimani a annoncé dans une vidéo avoir récemment été convoquée pour "incitation des femmes à défier la loi sur le port obligatoire du hijab".
En août 2023, elle avait été condamnée par le tribunal pénal de Khorramabad à un an d'emprisonnement pour "incitation à la violence sur les réseaux sociaux ".
Cette mère médaillée a été arrêtée à plusieurs reprises en raison de son militantisme. Dans une autre affaire, elle a été condamnée à 6 mois d'emprisonnement discrétionnaire et 6 mois d'emprisonnement avec sursis. Après appel, la peine a été réduite à une amende de 50 millions de tomans et 6 mois d'emprisonnement avec sursis.
Soleimani avait déjà été arrêtée le 10 mai 2023 par les forces de sécurité à Khorramabad, puis libérée sous caution quelques jours plus tard. Elle était détenue au centre de détention des services de renseignement du CGRI.
38% des enfants iraniens vivent sous le seuil de pauvreté
Iran Focus, 22 mai 2025
Le 17 mai, le journal d'État Ham Mihan s'est penché sur la situation des enfants iraniens vivant sous le seuil de pauvreté : « Environ 23 millions de personnes vivent dans des zones que l'on peut qualifier de “pièges à pauvreté urbaine” . Des études menées par le bureau de la protection sociale du ministère du travail montrent qu'un pourcentage élevé d'enfants iraniens vivent dans des ménages souffrant de pauvreté monétaire (38 % des enfants sont en dessous du seuil de pauvreté). Les données sur les revenus et les dépenses des ménages de 2019 indiquent qu'environ 50 % des parents n'ont pas fait d'études secondaires supérieures, un chiffre qui s'élève à environ 70 % dans le Sistan et le Baluchestan. »
La réduction du financement de l'éducation publique, ainsi que l'augmentation des coûts de l'éducation pour les familles, ont contraint de nombreux enfants à abandonner l'école.
Les politiques économiques qui ont alimenté la marginalisation urbaine et l'isolement social ont poussé les enfants au travail forcé, aux mariages précoces et même à la délinquance. Les rapports montrent que les enfants qui travaillent sont exposés à des maladies physiques et mentales, à la malnutrition et à diverses formes d'abus, alors que le régime iranien n'a pas présenté de plan global pour résoudre ces problèmes.
Agonie silencieuse au crépuscule de la vie -Rapport sur la crise croissante du suicide des personnes âgées en Iran
Iran HRM/CSDHI, 22 et 23 mai 2025
Révéler une tragédie sociale cachée – Augmentation alarmante du nombre de suicides chez les personnes âgées
Une crise douloureuse et largement cachée se déroule en Iran, marquée par une hausse inquiétante des taux de suicide chez les personnes âgées. Ce phénomène croissant est profondément enraciné dans des problèmes systémiques tels que la pauvreté généralisée, l’isolement social profond et le soutien inadéquat en matière de santé mentale. La souffrance des anciens iraniens - souvent négligée et rejetée - représente une préoccupation grave et urgente en matière de droits de la personne ...
AFP/RFI, 24 mai 2025
La Palme d'or 2025 a été décernée au film du réalisateur et opposant iranien Jafar Panahi, Un simple accident..
Un silence médiatique et politique
La distinction hautement politique reçue par le cinéaste iranien a suscité très peu de commentaires médiatiques et aucun commentaire du pouvoir dans son pays d’origine
Trois citoyennes bahaïes condamnées l’emprisonnement par la cour d’appel de Kerman
HRANA, 26 mai 2025
La Cour d'appel de la province de Kerman a condamné trois citoyennes bahaïes de Rafsanjan – Elna Naeimi, Didar Ahmadi et Boshra Mostafavi – à un an de prison.
Elles ont été jugées le 14 mai 2025 pour "propagande en faveur de groupes anti-régime".
Ces femmes avaient été initialement arrêtées le 7 juin 2020, après une perquisition à leur domicile par des agents de sécurité. Elles avaient été libérées provisoirement.
En 2024, le système judiciaire iranien a condamné 82 membres de minorités religieuses à près de 400 ans de prison pour des accusations uniquement liées à leurs croyances religieuses.
Setareh Taherloo et 3 autres femmes exécutées en Iran
wncri, 26 mai 2025
Dans la nuit du lundi 26 mai 2025, trois femmes figurent parmi huit prisonniers pendus à la prison de Birdjand, dans la province du Khorassan du Sud (est). Elles ont été exécutées pour des accusations liées à la drogue. L’identité des personnes exécutées n’a pas été confirmée, à l’exception d’un homme.
Il a également été rapporté aujourd’hui que, la semaine dernière, le lundi 19 mai 2025, Setareh Taherloo a été exécutée par pendaison à la prison de Damghan, dans la province de Semnan (nord-est). Elle avait été arrêtée il y a environ 3 ans pour des accusations liées à la drogue et condamnée à mort par le pouvoir judiciaire iranien.
20 femmes ont été exécutées en Iran depuis le début de 2025
"NON aux exécutions en Iran"
Grèves de la faim et indignation nationale à la 70ème mardi dans 45 prisons
AFIF, 27 mai 2025
Ce mardi 27 mai, la campagne des grèves de la faim hebdomadaires des prisonniers en Iran entre dans sa 70e semaine. Les détenus de la prison de Fardis à Karaj ont rejoint la campagne, atteignant 45 prisons.
Dans leur déclaration de cette semaine, les prisonniers ont fait référence à l’exécution de 170 personnes pendant le mois iranien d’Ordibehesht (du 21 avril au 21 mai) dont 19% des détenus baloutches…
« Chaque exécution en Iran a un poids politique, et non pas simplement la punition d’un accusé, parce que chaque accusée est une victime du système de gouvernement corrompu et dysfonctionnel. En outre, il n’existe pas de procédure judiciaire équitable dans l’appareil judiciaire et de sécurité du régime. L’objectif principal de ces exécutions est d’instiller la peur et de prévenir les soulèvements populaires. À mesure que les crises s’aggravent dans le pays, la répression et les exécutions se poursuivent… »
Refus systématique de soins médicaux en Iran : une exécution lente et silencieuse
CIHR, 27 mai 2025
Depuis la prison d’Evin, Mahvash Seydal, prisonnière politique et spécialiste du droit international, a adressé une lettre ouverte urgente aux organismes internationaux de défense des droits humains, alertant sur le refus alarmant de soins médicaux subi par les femmes détenues, en particulier les détenues politiques. Elle appelle à une enquête immédiate et à une surveillance indépendante du quartier des femmes d’Evin, où l’accès aux soins de base est sévèrement restreint et où le refus est souvent utilisé comme une mesure punitive.
« Moi, Mahvash Seydal, docteur en droit international et prisonnier politique à la prison d'Evin, déclare par la présente qu'à compter du 26 mai 2025, j'ai entamé une grève de la faim et des médicaments en raison de violations systémiques de mon droit à des soins de santé adéquats et de restrictions punitives, notamment des interdictions de visite et de téléphone », a annoncé Seydal lundi 26 mai...
Iran : La frénésie des exécutions continue
Prisonniers politiques en danger imminent d’exécution
HRW, 27 mai 2025
«Les autorités iraniennes procèdent à une série d’exécutions horribles, avec au moins 113 exécutions signalées dans les 25 premiers jours de mai 2025… Au 27 mai, les autorités iraniennes avaient exécuté 478 personnes en 2025, soit une augmentation de 75 % des exécutions au cours des 4 premiers mois de 2025 par rapport à la même période en 2024. Si cette tendance meurtrière se poursuit, plus de 1000 personnes, dont des minorités ethniques, des dissidents politiques et des individus accusés d’infractions liées à la drogue seront exécutés avant la fin de l’année. Les chiffres rapportés montrent également une escalade dans le recours à la peine de mort contre les femmes et un impact disproportionné sur les communautés marginalisées, y compris les minorités ethniques opprimées. Parmi les 110 personnes exécutées en avril, on compte trois femmes, quatre ressortissants afghans, 36 baloutches, six prisonniers kurdes, un arabe ahvazi et un turkmène… »
L’Iran a exécuté un homme accusé d’espionnage pour le compte d’Israël
AFP/Ouest France, 28 mai 2025
Pedram Madani , 41 ans, a été pendu à la prison de Ghezelhesar où il avait été transféré depuis la prison d’Evin en début de semaine. Pedram Madani "avait espionné en faveur du régime sioniste", selon le site du pouvoir judiciaire, Mizan Online. " À l’issue de la procédure et après la confirmation du verdict par la Cour suprême, il a été exécuté" ajoute le site.
C’est la 2e exécution en moins de 2 mois pour des accusations d’espionnage en faveur d’Israël.
La famille de Pedram Madani et ses soutiens ont toujours affirmé que la procédure à son encontre était entachée d’irrégularités et qu’il n’avait pas bénéficié d’un procès équitable.
Quelques heures avant son exécution, sa mère le décrivait comme "un homme qui aime son pays et sa famille", dans une vidéo postée mardi par l’organisation Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège. "Le dossier de mon fils est entaché d’irrégularités et sa condamnation à mort doit être révoquée ", déclarait-elle.
Une étudiante en droit arrêtée pour purger une peine de prison
Bulletin d'info Amirkabir/HRANA, 29 mai 2025
Fahimeh Soltani, étudiante en droit à l'Université d'Ispahan, a été arrêtée par les forces de sécurité le 28 mai et transférée à la prison de Dolatabad à Ispahan pour commencer à purger une peine d'un an de prison.
La peine de Soltani, initialement prononcée par la tribunal révolutionnaire d'Ispahan, est un an de prison ferme et deux ans avec sursis, récemment confirmée par la Cour d'appel et finalisée par la Cour suprême. Parmi les accusations portées contre elle figurait "incitation à la guerre et au bain de sang".
Elle a déjà été arrêtée en raison de son militantisme et a également été suspendue de ses études pour deux semestres et demi en mai 2023 par le comité de discipline de l'Université d'Ispahan.
En 2024, les tribunaux du régime iranien - tant en 1ère instance qu'en appel - ont prononcé un total de 33 574 mois de prison (soit l'équivalent de 2 797 ans) contre des citoyens iraniens pour leurs activités politiques et civiles. Ce total représente une augmentation de plus d'une fois et demie par rapport aux cinq années précédentes.
La grève massive des camionneurs en Iran ne s’arrête pas
Divers médias, 31 mai 2025
La grève des camionneurs, prévue initialement pour 7 jours, se poursuit et gagne 152 villes à ce jour, en Iran. Des chauffeurs de minibus d'Ispahan, ceux de pick-up et de taxis en ligne auraient également rejoint cette grève.
La mort de plusieurs chauffeurs et les dommages causés aux camions lors des explosions au quai de Rajai à Bandar Abbas, ainsi que l'annonce d'une augmentation des primes d'assurance, ont conduit à des grèves et des manifestations dans divers endroits depuis le 21 mai.
Le coût élevé des pneus, des pièces détachées et des consommables, les coûts de réparation de la flotte, les routes inadéquates et dangereuses, l’augmentation des péages et la violation de la dignité humaine sont d’autres problèmes contre lesquels les conducteurs protestent.
Plusieurs conducteurs, des gens qui filmaient ou informaient sur cette grève dans les réseaux sociaux ont été arrêtés et "seront traités conformément à la loi", selon les autorités.
Les grévistes exigent la libération immédiate et inconditionnelle des chauffeurs arrêtés.